Pour remonter à l'origine de cette expression, il faut se demander si, avant d'appartenir au vocabulaire spécial des troupiers, elle n'a pas été employée généralement comme terme injurieux, signifiant, ainsi qu'on le voit dans le Dictionnaire du bas langage, ignorant, sot, imbécile, et aussi intéressé, avare. Dans le cas où il en serait ainsi, le mot péquin pourrait venir des expressions injurieuses piquechien et pissechien dont il serait une altération, à moins cependant qu'il ne soit tout simplement une façon de dire chinois, mot qui se prend vulgairement dans un sens dédaigneux et burlesque.
Mais nous inclinons à penser que péquin, usité surtout dans l'armée, a pris naissance au milieu des soldats, et c'est pourquoi nous adoptons plus volontiers l'explication du colonel Ambert :
« Le père Daniel, dans son Histoire de la milice française, parle des piquenaires, sorte de soldats à pied, qu'il ne faut pas confondre, dit-il, avec les piquichinti, mauvais soldats, sorte de valets d'armée, fort nombreux dans les armées de Charles VI. Les piquichinis, d'origine italienne, étaient presque tous étrangers.
Méprisés des véritables soldats, les piquichinis ou piquinis firent tant par la maraude, que leur nom devint un terme de mépris dans les armées. De vieux dialogues militaires des règnes de Henri III et Henri IV emploient souvent le mot piquini ou péquin pour désigner les adversaires en religion.
Ainsi, dans un de ces dialogues, nous voyons un papiste traiter Coligny de pékin; un autre est intitulé les pékins de Montauban. »