Parmi les noms qui sont passés de l'histoire dans notre langue, il faut distinguer, entre les plus, obscurs, celui d'Olibrius.
C'est le nom qu'on donne, dans la conversation familière, à l'homme étourdi et sans valeur qui veut faire l'important. Quand on a dit : c'est un olibrius, on a résumé en un mot toute une série d'injures.
Anicius Olibrius était un sénateur romain qui fut proclamé empereur par surprise, en 462, et que son incapacité fit descendre du trône après un règne de trois mois. — Mais il est un autre Olibrius qui a bien mérité aussi qu'on prît son nom en mauvaise part ; c'est celui que rappellent les commentateurs de Molière à propos du vers :
« Faisons l'Olibrius, l'occiseur d'innocents. »
« Suivant une vieille légende, dit M. Aimé Martin, Olibrius, gouverneur des Gaules, ne pouvant toucher le cœur de sainte Reine, la fit mourir. Le martyre de cette sainte fut plus tard le sujet d'un grand nombre de Mystères qui plaisaient beaucoup au peuple. Olibrius y était représenté comme un fanfaron, un glorieux, un occiseur d'innocents ; de là l'expression proverbiale : faire l'Olibrius, pour faire le faux brave, persécuter ceux qui sont sans défense, etc. »
Cet Olibrius féroce et fanfaron doit être l'Olibrius qui nous est resté, car, comme l'a fort bien remarqué M. Ed. Thierry, « quand
un nom se répand parmi les bonnes gens, ce n'est pas de l'histoire qu'il vient, c'est du théâtre. »