« On dit qu'on a fait l'école buissonnière, lorsqu'on s'en est absenté sans raison, ou, comme on parle en Normandie, lorsqu'on a frippé sa classe, qu'on a été ailleurs. M. Ménage tient que cette locution est née au village, où les enfants vont dans les buissons chercher des nids d'oiseaux, au lieu d'aller à l'école. — Ce proverbe vient plutôt de ce qu'au commencement du luthéranisme, les sectateurs de cette doctrine, n'osant prêcher ni enseigner publiquement leurs dogmes, tenaient dans les campagnes des écoles secrètes qu'on nomma buissonnières. Le parlement, qui en fut informé, rendit un arrêt le 6 août 1552, qui défend les écoles buissonnières, et renouvelle les défenses d'enseigner sans la permission du chantre de Paris. » (Dict. de Trévoux.)
On pourrait ajouter à l'appui de cette dernière opinion , et pour remonter plus haut encore dans l'histoire, que, bien avant les réunions des protestants, il y avait eu déjà à Paris des écoles qui, pour se soustraire à la redevance payée au chantre de Notre-Dame, s'étaient tenues dans les champs et les bois des environs. — Cependant, nous ne cacherons pas que la version de Ménage nous a séduit par sa simplicité. Et puis, battre la campagne, fourrager les buissons plutôt que de prendre le chemin de l'école, c'est un fait qui s'est reproduit trop souvent et depuis trop longtemps pour n'avoir pas donné naissance au mot qui l'a si bien caractérisé.
Ce mémo souvenir de campagne se retrouve dans les expressions avoir, prendre, se donner campos, et il résulte pour
nous, de tout cela, qu'il vaut mieux sacrifier ici l'autorité de l'histoire pour laisser dominer l'idée de courir les champs.