Almanach de France - 1833
Cet Almanach et longtemps resté dans une bibliothèque, coincé entre, d'un côté, la nouvelle édition des fables
de M. Jean de La Fontaine — revue avec soin et augmentée de Notes essentielles à l'intelligence du Texte - M DCC LXXIX — et de l'autre, « Émile ou de l'Éducation » de Monsieur Jean-Jacques
Rousseau.
Il a fallu que je m'intéresse à la généalogie pour m'intéresser au contenu dudit Almanach afin me pencher sur la
façon dont vivaient mes ancêtres. J'ai extrait de cet ouvrage quelques pages qui m'ont semblées dignes d'intérêt.
Si certains tableaux de correspondances permettront d'évaluer les unités de mesure en vigueur, d'autres mettront
en valeur l'art de vivre dans nos campagnes en 1833.
Le menu de gauche vous en exprime quelques thèmes.
Ci-dessus, un portrait en pied de Michel Joseph NOTTEGHEM, mon arrière-arrière-grand-père. Il sembla avoir, environ, une cinquantaine d'années ; donc le portrait le représentant date environ de 1858/1860, soit 30 ans après l'invention de la photographie. Inventé en 1839, le daguerréotype ne vécu que dix ou quinze ans environ. Au milieu du XIXème siècle, vingt-cinq ans après son invention, la photographie apparaît encore comme une curiosité scientifique. Après la fascination de la riche bourgeoisie, à la fin de la décennie, tout aussi brusquement, un véritable rejet de la photographie par les élites la laissera à nouveau aux petits-bourgeois, aux techniciens et aux scientifiques, qui lui assureront dans les années 1860-1880 une plus honnête prospérité. Profitant cet effet de mode, Michel Joseph pose devant un décor de nature sur une toile de fond. Son baluchon est porté à l'aide de ce qui semble un baton. En fait, il s'agit d'un mêtre de tisserand, objet toujours en ma possession. À cette aune, Michel devait mesurer environ un mètre soixante cinq !
Cet Almanach était-il sa propriété ? Je n'en sais rien. Mais ce dont je suis sûr, c'est qu'il a appartenu à son fils Louis Joseph, mon arrière-grand-père (°1843 †1913). C'est, du moins, ce que m'a dit mon père, alors que je le questionnais sur cet ouvrage.
Michel Joseph est né en 1808 de parents illettrés : (sic)
« Lan mil huit cens huit le nœuf aout pardevant nous Jacques Antoine Dessaÿe maire officier de letta civil de la commune de Dergneau canton de France despartement de Jemmapes est comparu Aimable Noteghem cultivateur et domisilié audit lieu Le Guet nous a représenté un enfant du sexe masculin né le meme jours a six heure du matin de lui desclarant et de Theres Berze sons épouse légitime et auquel il desclaré vous loir donner le prénom Michel Joseph Lesdittes desclarations et présentations faite en présence de Casimir Plataux tisserant agé de vingt cinq ans et de Louis Gullure journalié agé de quarante témoins requis de la résidence ditte et nont les témoins signé avec nous le présent acte après que lecture leurs a été faite on dits ne savoir écrire »
- En 1833, la commune de Dergneau fait partie du nouveau Royaume de Belgique,
- Depuis 1830, Louis-Phillipe est roi des Français.
- La Loi Guizot porte sur l'instruction publique et date du 28 juin 1833.
- Honoré de Balzac fait paraître « Eugénie Grandet. »
Extraits au hasard des « Fastes nécrologiques de 1832 » :
- Blanqui, conventionnel, né à Nice, mort à Paris en juin, âgé de 75 ans.
- Champollion, célèbre achéologue, né à Figeac en 1790, décède le 4 mars à Paris.
- Le comte Chaptal, chimiste, administrateur, né à Nozaret (Lozère) en 1756, mort à Paris le 29 juillet.
- Le baron Cuvier, le plus célèbre naturaliste de notre époque, né à Montbéliard le 25 août 1769, mort à Paris le 13 mai.
- Reichstadt, (fils de Napoléon) né à Paris le 10 mars 1711, mort à Vienne, au mois d'août.
- Abel de Rémusat, illustre orientaliste, né à Paris, le 5 septembre 1788, mort dans cette ville le 3 juin, âgé de 44 ans. Le 7 mai naît Johannes Brahms,
le 21 octobre, Alfred Nobel
et le 5 juillet décède Joseph Nicéphore Niepce.
1833 fût une année calme ...
Et l'on découvrira que l'hectare ne vaut pas 10.000 m2
et que la France a 542,000 kilomètres carrés soit 52,718,527 hectares (?) (voir ici)
Nota bene : Les textes ci-après ont été reconnu par un outil OCR basique.
Mais la qualité de l'original a induit une reconnaissance délicate et génératrice de nombreuses incorrections.
La plupart des erreurs de « scanner » ont été corrigées ; il doit cependant en rester.
La police de caractères utilisée est « Adobe Jenson Pro », la plus proche du document original que j'ai pu trouver.
De façon générale, les caractères italiques et petites capitales ont été respectés. Ainsi que l'orthographe d'origine :
On a donc « un mouvement — des mouvemens », « un habitant — des habitans ». Long-temps,
très-utile ou très-grand sont courants ;
Avis qu'il faut lire
Le principal succès des Almanachs, qui se distribuent en si grand nombre dans les villes et les campagnes, repose sur la croyance générale que l'on y trouve l'indication du temps qui doit régner.
L'ignorance de ceux qui les confeionnent, l’assurance avec laquelle ils pronostiquent la pluie ou le beau temps, suffisent pour démontrer l'erreur où l'on est quand on accorde le moindre degré de confiance aux prédiions de ces charlatans ; mais l'absurdité est surtout de ne vouloir accueillir que ce qui paraît sortir d'une ville étrangère, où le temps diffère essentiellement de ce qu'il est dans presque tous les lieux où se répandent les Almanachs de Liége. L'ignorance seule pouvait justifier la prétention de trouver dans un Almanach le temps qu'il fera à jour fixe. Ce qu'il est possible de donner et ce qui doit être très-profitable à l'homme des champs et à toutes les classes des leeurs, ce sont des indications générales, des signes et pronostics du temps dans le genre de ceux que contient L'Almanach de France.
Le but d'un livre répandu dans les mains de tous et si fréquemment consulté, doit être le vrai et rien que le vrai ; autant il est utile de faire connaître les moyens bien constatés de prévoir le temps, et par conséquent d'en profiter s'il est avantageux et de s'en garantir s'il doit être nuisible, autant il est dangereux d'écouter des prescriptions qui n'ont aucun fondement et qui ne peuvent qu'égarer dans une fausse route.
Un Almanach est incomplet lorsqu'il ne renferme que des prédiions du temps. Un Almanach est le livre usuel par excellence, puisque le calendrier des jours le rend indispensable pour tous les usages de la vie civile : il doit donc contenir toutes les notions utiles d'un usage général que son cadre comporte, et donner une foule de documens et de renseignemens sur ce qui est d'une continuelle application.
Pénétrée de l'importance d'un livre consulté avec le même empressement, et souvent avec la même crédulité, dans l'atelier, dans la chaumière et dans le château, dans les campagnes et dans les villes, la Société pour l'Émancipation Intellectuelle a mis an nombre des devoirs qu'elle s'est imposés. La rédaion d'un Almanach qui fût national par son titre autant que par son esprit. Les relevés statistiques portent à 800,000 la moyenne des almanachs vendus. Les dispositions prises par la Société pour l'émancipation intellectuelle assurent le placement de l'Almanach de France à un millon trois cent mille exemplaires.
Une telle publication est sans contredit le plus important problème de civilisation nationale que l'on puisse aborder. — La Société pour l'Émancipation Intellectuelle, forte de ses 100,000 Membres correspondans, pouvait seule le résoudre : c'est le motif qui la détermine à céder cette année aux instances de ses membres correspondans, qui l'ont vivement pressée de ne pas attendre l'année 1834 pour livrer bataille au charlatanisme, tyran dont l'ignorance et la superstition font toute la force. La Société, pour contenir une lutte à laquelle elle ne s'était pas suffisamment préparée, a dû compter sur le dévoûment de tous ses membres. Le Journal de Connaissances Utiles l'a dît et prouvé : « Toute entreprise fondée avec une volonté énergique du bien est de sa nature perfeible, conséquemment imparfaite à son début. »
L'Almanach de France, publié pour l'année 1833, s'améliorera progressivement. Les omissions qui pourraient être signalées à la Société par ses membres correspondans seront comblées. Les articles d'une utilité seulement contestable seront remplacés. Il faut qu'une œuvre de ce genre reçoive la vive lumière d'une grande publicité; que sa supériorité soit controversée, niée peut-être ; que ses plus légères imperfeions soient mises en saillie. Toutes les observations, toutes les critiques seront accueillies, méditées. Un livre qui peut sans secousse opérer une révolution dans les mœurs, les conditions de santé, de fortune, de bonheur ; dans l'instruion agricole et industrielle, et par suite dans l'état de prospérité de tous, doit être une ŒUVRE COMMUNE, à laquelle sont appelés à participer par leurs avis tous les membres correspondans de la Société.
Les hommes qui ont rédigé L'Almanach de France n'ont pas la présomption de croire qu'ils ont deviné tous les besoins et qu'ils les ont tous satisfaits. Telle est leur bonne foi, qu'ils n'hésitent pas à exprimer leur conviion, qu'un bon almanach ne saurait être fait pour toute la France, du moins en ce qui concerne beau coup de spécialités qui en augmenteraient considérablement l'utilité. Chaque département doit avoir son Almanach spécial ; si l’on veut qu'il y exerce une puissante influence ; sa rédaion doit varier selon que le département est plus particulièrement agricole ou manufaurier, selon qu'il est frontière ou maritime, enfin selon que l'instruion élémentaire y est plus ou moins avancée.
