Donner à quelqu'un le coup de Jarnac, c'est, dit l'Académie, « lui faire un mauvais tour auquel il ne s'attendait pas, et qui le met en très-mauvais état, qui le ruine, qui détruit sa fortune. Cela se dit toujours en mauvaise part. »
Cette expression rappelle le duel qui eut lieu, à Saint-Germain, avec tout l'appareil des combats juridiques, entre Jarnac et La Châteigneraie, favori de Henri II. Quoique La Châteigneraie fût très-lié avec Guy de Chabot, seigneur de Jarnac, il se permit contre son ami une grosse médisance : il dit à François Ier que Jarnac s'était vanté d'être en de très-bons termes avec Magdeleine de Puy-guyon, sa belle-mère. Le roi voulut plaisanter Jarnac, mais ce jeune seigneur lui répondit :
« Sauf le respect dû à Votre Majesté, La Châteigneraie a menti. »
Sur ce démenti, devenu public, on demanda à François 1er la permission de combattre en champ clos ; mais ce prince ne voulut pas l'accorder, et c'est seulement la première année du règne de Henri II que le duel put avoir lieu. Les deux adversaires ayant employé à s'exercer dans les armes les délais exigés alors par les formalités du combat judiciaire, Jarnac avait appris un coup extraordinaire, qu'il ne manquait jamais, et il fit à La Châteigneraie le jour du combat (10 juillet 1547) une blessure au jarret, à la suite de laquelle ce dernier mourut.
Ce coup était d'autant plus inattendu que La Châteigneraie, comptant sur la faiblesse de son adversaire, avait fait préparer, au dire de Brantôme, un repas splendide, pour régaler ses amis le jour même du combat. Ce sont les circonstances de ce duel fameux qui ont fait appeler coup de Jarnac un coup violent et imprévu.
Voir Herodote (NDLR)