Avoir maille à partir avec quelqu'un, avoir une maille à partager (le mot partir signifiait autrefois partager) ; et, au figuré, avoir des différends, des discussions sur des choses de la plus mince valeur.
La maille était une petite monnaie qui ne valait que la moitié d'un denier. Il y avait des mailles parisis, des mailles tournois, il y avait même des demi-mailles. — On sait que la monnaie à laquelle on donnait le nom de tournois, parce qu'elle était battue à Tours, était plus faible d'un cinquième que celle de Paris. La différence de valeur a donné lieu à l'expression longtemps en usage de livre tournois : la livre parisis valant vingt-cinq sous, on désignait par livre tournois la livre de vingt sous, celle dont on se servait plus fréquemment dans les comptes et que représente aujourd'hui le franc. Le mot maille est resté aussi, avec le sens d'une chose de très-peu de valeur, dans la locution n'avoir ni sou ni maille, qui veut dire n'avoir aucun bien, aucunes ressources pécuniaires.
Ce nom de maille aurait pu venir de médaille, dont il eût été une sorte de diminutif barbare ; mais il a été donné, dit-on, à la petite pièce de monnaie qui avait cours sous les rois de la troisième race, parce que cette pièce n'était pas plus grande qu'un trou de filet ou qu'une boucle de cotte de mailles. — Selon Ménage, cette monnaie était ainsi appelée du vieux mot français maille, qui signifie figure carrée, parce que la maille avait cette forme. N'avoir ni denier ni maille signifiait autrefois n'avoir aucune sorte de monnaie, ni ronde ni carrée.
Une monnaie qui a disparu aussi et qui nous a laissé son nom, c'est la gazetta. Les feuilles périodiques qui parurent à Venise au commencement du XVIIème siècle coûtaient une gazetta; c'est à cette circonstance qu'elles ont dû leur nom, et c'est de là qu'est venu l'usage, dans la suite, d'appeler gazettes les fouilles quotidiennes qui publient les nouvelles.
Nous ajouterons, à propos de monnaies qui ne sont plus en usage, que le nom du liard a donné lieu à des opinions très-différentes. Ménage le fait venir de liardi (li liardi pour le hardi), nom de plusieurs espèces de monnaies en Guyenne ; quelques-uns considèrent ce mot comme un adjectif qui, en langue romane, signifie gris, brun ou noir, et qui aurait été appliqué aux pièces de billon par opposition aux pièces d'argent qu'on appelait monnaie blanche.
D'autres enfin, et nous nous rangeons assez volontiers à l'avis de ces derniers, pensent que cette dénomination vient tout simplement du nom
de celui qui le premier lit frapper cette espèce de monnaie (1430) : Gigue Liard, maître des monnaies en Dauphiné.