La France est divisée en 86 départemens, ce sont donc 86 Almanachs à publier. Cette tâche abandonnée de tous, la Société pour l'Émancipation Intellectuelle l'entreprendra ; mais si l'on réfléchit aux difficultés qu'une telle entreprise doit rencontrer, au genre et au nombre des documens qu'il faut rassembler, on comprendra qu'il lui était impossible de réaliser ce plan dans la 1re année de sa fondation : le temps lui manquait. L'Almanach qu'elle publie cette année offre en généralités pour toute la France, ce qui sera modifié selon les localités dans les 86 Almanachs spéciaux de l'année prochaine, et il en forme en quel que sorte la base fondamentale et le point de départ. Un Almanach ainsi conçu et exécuté forme le 1er degré d'une Instruction Professionnelle pour toutes les classes de la Société. Cette instruion doit être complétée, selon l'état et la position de fortune de chacun, par des Livres-Manuels, ouvrages élémentaires, donnant pour chaque profession les notions utiles qui peuvent mettre celui qui la pratique en état de l'exercer avec tous les avantages dont elle est susceptible et de lui faire faire des progrès.
Après avoir ouvert et tracé la route par un Almanach qui s'adresse à toutes les classes, il était nécessaire do
présenter à chacune d'elles un guide spécial et pratique ; elles n'auront, pour le trouver, qu'à choisir
parmi les 300 Traités élémentaires sur les Sciences, les Arts les Métiers, l'Agriculture,
qui doivent entrer dans la composition des 3,000 bibliothèques formées par la Société
Nationale pour l'Émancipation Intellectuelle.
Le Secrétaire général,
Émile de Girardin.
Époques principales : | |
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D'Adam au Déluge, selon les septans | 2242 ans |
Du déluge à Abraham | 942 ans |
D'Abraham à Jésus-Christ | 2044 ans |
======= | |
De la création du monde à la venue de Jésus-Christ | 5.228 ans |
Ères principales |
---|
L'année 1833 de l'ère chrétienne ou de la naissance de Jésus-Christ correspond à : |
L'année 6546 de la période julienne. |
2586 de la fondation de Rome, selon Varron. |
2580 depuis l'ère de Nabonassar, fixée au mercredi 26 février de l'an 3987 de la période julienne, ou 747 ans avant J.C., selon les chronologistes, et 746 selon les astronomes. |
2604 des Olympiades ; ou la première année de la 653ème Olympiade, commençant en juillet 1833, en fixant l'ère des Olympiades 775 1/2 avant J.C., ou vers le premier juillet de l'an 3938 de la période julienne. |
1248 de l'Hégyre ou année des Turcs commençant le 31 mai 1832 et finissant le 20 mai 1833, selon l'usage de Constantinople. |
Comput ecclésiastique | Obliquité apparente de l'écliptiq. | Signes et abréviations utilisés dans le calendrier |
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Nombre d'or en 1833 | 10 | 1er janvier 1833, 23° 27' 36" 7 | Phases de la Lune | ||
Epae | IX | Abréviations. | N.L. Nouvelle Lune | ||
Cycle solaire | 22 | H. ou h. Heures | P.Q. Premier quartier | ||
Indication romaine | 6 | M. ou '. Minutes | P. L. Plein Lune | ||
Lettre dominicale | F | S. ou ". Secondes | D.Q. Dernier quartier. |
Fêtes conservées en France |
Signes du Zodiaque. |
degrès |
Signes des Astres. |
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Pâques, 7 avril 1833 | 0 Le Bélier. | 0 | Le Soleil | |
Ascension, 16 mai | 1 Le Taureau. | 30 | Mercure, 1re planète. | |
Pentecôte, 26 mai | 2 Les Gémeaux. | 60 | Vénus 2e | |
Fête Dieu, 6 juin, remise au dimanche 9 juin. |
3 L'Écrevisse | 90 | La Terre 3e | |
Assomption, 15 août | 4 Le Lion. | 120 | Mars 4e | |
Toussaint, 1 novembre | 5 La Vierge. | 150 | Vesta 5e | |
Noël, 25 décembre | 6 La Balance. | 180 | Junon 6e | |
Fêtes mobiles | 7 Le Scorpion. | 210 | Cérès 7e | |
Septuagésime, 3 février, 63 jours avant Pâques |
8 Le Sagittaire. | 240 | Pallas 8e | |
Les Cendres, 20 février, 46 jours avant Pâques |
9 Le Capricorne. | 270 | Jupiter 9e | |
Rog. 13, 14, 15 mai, 63 jous après Pâques |
10 Le Verseau. | 300 | Saturme 10e | |
Ascencion, 16 mai 40 jours après Pâques |
11 Les Poissons. | 330 | Uranus 11e planète | |
Pentecôte, 26 mai, 50 jours après Pâques |
Quatre temps | La Lune, satellite de la Terre. | ||
La Trinité, 2 juin, 57 jours après Pâques |
Février, 27, 1er et 3 mars Mai, 29, 31 et 1er juin |
|||
La Fête D. 6 juin, 60 jours après Pâques |
Septembre, 18, 20 et 21 Décembre, 18, 20 et 21 |
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1er Dim. de l'Avent, |
1er décembre |
Eclipses de 1833 | |
---|---|
Le 6 janvier, éclipse de la Lune en partie visibles à Paris | |
Commencement de l'éclipse à | 6 h. 52 m. du matin |
Mileu à | 7. 45 m. |
Fin de l'éclipse à | 9 h. 13 m. |
Le 20 janvier, éclipse de soleil invisible à Paris | |
Les 1er et 2 juillet, éclipse de la lune visible à Paris | |
Commencement de l'éclipse le 1 juillet à | 11 h. 10m. 2/3 du soir |
Mileu à | 0 h. 49 m. |
Fin de l'éclipse à | 2 h. 27 m. 1/3. |
Le 17 juillet, éclipse de soleil visible à Paris | |
Commencement de l'éclipse à | 4 h. 54 m. du matin |
Mileu à | 5 h. 46 m. |
Fin de l'éclipse à | 6 h. 38 m. |
Le 26 décembre, éclipse totale de la lune visible à Paris | |
Commencement de l'éclipse à | 7 h. 52 m. 1/4 du soir |
Mileu à | 9 h. 40 m. 3/4 |
Fin de l'éclipse à | 11 h. 29 m. 1/4 |
Notions d'Astronomie.
du ciel et
des astres des étoiles
du Soleil du Soleil
des Planètes
de la Lune des
Comètes Division du
temps des Saisons des
Éclipses
Du ciel et des astres.
De tout temps, l'observation du ciel a fixé l'attention des hommes, et la première connaissance des astres est due à des bergers de l'Orient. Mais combien nos savans, depuis la découverte des Lunettes ou Télescopes et la fondation des Observatoires, ont dépassé leur savoir ? Ils avaient distingué les divers astres qui brillent au firmament ; les astronomes ont deviné les lois de leurs mouvemens, eu ont mesuré, prévu et prédit la marche et le retour, si réguliers dans leur ensemble, si compliqués dans les détails.
Des étoiles.
Le Ciel est peuplé d'abord, en nombre infini, d'étoiles que l’on appelle fixes, parce que leurs mouvement très-faibles sont tout-à-fait insensibles à la vue ordinaire. Les découvertes des modernes ont prouvé que ce sont autant de soleils brillans comme le nôtre, et, sans doute aussi comme le nôtre, centres et régulateurs d'autant de mondes particuliers. Leur éclat, comme leur grandeur, sont infiniment variés, et sans doute aussi leur distance ; car on a pu calculer qu'il n'existe pas d'étoiles en deçà d'une limite de treize mille huit cents milliards de lieues, mais on ne connaît pas leur véritable éloignement. Quelle immensité ! Quelle grandeur ! Combien le speacle sublime de l'univers atteste la puissance du créateur qui l'a ordonné ! Combien la preuve de l'infini agrandit la pensée de l'homme qui peut l'embrasser ! Combien la découverte de ces prodiges naturels doit relever sa dignité et son intelligence à ses propres yeux ! On a pu reconnaître encore que, parmi les étoiles, il en est qui émettent une lumière colorée et souvent variable ; d'autres semblent accolées deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, et font partie d'un même système ; enfin, on en voit qui paraissent se fermer sous nos yeux dans diverses parties du ciel : on les appelle des nébuleuses. La Voie laée ou Chemin de Saint-Jacques, cette trace blanchâtre qu'on discerne dans le ciel, est composée d'un amas infini d'étoiles sans doute à des distances prodigieuses de nous.
Du Soleil.
Le Soleil est l'étoile au sort de laquelle nous sommes attachés comme faisant partie du Système planétaire qu'elle gouverne. Centre du mouvement des corps qu'il régit, le soleil les entraîne tous avec lui vers le point de l'espace qui l'attire; mais, par rapport à eux en général et à la terre en particulier, il est immobile, et ce sont eux qui tournent autour de lui. Les taches qui obscurcissent souvent son disque radieux ont permis de constater qu'il roule sur lui-même en 25 jours et demi ; son diamètre est 110 fois environ celui de la terre, et conséquemment le volume de cet astre est 1 million 400,000 fois plus considérable. On se fera une idée de ce volume prodigieux, lorsqu'on saura que la lune est à 85,000 lieues de la terre environ, et que cependant le soleil, transporté à la place que nous occupons, non seulement embrasserait l'orbe entier de la lune, mais aurait sa surface une fois au-delà : qu'on juge par là de la grandeur de ce globe immense : Quant à la distance du soleil à la terre, elle est de 34,500,000 lieues environ, et cette distance ne varie pas de plus de 1,200,000 lieues, selon que la terre est à son moindre ou a son plus grand éloignement.
Des Planètes.
