Gordius (c'est de ce nom que vient le mot gordien) était un laboureur de la Phrygie qui n'avait pour toute richesse que son chariot et ses bœufs.
Quand les Phrygiens voulurent se donner un roi, ils consultèrent l'oracle, et l'oracle leur répondit de prendre le premier homme qu'ils verraient monté sur un char. Cet homme fut Gordius. Il donna son nom à la ville de Gordium, capitale de la Phrygie. Le char de Gordius, que Midas, son fils, consacra à Jupiter, est resté célèbre par le nœud qui attachait le joug au timon, et qui était si habilement enlacé qu'on ne pouvait en apercevoir les bouts. — Quand Alexandre, vainqueur de la Phrygie, se fut rendu maître de Gordium, il apprit qu'une ancienne tradition promettait l'empire de l'univers à celui qui dénouerait ce nœud.
Aristobule prétend qu'il le délia avec la plus grande facilité après avoir ôté la cheville qui tenait le joug attaché au timon, mais on croit plus généralement qu'il coupa ce nœud d'un coup d'épée.
Le nœud gordien est resté dans le langage pour caractériser une difficulté qu'on ne peut résoudre, un obstacle qu'on ne peut vaincre. Se tirer d'embarras par un moyen expéditif et vigoureux, c'est trancher le nœud gordien.
Ah ! C’est un grand malheur, quand on a le cœur tendre,
Que ce lien de fer que la nature a mis
Entre l'âme et le corps, ces frères ennemis!
Ce qui m'étonne, moi, c'est que Dieu l'ait permis.
Voilà le nœud gordien qu'il fallait qu'Alexandre
Rompît de son épée et réduisît en cendre.
(Alfred de Musset.)