Né le 25 janvier 1841 à Noyers-sur-Serein (F89), Léon Paul DELINOTTE est
mon arrière-grand-père maternel. Fils de Barthélémi,
horloger de Maligny (F89) et d'Augustine PORCHERAT, il appartenait
à une famille catholique, bourgeoise et aisée. Selon la tradition orale familiale, son frère Charles Auguste, prêtre catholique,
converti au protestantisme, préféra s'exiler vers la Hollande vers 1861,
sans doute plus tolérante, où il se marie le 14 juillet 1863. Un fois installé
il fit venir Léon-Paul qui poursuivit ses études dans la
langue batave.
Le 19 mars 1865 il arrive à Arnhem, puis, le 13 oobre de la même
année s'installe à Tiel - Kalversborch.*
Léon Paul avait alors 24
ans. Armé de crayons et de carnets de croquis, il parcourt la campagne environnante, dessine
des lieux de passage, les châteaux où il est invité, des bonnes auberges et se laisse
aller à des annotations, parfois croquignolesques, qu'il consigne sur ses dessins.
En 1869 il épouse Maria REGNAULT à Tiel (Hollande), d'une famille française
émigrée à 's-Hertogenbosh (Bois-le-Duc), capitale du Brabant septentrional. Le grand
père paternel de Maria était un gendarme à pied, français.
Du côté maternel, son grand-père, Pierre Perrin fut dragon de l'ex-Garde Impériale et se distingua à la bataille de Montmirail, ce qui lui valu la Légion d'Honneur. Cette même année 1869, Léon-Paul s'installe à Rotterdam. De ce mariage sont nés cinq enfants :
Je me souviens avoir vu, à Lambersart (59), dans les années cinquante, Eugénie (dite Tante Nini) et Jules Alexis (dit Tonton Jules) au cours de réunions de famille. Eugénie était si menue que mon père disait qu'il lui serait dangereux de sortir s'il y a du vent.
Le 12 janvier 1888, Léon Paul Delinotte quitte Rotterdam accompagné de Eugénie, Jules
et Anne (Netty) pour Levallois-Perret.
il est en congé provisoire à la suite d'une atrophie des nerfs optiques.
Le 1 septembre 1888 démissionne et prend sa retraite de professeur de français du Lycée
Érasme de Rotterdam. L'atrophie des nerfs optiques qui avait fait obtenir le congé provisoire
du 1er janvier de la même année ne s'est pas améliorée.
Le 8 juin 1889 : Départ de Levallois-Perret et arrivée à Maligny (89), accompagné d'Eugénie et d'Anne-Marie, dite Netty, ma grand-mère.
Il décède le 9 novembre 1900 à Lille (59). Mais il a dû travailler à Maligny
car la préface de la deuxième édition de son diionnaire d'idiotisme est datée
de : « Maligny, Décembre 1891 ».
J'ai retrouvé l'un de ses carnets ; et vous en offre quelques extraits dont je vous laisse apprécier la qualité artistique ... Tout d'abord, en parlant d'ARNHEM, détournant « Sur trois marches de marbre rose », un texte d'Alfred de Musset qu'il rédige sur ce dessin :
Non content de dessiner, il tâta également de l'alexandrin.
Pour preuve, tiré du même carnet, cette évoquation des malheurs d'un cocher de fiacre.
Dans un tout autre style, la guerre de 1870 réveille son son âme révolutionnaire (Source Gallica) :
Parfaitement bilingue, Léon Paul réalisa deux diionnaires, produisit deux traduions hollandais-français et divers autres opus :
1878 - Traduion de « Hänschen Siebenstern », Braunschweig 1867 , « Les Aventures de Nicolette
Septétoiles ».
(Scènes de la vie néerlandaise, racontées d'après J. van Lennep, Paris 1878.)
(http://www.google.fr/)
1881 - Auteur du « Diionnaire pratique des synonymes français ».
Paris, K. Nilsson, in 12°, 1881-1884, XI-450 pages
(http://www.google.fr/)
1892 - Auteur du « Diionnaire des Idiotismes de la langue française et de la langue Hollandaise »
( voir
les couvertures - Source : B. Maisonneuve)
(Amsterdam - UITGREVERS-MAATSCHAPPY "ELSEVIER" - 1892).
(http://www.google.fr/)
1894 - Tradueur de « Croquis chinois » par W. Meischke Smith ;
illustrations de J. van Oort. - Paris : E. Flammarion, [ca 1894]. - 344 p. : ill. ; 19 cm -
(http://www.google.fr/ - introuvable)
Liste complémentaire des ouvrages de Léon-Paul Delinotte :
https://www.worldcat.org/search?q=Delinotte+Léon+Paul
Première page du dictionnaire écrit par
Léon Paul Delinotte et son collègue Th. Nolen, co-auteur.
Le terme de « gymnase » est utilisé pour « lycée »,
comme en Suisse actuellement et comme Gymnasium en allemand. Or, le gymnase est, pour Littré, le lieu où
les Grecs s'exerçaient à lutter, à jeter le disque,
et autres jeux de force. L'expression moderne « gymnase du lycée » devait alors
paraître pour le moins bizarre.
Ce livre est signé de Jules Alexis, son frère. Et, pour le sel de la chose, voici la préface de l'édition
1888 :
Les
auteurs, à qui nous avions demandé quelques mots d'introduction,
nous ont répondu avec raison qu'une préface n'est le plus
souvent qu'une réclame. Nous tenons cependant à attirer l'attention du public enseignant sur
une particularité, qui doit faire préférer ce diionnaire
à tout autre. C'est que la partie française a été
rédigée par un Français et la partie hollandaise
par un Hollandais. Car on aura beau dire et beau faire, jamais personne
ne parlera une langue étrangère comme sa langue maternelle.
Il y a de ces tours, de ces expressions, qui ne s'apprennent ni dans
les livres ni à un certain âge, mais qui ne s'apprennent que dans
le pays même et en même temps que l'on commence à balbutier
les premiers mots. Disons encore que les auteurs ont suivi, pour la partie française,
le diionnaire le plus répandu en France, celui de P. LAROUSSE,
dont les éditions se succèdent si rapidement et qui est
rédigé d'après la dernière édition
du Diionnaire de l'Académie Française; et pour la partie
hollandaise, le Diionnaire officiel de DE VRIES et TE WINKEL.