Les Planètes sont des astres assez semblables en apparence aux étoiles, mais dont la position dans le ciel et par rapport aux étoiles axes, varie chaque jour. Le globe que nous habitons est la troisième planète en partant du soleil Ces astres sont des corps opaques qui ne sont visibles que parce qu'ils réfléchissent la lumière du soleil tandis que cet astre et les étoiles sont lumineux par eux-mêmes. Toutes les planètes se meuvent autour du soleil, d'occident en orient, dans des orbites presque circulaires et très-peu inclinés sur le plan de son équateur il n' y a que les 4 planètes découvertes récemment qui s'écartent de la ligne de l'écliptique de plus de 9°. — Les anciens ne connaissaient que six planètes ; maintenant on en compte onze, et voici l'ordre dans lequel ou les rencontre, à partir de l'astre central : d'abord parait Mercure, puis Venus ; on appelle ces deux planètes inférieures, parce qu'elles sont plus rapprochées que nous du soleil. Vient donc ensuite la Terre ou Cybèle, qui est accompagnée d'un satellite, la Lune. Après elles viennent les planètes supérieures ; c'est d'abord Mars. Là, d'après les rapports de distante qu'on avait reconnus entre les planètes, il existait une lacune : elle a été remplie au commencement de ce siècle par la découverte de quatre petites planètes, Cérès, Pallas, Junon et Vesta qui circulent dans des orbites très-rapprochées, et que la plupart des astronomes considèrent comme les éclats d'une planète plus considérable. Après elles se trouvent Jupiter, puis Saturne, et enfin, aux dernières limites de notre monde Uranus ou Herschel, qui était inconnu aux anciens, et qui a été découvert par l'astronome dont il porte le nom. Ces trois planètes sont accompagnées de 4, 7 et 6 satellites ; Saturne est de plus entouré d'un anneau très-singulier. — Les distances des planètes à l'astre central offrent dans leurs rapports une harmonie constante dont on ignore la cause physique, mais qui n'en est pas moins très-remarquable. Si l'on écrit les nombres successivement doublés : 0, 3, 6, 12, 24, 48, 96, 192, et qu'on ajoute 4 à ces nombres, de manière à donner pour correspondait 4, 7,10, 16, 28, 52, 100, 196, on aura les distances relatives de chaque planète au soleil, le premier nombre donnant celle de Mercure, la second celle de Vénus, le troisième celle de la Terre, le quatrième celle des 4 petites planètes très-voisines, et ainsi de suite.
La Terre en particulier, pour les anciens, immobile au milieu de l'univers selon les apparences, était le centre du mouvement de tous les autres astres ; mais les calculs, les observations, les expériences, les induions, ont également prouvé à Galilée et à ses successeurs que le globe que nous habitons, tourne autour du soleil en une année, en roulant sur lui-même en 24 heures. Ce sont ces deux mouvemens et celui de la Lune autour de la Terre qui donnent les élémens des Calendriers dont liens donnerons ci-après l'explication.
De la Lune.
La Lune est la planète secondaire ou Satellite qui tourne autour de la Terre. Nous avons déjà dit que les autres planètes, qui ont déjà Lunes ou Satellites, sont Jupiter qui en a 4, Saturne 7 plus un on plusieurs anneaux qui tournent également autour de la planète, enfin Uranus ou Herschel, qui en a 6. La lune n'est point lumineuse par elle-même ; c'est le soleil qui l'éclairé, et c'est la lumière de cet astre qu'elle nous réfléchit, comme nous la réfléchissons vers elle : de là, les éclipses. — Sa moyenne distance de la terre est de 86,351 lieues, elle parcourt son orbe elliptique ou révolution autour de nous, en 27 j. 17 h. 43' 11" ; Son diamètre n'est que de 782 lieues, environ le quart de celui de la terre; son volume est donc 49 fois moindre.
Des Comètes.
Les Comètes, dont l'apparition a été dans tous les âges le sujet de la terreur du vulgaire, sont cependant des astres qui paraissent très-inoffensifs, et dont la plupart sont certainement soumis à un mouvement régulier autour du soleil; mais ce qui les distingue des planètes, c'est d'abord que les ellipses qu'elles parcourent sont fort allongées, et qu'au lieu de parcourir une orbite peu différente, du plan de l'écliptique, et de tourner autour du soleil d'occident en orient, comme les planètes et les satellites. Les Comètes coupent l'écliptique sous toutes sortes d'angles, circulent dans tous les sens et avec toutes sortes de vitesses, se meuvent dans toutes les direions et sur tous les plans ; c'est ensuite, au lieu d'être toujours visibles, de n'apparaître que momentanément et dans des positions très-diverses, à cause du grand allongement de leur orbite ; c'est enfin de présenter les figures les plus bizarres, et, au lieu d'être des globes circulaires nettement tranchés, d'offrir des noyaux souvent transparens, accompagnés de chevelures, de queues, dont les dimensions sont souvent prodigieuses.
Division du temps.
Tous les astres nous semblent faire leur révolution autour de nous en 24 heures, c'est-à-dire qu'on a partagé en 24 parties appelées heures le temps de leur retour périodique au méridien. Ils paraissent donc parcourir dans cet espace de temps les 360 degrés qui servent à diviser tous les cercles de la sphère. Ces heures, aussi bien que ces degrés, sont eux-mêmes divisés en 60 parties appelées minutes, et ces minutes en 60 secondes.
Sachant d'avance à quelle heure tel phénomène céleste apparaît dans un lien de la terre, on peut connaître la place qu'on occupe, par la comparaison de l'heure à laquelle le même phénomène s'y manifeste. En effet, puisque les astres parcourent uniformément les 360° degrés de la sphère, si le phénomène observé arrive, par exemple, une heure plus tôt ou plus tard dans le second lien que dans le premier, on en conclura qu'on est distant de ce lien, à l'est ou à l'ouest, de 15° ou de la 24ème partie de 360° : c'est ce qu'on appelle la longitude d'un lieu, l'un des deux élémens nécessaires pour connaître sa position exae. On prenait autrefois pour point de départ le méridien de l'Île de Fer, la plus occidentale des Canaries ; mais maintenant, en France, on compte les longitudes à partir du méridien de l'Observatoire de Paris, et, en Angleterre, à partir de celui de Greenwich, près Londres : ils diffèrent entre eux de 2° 20' 24".
La longitude est orientale ou occidentale jusqu'à 180° du point de départ. La latitude, le second des élémens nécessaires pour connaître sa position, est la plus courte distance d'un lieu à l'équateur. Elle est donc septentrionale ou australe, selon que ce lieu appartient à l'un ou à l'autre hémisphère.
La latitude est indiquée par la hauteur du pôle au-dessus de l'horizon, hauteur qui lui est toujours égale. Ainsi, dire qu'à Paris la latitude est de 48° 50' 14", c'est dire que l'axe du monde PA, BP et l'horizon HH y font cet angle. La latitude est donc nulle sous l'équateur, et sous les pôles elle est égale à 90°. Les tropiques TT et FF comprennent un espace qui s'étend à 23° 7' 1/2 de chaque côté de l'équateur EE, et constituent la zone torride. Les cercles polaires BB, AA, comprennent un espace qui s'étend à 23° 27' des pôles boréal et austral, et constituent la zone glaciale. L'espace entre les tropiques et les cercles polaires forme la zone tempérée où nous nous trouvons.
Des Saisons.
Les Saisons ont pour cause le mouvement réel de la terre autour du soleil, et apparent du soleil autour de la
terre. Le soleil, qui reparaît dans le même méridien après la révolution de la terre en 24 heures, ce qui constitue
le mouvement diurne, se rapproche donc chaque jour d'environ un degré des étoiles plus orientales que lui ;
en sorte qu'au bout de 365 jours environ, période de sa révolution annuelle, il se retrouve précisément, à la
même heure, au même point du ciel par rapport à l'étoile observée. Telle est la cause du retard du soleil sur
les étoiles, et de l'aspe différent que nous présentent la sphère céleste et les constellations aux différentes
époques de l'année. Le soleil est pendant six mois au nord et pendant six mois au sud de l'équateur EE.
La ligne qu'il parcourt dans ce mouvement est l'écliptique FT, dont le plus grand éloignement TE, FE, de l'équateur,
est de 23° 27' 1/2 en ce moment ; car cette distance n'est point toujours la même. Les points de l'écliptique qui
coïncident avec l'équateur, sont les équinoxes ; alors les jours sont égaux aux nuits ; alors nous jouissons
des saisons intermédiaires, le Printemps et l'Automne. Le point du ciel où arrive L'équinoxe du printemps est
le lieu à partir duquel on compte les Ascensions droites ou longitudes de tous les astres ; on connaît donc
leur position dans le ciel par l'indication de ces ascensions droites, ainsi que par leur déclinaison australe
ou boréale (c'est-à-dire leur latitude).
A partir de l'équinoxe de printemps, le soleil s'élève chaque jour davantage sur notre horizon, de même qu'après
l'équinoxe d'automne il s'abaisse au-dessous chaque jour de plus en plus. Les points culminans de sa course sont
appelés les solstices, parce que le soleil y paraît stationnaire pendant quelques jours ; ses déclinaisons
varient alors tort peu. Au solstice d'été, qui arrivera en 1833, le 21 juin, le soleil dépasse l'équateur de 23°
27' ; il s'élève donc dans nos climats à 64° environ au-dessus de l'horizon ; le jour y est de 16 heures ;
le soleil ne s'y couche qu'à 8 h. 3'. Au solstice d'hiver, au contraire, c'est-à-dire au 21 décembre, le soleil
reste au-dessous de l'équateur également de 23° 27° ; il ne s'élève donc pour nous que de 18°; il se couche
à 4 h. 3' ; le jour ne dure que 8 h. Les équinoxes arriveront cette année les 20 mars et 22 septembre.
Le soleil, dans sa révolution annuelle, n'a point un mouvement uniforme ; sa course est plus rapide le 31
décembre et plus lente le 30 juin : ainsi le temps que le soleil met pour revenir au méridien varie de durée,
et les jours solaires sont inégaux. Cette inégalité dans le mouvement annuel du soleil en produit une dans les
jours et les heures. On appelle équation du temps la différence que doit marquer une pendule bien réglée entre
le temps moyen et le midi vrai. Ce temps moyen est fourni par un soleil fiif qu'on supposa parcourir sa révolution
uniformément en 24 h., pendant toute la durée de l'année. Sa marche ne se rencontre avec celle du soleil véritable
que quatre fois pendant cet espace de temps. Le midi vrai est indiqué par le passage du soleil au méridien ; les
plus grands écarts sont de 16' 7".
