On pense généralement que ce mot est venu du singulier genre de macérations que s'imposa Amédée VIII, surnommé le Pacifique et le Salomon de son siècle, lorsqu'il se retira au prieuré de Ripaille après avoir fait ériger la Savoie en duché.
Lui et ceux des seigneurs de sa cour qui l'avaient suivi étaient venus là pour se faire ermites, mais ils n'en avaient guère que le nom, car ils négligèrent complètement, pendant tout le temps de leur résidence, de se livrer aux austérités du cloître.
« Tous ceux qui étaient admis dans ce séjour de plaisirs, disent les biographes, étaient logés avec magnificence ; les mets les plus exquis couvraient leur table : ils vivaient plus en honnêtes épicuriens qu'en véritables ermites. Ils portaient néanmoins ce nom, parce qu'ils avaient exclu les femmes de leur société et qu'ils laissaient croître leur barbe comme les capucins. Leur habit était moins rude que celui de ces religieux ; c'était un drap gris très-fin, un bonnet d'écarlate, une ceinture d'or et une croix au cou de la même matière. Amédée jouissait d'un repos voluptueux dans cette maison de délices, lorsque les Pères du concile de Bàlo lui donnèrent la tiare l'an 1439, et l'opposèrent à Eugène IV. Le cardinal d'Arles fut député pour lui apprendre son élection. Amédée vint au-devant de lui avec ses ermites et ses domestiques, et consentit à être pape après avoir témoigné quelques regrets de quitter son ermitage. »
C'est ainsi que les repas trop peu frugals du prieuré où s'était retiré le duc de Savoie auraient donné naissance à l'expression faire ripaille, vivre à la façon des ermites de Ripaille, faire bonne chère, mener joyeuse vie.