Les signes ou constellations du zodiaque ont servi à partager l'équateur eu 12 parties de 30° environ ; mais par
suite du déplacement dû à la précession des équinoxes, ces signes du temps ne coïncident plus avec les constellations
célestes ou groupes d'étoiles qu'ils représentaient, et, en ce moment, ils en sont éloignés de 30° environ.
Ainsi le signe du bélier (aries) qui commençait l'année à l'équinoxe du printemps est maintenant dans la constellation
des poissons.
On appelle constellations des figures arbitraires qu'on suppose dessinées dans le ciel, et dans lesquelles on
a casé les étoiles. La plus remarquable pour nos climats, où elle est toujours visible, est la Grande Ourse ou
le Chariot de David. L'alignement tiré des deux étoiles de derrière du chariot font rencontrer, en la première
étoile de deuxième grandeur, l'étoile polaire, dernière de la Petite Ourse ou Petit Chariot remarquable par sa
position à 1° 38' du pôle, et qui, par conséquent, indique toujours à très-peu de chose près le nord.
Des Éclipses.
L'éclipse de soleil arrive lorsque la lune est exaement placée entre cet astre et la terre, parce qu'alors elle nous intercepte sa lumière. L'éclipse de lune a lieu quand la terre est exaement placée entre le soleil et la lune, parce qu'alors nous empêchons la lumière solaire de lui parvenir. Un corps lumineux, un premier corps opaque qui produit l'ombre, un second corps opaque qui est enveloppe dans cette ombre, sont donc nécessaires pour la produion d'une éclipse.
Si 1e mouvement de la lune se faisait exaement dans le plan de l'écliptique, passant ainsi chaque mois devant le soleil et derrière la terre, il y aurait nécessairement deux éclipses chaque mois, une de soleil le jour de la nouvelle lune, et une de lune le jour où elle est pleine, puisqu'alors la terre et la lune sont dans une même direion par rapport au soleil ; mais, semblables à deux cerceaux passés l'un dans l'autre et inclinés légèrement l'un par rapport à l'autre, l'orbite de la lune, faisant avec celle de la terre un angle de 5°, ce n'est qu'aux points d'interseion, appelés les nœuds, qu'elles peuvent se rencontrer dans une même direion, et par conséquent que peut avoir lieu une éclipse totale, Quand la lune est seulement près des nœuds au moment où elle est pleine ou nouvelle, il arrive alors que l'éclipse n'est que partielle, c'est-à-dire qu'une portion du disque seulement est cachée. Dans tous les cas les éclipses ne sont point toujours visibles pour le même lieu ; car l'astre éclipsé n'est point toujours sur l'horizon de ce lieu au moment de la conjonion ou de l'opposition. Les éclipses de lune sont beaucoup plus fréquentes que celles de soleil, parce que notre satellite étant 49 fois plus petit que la terre, ne peut dérober le soleil qu'à une très-petite partie de sa surface ; elles sont visibles et égales pour tous ceux qui ont la lune au-dessus de l'horizon, en quoi elles diffèrent de celles de soleil. En effet, puisque la lune ne luit que par réflexion, dès qu'elle ne reçoit pas la lumière, elle ne peut être vue d'aucun lieu, tandis que l’éclipse de soleil n’est qu’un effet de projeion du cône d’ombre de la lune sur une portion de la terre. La Lune ayant à son périgée un diamètre apparent plus considérable que le soleil, mais à son apogée un moindre, lorsque les nœuds se rencontrent dans cette dernière position, il arrive que l’éclipse est centrale sans être totale ; elle est donc annulaire. C’est-à-dire qu’un anneau lumineux entoure la partie cachée du disque.
Explication des calendriers.
La révolution annuelle du soleil ne s'exécute point exaement en 365 j., et cependant il est impossible d'introduire dans la durée de l'année une fraion de jour. D'un autre côté, si l'on négligeait cette fraion qui est presque de 1/4 de jour, il arriverait bientôt que le mois de mars ne serait plus l'époque du Printemps astronomique, régulateur des saisons ; tous les mois passeraient successivement de l'hiver à l'été et de l'été à l'hiver, et les jours feraient ainsi le tour de l'année en 1,461 ans. L'agriculture ne pourrait donc plus se servir de ces mois et de ces jours ; L’année civile serait bouleversée ; tout ordre interverti.
C'est pour remédier à ces inconvéniens que diverses intercallations ont été proposées. L'objet du Calendrier est de les faire connaître, et il doit donner essentiellement le quantième on ordre des jours pour chaque mois, à partir du 1er janvier ; les noms des jours de la semaine ; l'éponymie des saints et fêtes pour chacun de ces jours. Nous y avons ajouté les heures du lever et du coucher en soleil et de la lune, et l'âge de ce dernier astre.
L’année n’eut point une durée uniforme chez les diverses nations ; les unes, sans la régler sur la marche du soleil, lui attribuèrent un nombre de jours arbitraire ; d'autres choisiront la Lune pour régulateur, et l'année des Turcs est encore purement lunaire ; composés de douze lunaisons ou néoménies, elle renferme tantôt 351, tantôt 355 jours. L'avantage de foire coïncider l'année civile avec l'année solaire a été généralement reconnu, et on divisa plus ou moins commodément les 365 jours en fraions d'années, telles que les mois, les semaines, etc.
Les Égyptiens ont eu les premiers le calendrier le plus simple et le plus raisonnable, ils avaient même reconnu la période de 1461 ans. Aussi ce fut un savant de cette nation, Sosigènes, qui, l'an -15 avant notre ère, fut appelé par Jules-César pour introduire une réforme dans le calendrier de la république romaine, jusqu'alors chaos indéchiffrable.
Dans cette réforme, on attribua à l'année 365 jours 1/4, et on convint d'intercaller un jour tous les quatre ans
: cette année fut nommée bissextile, parce que, dans le calendrier romain divisé en calendes, ides, etc.,
ce jour complémentaire fut placé après le sixième jour (second sixième jour, bissexto, d'où l'on a fait bissextile),
avant les calendes de mars. On a choisi pour années bissextiles celles dont le millésime est divisible par 4 ;
ainsi pour savoir si une année est bissextile, il suffit de voir si elle est divisible par 4 sans reste, comme
1832.
Mais nous avons vu que l'année n'est point composée de 365 jours 1/4 juste ; cette intercallation ne fit
donc que diminuer l'inconvénient sans y remédier entièrement. Cette année julienne est un peu plus longue que
l'année vraie, et, en 1582, l'équinoxe, qui devait arriver le 20 mars, se rencontrait déjà le 10.
On sentit donc la nécessité de faire une intercallation moindre, et le pape Grégoire XIII réforma le Calendrier julien en supprimant trois années bissextiles en quatre siècles ; ainsi, pour savoir si une année séculaire est bissextile dans notre calendrier, il suffît de voir si, en retranchant deux zéros, elle est divisible par 4, comme 1600 ; au contraire, les années 1700, 1800,1900, qui sont bissextiles dans le calendrier julien, ne le sont point d'après la réforme grégorienne. Cette nouvelle intercallation est aussi bonne que possible ; elle donne à l'année 365 jours 2425 au lieu de 365 jours 24226.
Lors de cette réforme, en 1582, pour ramener l'équinoxe au 20 mars, on supprima dix jours, et on décida que le lendemain du 4 oobre serait le 15. Les Grecs, non plus que les Russes, n'adoptèrent point ce changement, en sorte que maintenant leur année est de 12 jours en retard sur la nôtre. Ce ne fut même qu'en 1752 que la réforme grégorienne fut adoptée en Angleterre et dans les autres pays protestans : ils supprimèrent donc 11 jours.
Le Calendrier de l'église, qui fixe l'époque de ses fêtes, est très-compliqué ; cependant, à l'aide d'un Calendrier perpétuel, on trouve facilement :
- La lettre dominicale, qui indique le jour du dimanche à partir du 1er janvier ; le cycle solaire, qui est la période de 28 ans, après laquelle les lettres dominicales sont les mêmes ;
- Le cycle lunaire ou nombre d'or, qui indique la place de chaque année dans la période de 19 ans, après laquelle les phases lunaires reviennent aux mêmes dates.
- Enfin l'Epae, qui fait connaître l'âge de la Lune, c'est-à-dire le nombre de jours écoulés au 1er janvier
depuis la dernière néoménie.
La date de toutes les fêtes mobiles est fixée par celle du jour de Pâques, qui est le premier dimanche après la pleine lune qui suit le 20 mars.
Dans le Calendrier républicain, calqué sur celui des Perses, chaque mois avait 30 jours ; l'année commençait le 21 septembre appelé 1er vendémiaire ; cinq ou six jours complémentaires, ajoutés à la fin de l'année, formaient les 365 ou 366 jours.
Des ères.
Les calendriers une fois réglés, il restait une autre partie non moins importante de cette institution publique dans la division du temps, pour connaître la succession des événemens. Le calendrier était l'image de l'année ; mais les années se succédaient comme les événemens ; il fallait distinguer chacune d'elles de toutes les autres, et pour cela partir d'un point fixe. Tels furent l'origine et l'objet des ères. Malheureusement chaque peuple en adopta une différente, à l'exception de l'ère chrétienne, qui domine auellement dans l'Occident à peu près exclusivement. Une ère est donc la méthode en usage chez un peuple pour compter les années qui s'écoulent, en les rapportant toutes à un point fixe historique ou astronomique, qui est le commencement de cette ère. Ainsi, cette année sera la 1833ème de l'ère chrétienne, dont te point de départ est la naissance de Jésus-Christ. On trouve, page 7e, la concordance des principales ères avec l'ère chrétienne.
L'ère julienne date de la réforme des calendriers par Jules César ; elle commença l'an 45 ayant Jésus-Christ, et se lie avec la période julienne, imaginée par Scaliger. Cette période, toute faice, remonte à 7,980 ans, et la 1ère année de l'ère chrétienne correspondant a la 4,744ème de cette période, 1833 se trouve l'an 6,546 de la période julienne.
L'ère de l'hégire ou des mahométans, en usage à Alger, a pour point de départ la fuite de Mahomet de la Mecque à Médine, qui eut lien le vendredi 16 juillet de l'an 632 de J.-C. Les années de l'hégire sont lunaires et distribuées en cycles de 30 ans ; 19 de ces 30 années sont communes ou de 354 jours ; les 11 autres se nomment intercallaires, parce qu'elles sont de 355 jours, et celles-ci sont les 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29ème ; les mois de ces deux sortes d'années sont au nombre de 12, alternativement de 30 et de 29 jours ; le 12e mois est de 30 jours dans les 11 années intercallaires. On voit donc que les rapports des années de l'hégire avec les années grégoriennes sont très-variables, la différence naturelle étant de 11 jours entre ces deux années.
L'ère de la république française commença avec le 22 septembre 1792, jour de l'équinoxe vrai d'automne pour Paris. L'année de cette ère fut composée de 365 jours, divisés en douze mois de 30 jours et suivis de 5 complémentaires ; un 6ème complémentaire, ajouté périodiquement, faisait les années sextiles. Le mois était divisé en 3 décades de 10 jours chacune. Ce calendrier a subsisté moins de 14 ans ; sa 14e année, commencée le 23 septembre 1805, fini le 31 décembre suivant, qui répondit au 10 nivôse an XIV. Un senatus-consulte, du 21 fruidor an XIII, rétablit le calendrier grégorien, à compter du 1er janvier suivant 1806.
Notions de Physique
De la Terre De l'Eau De l’Air et de l’Atmosphère Des fluides Impondérables
La terre est la partie solide sur laquelle nous marchons, et qui forme le sol, les montagnes de notre globe. On
désigne sous le même nom la planète en générai que nous habitons ; car les astronomes ont prouvé que la terre
est une sphère en tout semblable aux autres planètes.
Dans ce sens général, la terre est une sphère aplatie de 1/300 aux pôles ; son diamètre est de 2,865 lieues,
et par conséquent sa circonférence de 9,000 lieues : sa densité moyenne est cinq fois et demie plus grande
que celle de l'eau, et les corps pesans qui tombent à sa surface parcourent environ 15 pieds pendant la première
seconde de leur chute. Elle est composée d'air, d'eau, de fluides impondérables (c'est-à-dire qui n'ont pas de
pesanteur sensible), et de couches terreuses ou rocheuses qui sont la terre proprement dite.
De la Terre.
La terre ou partie solide du globe terrestre est un composé de 50 et quelques corps combinés de diverses manières. Elle paraît être formée, au centre intérieur, d'un noyau de matières minérales et métalliques en fusion à une très-haute température, et que recouvre une enveloppe solide dont épaisseur varie et n'est pas bien connue. La chaleur centrale du globe s'accorde avec les observations astronomiques ; elle semble démontrée par l'augmentation de température qu'on observe à mesure qu'on s'enfonce dans des mines plus profondes et qu'on descend des thermomètres dans les puits artésiens, et aussi par la chaleur constante des eaux des sources ; enfin elle explique de la manière la plus satisfaisante les volcans et leur aion, ainsi que les bouleversements qu'attestent les dispositions des roches et des couches terrestres. Ces volcans ne sont, en effet, autre chose que des soupiraux, des crevasses produites dans l'écorce solide de la terre par le peu d'épaisseur de certaines couches, ou par le retrait, le glissement et le soulèvement de ces couches les unes sur les autres, et qui permettent aux matière intérieures en fusion de faire irruption au dehors sous forme de cendres et de laves brûlantes.
L'enveloppe solide du globe terrestre est pour nous au plus haut intérêt puisqu'elle nous fournit les divers métaux qu'utilisent les arts, les pierres qui servent à construire nos habitations, enfin le sol où nous cultivons tous les végétaux qui nous nourrissent. Sa composition est extrêmement variée et compliquée ; cependant, lorsqu'on possède des connaissances profondes en géologie et en minéralogie (sciences qui enseignent: la première la nature, l'origine, la succession et les relations des couches terrestres entre elles ; l'autre la composition particulière des minéraux qui forment ces couches) on peut savoir quels métaux, quelles terres utiles sont recelés dans le sein de la terre suivant les localités, et se livrer avec succès à leur recherche et à leur exploitation. C'est ainsi qu'on est arrivé à la découverte des mines d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, etc. ; à celle des houilles, des marbres, des lignites ou cendres noires, etc.
Parmi les couches qu'en trouve à la surface de la terre, les unes restent toujours pierreuses : ce sont les roches, les pierres à bâtir, les grès, les granits, etc. ; on les exploite pour la bâtisse, le pavage des routes, etc. ; d'autres ont la propriété de se ramollir à l'air, comme les marnes, ou doivent subir diverses préparations pour nous devenir utiles, comme la pierre à chaux, celle à plâtre, les argiles à poteries, etc. : enfin on grand nombre sont réduites depuis un temps immémorial et se réduisent encore peu-à-peu à l'état terreux, et forment, par leur mélange plus ou moins avantageux, tous les sols cultivables depuis le plus fertile jusqu'au plus stérile.
De l'Eau.
L'eau se montre à la surface de la terre sous trois états différens, tous bien importans à étudier : sous forme de vapeur ou d'humidité répandue dans l'atmosphère ; sous forme liquide dans la pluie, les fontaines, les rivières, les lacs, les mers ; sous forme solide à l'état de grêle, de neige, de glace.
L'eau est un composé de deux gaz (corps semblables à l'air), qui constituent en grande partie la nature des substances animales et végétales. L'eau est donc indispensable à l'existence des êtres vivans. Sans elle, stérilité complète, mort des plantes et des animaux, absence de fermentation. Aussi l'eau est-elle très-utile pour favoriser le développement de la végétation et la croissance des plantes, et devient-elle nuisible quand il s'agit de les récolter et de les conserver.
L'homme cherche dans le premier cas à la ménager, à la répandre uniformément ou peu-à-peu sur ses prairies, ses cultures: c'est l'objet des arrosemens. Dans le deuxième, il s'efforce de s'en préserver, et à cet effet il fait sécher ses récoltes, il les abrite en meules, dans des granges, etc.
L'origine des eaux à la surface de la terre est maintenant bien connue : on sait que la chaleur du sol, l'aion
du soleil et celle des vents font continuellement évaporer dans l'air une quantité d'eau qu'on évalue à 30 pouces
environ par année, terme moyen. Cette eau évaporée, transformée bientôt eu rosée, en brouillards ou nuages, retombe
sur le sol en pluie, en grêle, en neige ; elle pénètre aussitôt dans la terre, s'infiltre dans ses couches, s'y
répand, y coule sur les matières qui ne lui livrent pas passage, s'y accumule en bassins et courans souterrains,
et va sortir au loin ou fort près, lorsque le cours qu'elle a suivi ou l'accumulation qu'elle a subie loi fait
trouver une issue au dehors.
Telle
est l'origine des sources et des fontaines ; telle est aussi celle des puits artésiens qui ne sont autre
chose que l'issue extérieure donnée à ces eaux courantes ou stagnantes intérieures provenant des bassins A B C,
et qui, coulant à travers les fissures de terrain, jaillissent à la hauteur où elles étaient dans ces bassins
quand on perce les couches du sol en A’ B’ C’.
Le trop plein des eaux de ces sources et celles des pluies qui ne peuvent pas ou n'ont pas le temps de pénétrer
dans le sol, constituent les lacs, les étangs, les marais, lorsque les eaux sont stagnantes ; les ruisseaux,
les rivières, les fleuves, lorsqu'elles sont courantes, allant définitivement se jeter dans la mer, vaste réservoir
qui fournit et reçoit tour-à-tour toutes les eaux du globe. — C'est cette qualité de réservoir commun qui paraît
être la cause de la salure de l'Océan et des lacs ou mers intérieures qui sont sans communication avec lui. En
effet, l'eau, en parcourant les couches terrestres, dissout et se charge de diverses substances solubles ou insolubles,
et notamment de différens sels ; elle les entraîne avec elle à la mer, et ces sels ne se vaporisant pas comme
l'eau, demeurent dans la masse et s'y accumulent, tandis que l'eau repasse a l'état de vapeur pour retomber en
pluie.
Lorsque les eaux souterraines passent dans des couches qui renferment beaucoup de matières solubles, elles de viennent ce qu'on appelle minérales et thermales lorsqu'en même temps elles sortent chaudes; elles sont incrustantes et donnent lieu à des pétrifications lorsqu'elles sont chargées d'un dépôt pierreux en suspension, ou en dissolution.
La profondeur de l'Océan est très variable, mais elle ne paraît pas plus considérable que l'élévation des montagnes au-dessus de la surface du globe et on peut affirmer qu'elle ne dépasse pas, en moyenne, 8,000 mètres (environ 4,000 toises).
De l’Air et de l’Atmosphère
L’air est cette substance en quelque sorte invisible qui environne la terre de toutes parts, dans laquelle nous sommes continuellement plongés, que nous respirons, qui entretient notre vie, celle de tous les animaux et de tous les végétaux.
La profondeur de l'atmosphère on l'élévation de la colonne d'air au-dessus du niveau de la mer est évaluée à 15 ou 16 lieues ; sa densité va continuellement en diminuant à mesure qu'on s'élève ; en sorte que le poids de l'atmosphère est bien moindre sur les hautes montagnes que dans les vallées.
Au niveau des mers, ce poids est égal à celui d'une colonne d'eau de 32 pieds et de 28 pouces de mercure :
c'est sur cette observation qu'est fondée la construion du baromètre (voir la figure), instrument qui consiste
en un tube de verre rempli de mercure, dont l'élévation ou rabaissement indiquent les variations de la pesanteur
de l'air. Un litre d'air pèse 1 gr. 2936 dix millièmes, tandis qu'un litre d'eau pèse 1,000 gr. Cependant l'atmosphère
exerce sur toute la surface de notre corps une pression d'environ 37,000 livres, et un changement d'une ligne
dans la hauteur du baromètre fait varier cette pression de 140 livres ; mais ce poids est insensible parce
qu'il se compense en agissant dans tous les sens, et que la force élastique de nos organes lui est proportionnée.
L'air est aussi indispensable que l'eau à l'existence des êtres vivans. Depuis l'instant où nous voyons le jour
jusqu'à celui de notre mort, notre respiration, ae qui consiste dans l'introduion de l'air dans nos poumons
où il est en partie absorbé, ne peut être suspendue sans danger au-delà de quelques minutes. Les animaux même
qui paraissent vivre sans air ne peuvent ses passer ; les uns, quoique vivant dans la terre, y reçoivent l'air
qui y pénètre, ou bien viennent le chercher à la surface de temps en temps ; les autres, comme les poissons, sont
munis d'un appareil particulier d'organes qui leur permet d'extraire, de l'eau où ils sont plongés, l'air qui
s'y trouve toujours mélangé. Si quelques êtres, tels que des reptiles, des insees, peuvent vivre quoique privés
d'air, c'est que pendant ce temps leur vie est en quelque sorte suspendue. Enfin l'air n'est pas moins indispensable
à la vie des plantes qui le respirent et l'absorbent aussi pour y puiser un des élémens de leur existence.
Des fluides Impondérables.
Tout, dans la nature, serait inerte et sans vie sans l'aion stimulante de certains corps qui sont invisibles, qu'on ne peut ni toucher, ni peser, et que par cette raison on a nommé impondérables. Ces corps sont la chaleur que les physiciens désignent sous le nom de calorique, la lumière, l'élericité et le magnétisme.
La chaleur dilate les corps, en écarte les molécules les unes des autres, entretient ceux qui nous entourent, à 1a température habituelle de la terre, dans l'état solide, liquide et gazeux où nous les voyons, soutient aussi l'existence des animaux et des plantes qui, chacun en raison de leur nature, en ont besoin d'une certaine dose pour subsister. Enlevez en effet une certaine quantité de calorique, ou portez-vous dans les régions polaires du globe : vous trouverez l'huile et l'eau habituellement glacées ; on y voit même geler le mercure ; vous n'y rencontrerez aucun des animaux ni des végétaux de nos climats tempérés. Ajoutez de la chaleur, ou allez tous les tropiques, la glace y sera inconnue ; jamais on n'y verra certaines huiles se geler ; la végétation y sera aussi toute nouvelle, ainsi que les animaux. Les expériences de physique ont prouvé qu'en enlevant du calorique on peut rendre liquides et solides tous les corps ordinairement aériformes ou liquides, comme en en ajoutant on peut liquéfier et vaporiser toutes les substances habituellement solides et liquides.
Le feu est un moyen puissant de manifester la présence du calorique ; on connaît son aion et ses emplois utiles, ainsi que ses propriétés destruives.
C'est sur la propriété qu'a la chaleur d'augmenter le volume des corps qu'est fondée la construion des thermomètres (voir la figure ci-contre). On remplit en partie de mercure ou d'esprit-de-vin un tube de verre muni par en bas d'une boule ; les mouvemens de la colonne liquide qui s'élève ou s'abaisse dans le tube, selon les variations de la température, en donnent ainsi une mesure très-exae et bien utile. Les graduations les plus en usage dans cet instrument sont celles représentées dans la figure où l'intervalle entre la glace fondante et l'eau bouillante est divisé en 100 parties ou degrés °, dans l'échelle centigrade, et en 60 dans celle de Réaumur.
La lumière a les plus grands rapports avec la chaleur, et presque toujours, quand celle-ci est très-grande, elle est accompagnée de lumière. La lumière naturelle qui nous éclaire vient du soleil, d'où elle nous arrive en 8 minutes 13 secondes, vitesse prodigieuse et incomparablement plus grande que celle du son ou d'un boulet de canon : trois degrés de vitesse très-grande que nous sommes à même de comparer en voyant le feu, examinant la portée et entendant le coup d'une pièce d'artillerie. L'utilité de la lumière pour les êtres vivans est incontestable : ceux qui en sont privés sont chétifs, étiolés, sans couleur. L'homme, qui sait tirer parti de tout, a mis des plantes à l'abri de la lumière pour les attendrir et les faire blanchir.
L'élericité, que les physiciens font sortir à volonté dans leurs laboratoires, sa manifeste dans la nature par les orages. Le fluide élerique est composé lui-même de deux fluides qui sont inertes on insensibles lorsqu'ils sont en équilibre, mais qui se repoussent on s'attirent, ainsi que les corps où ils se trouvent, selon que c'est le même fluide ou les deux fluides différens qui se trouvent en présence ; dans ce cas, ils rétablissent l'équilibre en se combinant l'un avec l'autre. D'après cela, quand les nuages sont orageux, c'est-à-dire élerisés, ils manifestent des effets d'attraion on de répulsion, et sa déchargent par des explosions ou éclairs, coups de tonnerre, soit sur les nuages voisins, soit sur la terre : on dit, dans ce dernier cas, que le tonnerre est tombé. On peut à peu près calculer la distance d'un orage en comptant 337 mètres par chaque seconde d'intervalle entre l'apparition de l'éclair et le bruit du tonnerre.
Les corps métalliques ayant la propriété d'attirer et de conduire l'élericité, c'est sur cette propriété qu'est fondée la construion des paratonnerres. Ces appareils, qui consistent en une tige de métal qu'on place sur le sommet des édifices, et qui communique avec le sol par d'autres verges métalliques ou des cordes en fils de fer ou de laiton, sont vraiment préservateurs, quand le condueur pénètre profondément en terre ou mieux dans de l'eau, quand il n'éprouve aucune solution de continuité, et est de dimension assez considérable.
Dangers et précautions contre les orages.
De bonnes raisons doivent interdire de sonner les cloches durant les orages. En effet, l'élévation des clochers, le courant d'air que produit le mouvement des cloches, la propriété condurice des cordes, sont des causes qui exposent à de grands dangers aussi bien les bâtimens que les sonneurs.
Pour les éviter, il faudrait au moins que les clochers fussent pourvus d'un paratonnerre accompagné d'un bon condueur bien entretenu. Les meilleures précautions à prendre pour se mettre à l'abri des dangers des orages sont d'éviter les éminences et tous les lieux où l'on approcherait des corps bons condueurs, notamment les arbres, les métaux surtout sur lesquels la foudre se porte toujours de préférence ; on doit s'éloigner des fenêtres ouvertes et des cheminées, parce qu'en occasionant quelquefois des courans d'air elles attirent le fluide élerique. On conçoit que, par la même raison, il est dangereux de courir pendant un orage. Dans ce cas, le meilleur parti à prendre, lorsqu'on est au dehors, c'est de se placer dans un lieu découvert, abrité par un parapluie en soie et contenant peu de métal dans sa construion, ou bien de se laisser mouiller complètement ; car l'eau conduisant très-bien le fluide élerique, il est probable que votre corps servirait lui-même de condueur sans qu'il en résultât d'accidens si le nuage venait à se décharger dans cet endroit.
On désigne sous la nom de magnétisme
cette singulière aion qui dirige constamment vers le nord et vers l'intérieur du globe les barreaux de fer aimantés
et l'aiguille de la boussole. Cette direion varie continuellement dans ses écarts, et en ce moment l'aiguille
décline de 22° à l'ouest pour Paris, et s'incline de 68°.
Notions de Météorologie
De la température
Température des climats
Température des mers
Des vents
Feux follets, feu grisou
Des nuages et des brouillards
De la pluie
De la neige et de la grêle
De la rosée et des gelées blanches
De la glace
De la température.
Les variations de températures, c'est-à-dire du chaud et du froid, exerçant la plus grande influence sur la prospérité
des cultures et la santé, il sera utile d'entrer dans quelques détails à ce sujet.
L'instant le plus froid de la journée est celui du lever du soleil, le plus chaud à deux heures après midi. La
température moyenne de l'année est indiquée assez exaement par celle des sources abondantes, non minérales,
et des caves très-profondes. Elle est à Paris de 11° 1/2 centigrades. On trouve cette même température en creusant
le sol à 25 pieds ; en observant la température à diverses profondeurs dans l'été de 1825, on a trouvé à
25 pieds 11° 5; à 15 p. 15°; à 18 p. 18°; à 3 p. 22°; à la surface dans le sable 53°; dans une terre noire 55°.
Le plus grand froid observé à Paris s'est fait sentir le 25 janvier 1795 ; il était de 23° 1/2 au-dessous
de zéro. La plus forte chaleur a fait monter le thermomètre à 38° 4 le 8 juillet 1793. La plus longue durée du
froid a eu lieu en 1783, où la gelée régna pendant 69 jours consécutifs. La moyenne température de 1824 et 1825
a été supérieure à la moyenne réelle de plus d'un demi degré pour la première de ces années, de plus de 1° pour
la deuxième. Il ne paraît donc pas, comme on l'a si souvent répété, que la chaleur de nos climats ait baissé;
mais il peut être vrai que cette température soit plus irrégulière, plus variable, moins conforme à la marche
périodique des saisons. La température moyenne de l'année 1826 a été 11° 44 à l'Observatoire, et dans les caves
à 86 pieds de 12° 17. Les extrêmes des observations ont présenté, dans le même mois, des différences souvent de
20°, et en août de 25° ; mais la plus grande variation en un jour n'a pas excédé 17°. Il résulte des observations
qu'en aucun lieu de la terre un thermomètre, à l'abri des réverbérations, ne peut dépasser 46° sur les terres
et 30° en pleine mer, et que le plus grand degré de froid qu'on ait observé sur notre globe a été de 50° au-dessous
de zéro.
Température des climats.
Les différens climats des divers pays du globe dépendent principalement de leur position par rapport au soleil.
A l'équateur, où cet astre darde perpendiculairement ses rayons, une égale surface du sol reçoit une bien plus
grande quantité de chaleur et de lumière que les pays situés vers les pôles ; cet effet des rayons verticaux
est même encore augmenté, parce que leur trajet à travers les couches atmosphériques qui en absorbent une partie
est moins considérable que pour les rayons obliques. Bouger a calculé, en supposant que la lumière et la chaleur
agissent de la même manière, qu'à la latitude de 45°, 80 parties sur 100 sont transmises à midi dans le mois de
juillet, et seulement 55 en décembre. La chaleur interceptée par l'atmosphère est souvent non pas entièrement,
mais en grande partie perdue pour le climat des contrées voisines, à cause de la dispersion qu'elle subit de la
part des couches atmosphériques. On conçoit que, pour les pays tempérés, le climat se rapproche de celui de l'équateur
pendant l'été, puisque la hauteur du soleil y est plus grande, et de celui des régions polaires pendant l'hiver.
Température des saisons, — Quoique la partie de la terre que nous habitons soit plus près du soleil de 1/32° en
hiver qu'en été, en sorte que la quantité de chaleur que nous recevons est comme 102 à 96, cependant il existe
plusieurs causes qui expliquent parfaitement les inégalités de température de nos saisons. La première est l'inégale
durée du jour et de la nuit ; toutes les fois que la terre recevra plus de chaleur durant le jour qu'elle
n'en perdra pendant la nuit, la température augmentera; dans le cas contraire, elle diminuera. La deuxième cause
est la direion sous laquelle les rayons du soleil nous parviennent ; en hiver, où ils arrivent obliquement,
où ils ont à traverser une plus grande étendue d'atmosphère et en outre des couches plus denses, l'air en absorbe
bien plus qu'en été. Une troisième cause, c'est qu'une surface donnée reçoit d'autant plus de rayons, et en réfléchit
d'autant moins, qu'ils arrivent plus perpendiculairement, et la chaleur est en proportion des rayons absorbés.
Les saisons, d'une année à l'autre, paraissent très irrégulières par l'influence des causes variables, telles
que les vents, les glaces polaires, les pluies, etc. ; mais lorsque l'on réunit une assez longue suite d'observations,
on connaît que la température est constamment croissante et décroissante pendant tonte l'année, en vertu des causes
que nous venons de signaler.
Température des mers.
La mer s'échauffe moins que les terres, à cause de la plus grande quantité d'eau qui s'y évapore, et parce que
les rayons du soleil y pénètrent à une grande profondeur, et ont par conséquent moins d'effet à sa surface. La
mer se refroidit aussi plus lentement, parce que, quand la température des couches supérieures diminue, elles
deviennent plus pesantes et tombent au fond. Par la même raison, la mer est plus froide que la terre dans les
climats chauds et pendant le jour, tandis qu'elle est plus chaude dans les climats froids et durant la nuit. Toutefois,
ces circonstances se balancent, en sorte que sa température moyenne est la même. Il en résulte seulement que la
mer éprouve de moins grandes variations de température. Les côtes et les îles partagent ces conditions. La température
moyenne y est la même que dans l'intérieur des terres ; mais les extrêmes varient souvent d'une manière très-sensible,
ce qui entraîne dans la végétation de très-grandes différences. L'Angleterre, l'île de Guernesey, la côte de Cherbourg,
etc., en offrent des exemples frappans, puisqu'on y voit rester en pleine terre, sans abris, une foule de végétaux,
qu'au centre de la France on est contraint de rentrer en orangerie.
Température des hautes régions de l'air. — L'atmosphère est très-peu échauffée par le passage des rayons solaires ;
elle doit donc être plus froide que la surface de la terre, et, par la même raison, les hautes montagnes et les
terres les plus exposées à l'aion de l'atmosphère doivent toujours être plus froides que les localités qui sont
situées à peu près au niveau de la mer.
Des vents.
Les mouvemens de l'air qui constituent les vents reçoivent leur dénomination de la partie de l'horizon d'où ils
arrivent. Pour les distinguer, on a formé ce que l'on appelle la rose des vents (voir la figure), laquelle est
divisée en un plus ou moins grand nombre d'aires ou « rumbs ». Les principaux coïncident avec les quatre points
cardinaux : le Nord, le Sud, l'Ouest et l'Est; les espaces intermédiaires reçoivent les noms de Nord-Ouest,
Nord-Est, Sud-Ouest, Sud-Est ; les points entre ces divisions secondaires ont eux-mêmes reçu des noms composés,
tels que Nord-Nord-Est, N.-N.-E., Est-Nord-Est, E.-N.-O., etc., etc.
Dans nos climats, M. Bouvard, d'après une longue série d'observations, a calculé que le vent souffle 63 jours
du Sud, 67 du S.-O., 70 de l'O., 34 du N.-O., 45 du N., 40 du N.-E., et 23 de l'E. ou du S.-E. M. Daniell estime
qu'en Angleterre les vents d'Ouest sont à ceux de l'Est dans la proportion de 225 à 140, et les vents du Nord
à ceux du Sud comme 192 à 173. Il résulte des observations faites dans 86 endroits différens, et recueillies par
Cotte, que la direion des vents, sur les côtes méridionales de la France, est généralement du N.-N.-O. et N.-E ;
que, sur les côtes occidentales, elle est O.-S.-O. et N.-O., et que, sur les côtes du Nord, le vent souffle du
S.-O. ; dans l'intérieur de la France, le vent de S.-O. domine dans 18 lieux, le vent d'O. dans 14, le vent
du N. dans 13, le vent du S. dans 6, le vent du N.-E. dans 4, le vent du S.-E, dans 2, le vent d'O. et de N.-O.
chacun dans 1. Il paraît certain que, plus on s'éloigne de l'équateur vers les pôles, plus l'irrégularité des
vents et des pluies est grande. Dans nos climats, les vents d'Ouest et du Sud amènent en général de la pluie,
et ils font aussi baisser le baromètre.
Vitesse et force des vents.
Sensible parcourt par seconde |
1 mèt.
|
Modéré |
2, 0.
|
Assez fort |
5, 5.
|
Fort |
10, 0.
|
Très-fort |
20, 0.
|
Tempête |
22. 5.
|
Grande tempête |
27, 5.
|
Ouragan |
36, 0.
|
Ouragan qui renverse les édifices et déracine les arbres |
43, 0.
|
Feux follets, feu grisou.
Feux follets. — Les feux follets, que les superstitieux habitans de quelques provinces regardent encore comme des revenans qui sortent du tombeau pour aller tourmenter les vivans, se manifestent principalement dans les cimetières, ce qui aura pu donner du poids à cette croyance. Ils se développent aussi sur les bords des rivières et des étangs si dans les lieux marécageux. C'est une flamme légère qui semble sortir de terre, et qui brûle en s'agitant et en suivant différentes direions, il a été constaté que les feux follets sont produits par le dégagement de gaz hydrogènes phosphores, résultat accidentel de la décomposition des matières animales, et qui ont la propriété de s'enflammer au conta de l'air atmosphérique. Il en résulte que ces gaz prennent feu aussitôt qu'après avoir traversé les couches du terrain ou les eaux, ils arrivent à se mêler avec l'air. Des lueurs assez semblables sont produites par diverses matières pyriteuses, et notamment par les cendres noires ou lignites sulfureuses.
Explosions des mines. — Le feu grisou, qui se manifeste dans les mines de houille, et y cause si souvent des accidens épouvantables, est le produit d'un dégagement analogue d'hydrogène carboné ; mais ce gaz ne prenant feu qu'au conta d'un corps incandescent, les accidens n'ont lien que quand il s'est accumulé dans les galeries, et qu'il vient à être traversé par une des lampes des mineurs. C'est aussi par cette raison que l'on peut toujours se préserver du danger de ces explosions au moyen des lampes de sûreté de Davy, qui, munies de toiles métalliques, isolent en quelque sorte la flamme, et ne lui permettent pas de sortir du réseau de métal qui l'enferme.
Des nuages et des brouillards.
L'eau, à l'état de vapeur ou d'humidité, demeure suspendue dans l'air sous deux formes différentes : tantôt elle est invisible et se manifeste seulement par la rosée et par son aion sur les corps hygrométriques (on nomme ainsi ceux qui ont la propriété d'absorber cette humidité, et par suite de se gonfler comme le bois, ou de s'allonger et se raccourcir comme les cordes et les boyaux, etc.) ; tantôt l'humidité trouble la transparence de l'atmosphère, et alors elle constitue les nuages. Ceux-ci, à cause de leur pesanteur, ont une tendance à tomber, et quand les couches inférieures de l'air sont à la même température et déjà très-humides, les nuages continuent de descendre jusqu'à ce qu'ils se résolvent en pluie à la surface de la terre, ou bien qu'ils y forment ce qu'on appelle les brouillards. — Dans notre climat, les nuages se tiennent à une hauteur moyenne de 500 toises. Quand ils baissent, on doit s'attendre à de la pluie ; c'est le contraire quand ils s'élèvent, et ordinairement ils commencent à se dissiper quand ils parviennent à 2,000 ou 2,400 toises au dessus de la surface de la terre. Dans les pays froids, l'hiver et la nuit, les nuages se tiennent plus bas ; aussi les brouillards sont-ils alors plus fréquens. Dans les pays chauds, l'été et le jour, ils montent.
De la pluie.
Le rapprochement des nuages par une cause quelconque, et l'abaissement de la température des couches atmosphériques chargées d'humidité, sont les causes principales de la pluie. L'élericité en est aussi une cause puissante et fréquente, comme le prouve ce fait, que la pluie qui accompagne les orages est toujours très-forte. L'influence des vents dans la produion de la pluie est bien démontrée. Dans nos contrées, les vents d'est sont desséchans, parce que l'air qu'ils nous amènent vient de passer sur une grande étendue de terre ; au contraire, les vents d'ouest qui nous arrivent chargés d'une grande quantité de vapeurs, après avoir traversé la vaste étendue de l'Océan, nous amènent aussi presque constamment des pluies. Les brises de mer, qui sont produites par l'arrivée d'un air plus froid et plus lourd, qui presse et pousse un air plus léger et plus chaud, laissent très-souvent un dépôt d'humidité. Les vents, qui poussent l'air dans des gorges de montagnes assez élevées, en l'obligeant à passer au-dessus des cols de ces montagnes, le font arriver dans une couche plus froide ; un nuage se forme, et il y a dépôt d'humidité, surtout si les arbres d'une forêt viennent favoriser le mélange des deux masses atmosphériques. Les nuées viennent donc se résoudre en pluie sur les flancs des montagnes et dans les liens couverts de végétation. Aussi M. de Humboldt a-t-il remarqué que le manque de pluies et l'absence de plantes sont deux phénomènes qui réagissent l'un sur l'autre : il ne pleut pas, parce que la surface d'un sol sablonneux, nu et privé de végétation, s'échauffe davantage, et ainsi repousse les nuages au lieu de les attirer ; et le désert ne devient pas une steppe ou une forêt, parce que, sans eau, il ne peut y avoir de développement organique. Les vents du nord sont secs, parce qu'ils sont froids, et deviennent, en arrivant dans les contrées plus chaudes, capables de contenir plus de vapeurs : le contraire a lieu pour ceux du sud.
Il est certain que plus se prolonge, dans une contrée ou une saison, la pluie ou la sécheresse, plus il est probable qu'elles continueront, par la raison que, dans le premier cas, l'évaporation est continuellement alimentée, et, dans le second, elle ne l'est presque pas. Du reste, les années qui fournissent une grande quantité d'eau ne sont pas toujours les plus humides. C'est ce qui arrive : 1° lorsque les quantités de pluie qui tombent ne sont pas également réparties sur tous les mois, de manière qu'un seul mois et quelquefois même un seul jour fournisse autant d'eau que plusieurs mois ; 2° si les pluies sont fréquentes, mais fines, l'année paraîtra avoir été pluvieuse, sans qu'elle ait pour cela fourni beaucoup d'eau ; 3° enfin, s'il tombe fort peu d'eau dans les mois de juin et juillet, et que la quantité que ces mois auraient dû fournir se trouve distribuée dans les autres mois, l'année paraîtra avoir été sèche, quoique réellement elle ait été humide. Tout dépend donc de la manière dont les pluies ont été distribuées dans les différens mois de l'année.
Le nombre des jours de pluie est en raison inverse de la quantité qui tombe ; ainsi il est moindre à l'équateur, et augmente à mesure que l'on s'en éloigne : de même le nombre des jours de pluie est ordinairement plus grand en hiver qu'en été, et cependant il tombe plus d'eau dans cette dernière saison que durant la première. Aussi c'est alors qu'ont lieu les débordemens des rivières, parce que l'évaporation est infiniment moindre.
De la neige et de la grêle.
Quand les nuages se forment à une hauteur où la température est au-dessous de zéro, les globules d'humidité se congèlent et tombent sous forme de neige ou de grêle.
Dans les années où la neige a longtemps couvert le sol, les fontaines sont plus abondantes, ce qui a fait dire-que
les neiges sont signes de bonnes récoltes ; en effet, elles trempent la terre plus que les pluies, par la
raison que leur évaporation est moindre. Un autre effet bienfaisant des neiges est d'empêcher la gelée de descendre
profondément dans la terre qu'elles recouvrent.
La grêle, par sa plus grande solidité et sa chute plus rapide, arrive presque toujours sur la surface de la terre
à l'état de congélation, même pendant les mois les plus chauds. Au reste, l'observation qu'il ne grêle presque
jamais que de jour, dans les saisons chaudes et par las orages, a fait penser que l'élericité jouait un grand
rôle dans la formation de ce météore.
De la rosée et des gelées blanches.
Les physiciens ont démontré, par un grand nombre d'expériences, que la rosée ne se dépose jamais sur une substance que quand sa température est devenue inférieure à celle de l'air qui l'environne. Ils ont prouvé de plus que la surface de la terre et de tous les corps se refroidit, parce qu'elle est librement exposée à un ciel sans nuage, puisqu'un abri quelconque, qui la défend de cette exposition, prévient la diminution de sa température. Ainsi, on a observé que, durant les nuits claires et calmes, un thermomètre placé sur le gazon baisse souvent de 4, 6 et même de 10° tandis que l'air qui rayonne peu et un thermomètre placé à quatre pieds au-dessus de la surface du sol ne varient pas, et que de deux thermomètres placés sur le gazon, l'un à ciel découvert, l'autre garanti par un carton, le premier indique souvent une température plus basse de 10°. Quand le temps est nuageux ou qu'il fait du vent, on observe rarement beaucoup de différence entre la température de la surface du sol et celle de l'air, et il n'y en a jamais sous les influences réunies d'un ciel couvert et du vent ; mais si un intervalle de ciel serein arrive, une grande baisse de température se manifeste, de même qu'un nuage qui vient à passer sur un ciel découvert fait monter de plusieurs degrés le thermomètre placé sur le sol. Les corps qui se refroidissent davantage sont aussi ceux sur lesquels se dépose une plus grande quantité de rosée.
Ceci explique complètement l'utilité des abris que les jardiniers placent au-dessus ou au-devant des plantes délicates, et qui, quoique très-légers et même à claire voie, les préservent des gelées blanches en leur servant d'écrans qui les empêchent d'être exposés à un ciel sans nuages.
De la glace.
C'est dans les amas d'eau stagnante et exposée à l'aspe d'un ciel serein que la glace commence à se former. Elle ne prend les rivières que plus tard, en raison du volume des eaux qu'elles charrient, de la rapidité de leur course et de l'éloignement de leurs sources ; car les eaux de ces sources, qui marquent presque toujours la température moyenne de l'année, coulent assez loin avant d'être suffisamment refroidies pour se geler. On cite même plusieurs rivières qui ne gèlent jamais. Les rivières qui ont un cours assez rapide et étendu, comme la Seine, par exemple, ne se prennent pas en grandes nappes de glaces ; mais il s'y forme des glaçons qui augmentent peu à peu en continuant de suivre le cours de la rivière, et qui, bientôt arrêtés par les ponts, les moulins, les anfrauosités des rives, et même leur grand nombre, finissent par constituer une croûte solide très-irrégulière. Ces glaçons s'amoncèlent souvent à une grande épaisseur dans certains endroits, et laissent dans d'autres des vides où la glace est à peine fermée; c'est ce qui rend leur passage presque toujours dangereux. Sur les petites rivières, la glace demeure assez souvent suspendue, l'eau venant à diminuer après la gelée, ce qui fait aussi qu'elle a très-peu de force. Sur les lacs et les étangs, la glace forme une seule nappe, en général d'épaisseur uniforme et souvent d'une transparence parfaite ; mais ici se présente une autre cause de danger : ce sont les sources qui, lorsque l'eau n'a pas une grande profondeur, ne laissent à la portion de glace qui est au-dessus qu'une très-légère épaisseur, dont rien ne peut avertir le patineur.
La terre ne se prend en masse solide par la gelée qu'à cause de la portion d'eau qu'elle renferme, d'où l'on peut
conclure que les végétaux délicats doivent souffrir davantage de la gelée dans un terrain humide que dans un sol
sec. Dans tous les cas, la terre se gonfle alors par suite de l'augmentation de volume que prend l'eau en se solidifiant,
effet utile dans les terres grasses qu'il effrite, mais bien nuisible aux racines charnues de la plupart des plantes.
La puissance qu'acquiert alors la glace est énorme : ainsi les gelées font briser les vases qui contiennent
de l'eau, repoussent les murailles des bassins, crèvent les tuyaux de conduite des eaux, soulèvent les pavés,
fendent les arbres et les pierres, etc.
Indices et pronostics du temps.
Remarques et présages. Signes généraux du temps. Signes de vent. Signes de pluie et de beau temps. Indices de la température.
Remarques et présages.
Un automne humide et un hiver doux sont généralement suivis d'un printemps froid et sec qui retarde beaucoup la végétation.
Si l'été est très-pluvieux, on doit s'attendre à un hiver rigoureux ; car l'évaporation excessive qui a eu
lieu a dû enlever à la terre beaucoup de chaleur. Les étés humides font produire beaucoup de graines à l'épine
blanche, aux queues de renards et autres plantes : de là l'opinion que leur fécondité annonce un hiver rigoureux.
Quand le vent, souffle du sud-ouest pendant l'été ou l'automne, que la température de l'air est très-froide pour
la saison, et que le baromètre baisse, on doit s'attendre à beaucoup de pluie.
Signes généraux du temps.
Signes tirés du baromètre. — Dans un temps calme, quand l'atmosphère se dispose à la pluie, le mercure descend ; quand le temps tourne au beau, le mercure monte; lorsque le baromètre baisse par un temps chaud, cela annonce de l'orage ; s'il s'élève en hiver, c'est signe de froid; mais s'il baisse pendant le froid, c'est indice de dégel; s'il continue à s'élever par le froid, cela indique de la neige ; si un gros temps est accompagné de la baisse subite du baromètre, il ne sera pas de longue durée; il en sera de même du beau temps accompagné d'une hausse subite ; de même si l'ascension a lieu par le mauvais temps, et continue avec ce mauvais temps pendant deux ou trois jours, attendez un beau temps continu. Mais, si par un beau temps le mercure tombe bas et continue de tomber durant deux ou trois jours, cela présage beaucoup de pluie, et probablement de grands vents. En général le baromètre se tiendra très-bas dans les années et saisons humides, et très-haut dans les années et les saisons sèches ; il sera plus élevé en hiver qu'en été; ses variations seront plus grandes dans le passage d'une saison sèche à une saison humide, et elles seront d'autant plus considérables que cette saison sera plus orageuse ou sujette à des ouragans.
Signes tirés de la lune. — On a trouvé la probabilité de changement de temps être : pour la nouvelle lune, comme 6 à un; pour la pleine lune, comme 5 à un ; pour le premier et dernier quartier, comme 1 et demi est à un.
Signes de vent.
Tirés du soleil. — Quand le soleil se lève pâle et reste rouge, quand son disque est
très-grand, quand il paraît avec un ciel rouge au nord, quand il conserve une couleur de sang, quand il demeure
pâle avec plusieurs cercles obscurs ou des raies rouges, quand iI paraît concave ou creux, tous ces signes indiquent
du vent.
Tirés de la lune. — Quand la lune parait fort grossie, qu'elle montre une couleur rougeâtre, que ses cornes sont
pointues et noirâtres, qu'elle est environnée d'un cercle clair et rougeâtre, cela indique du vent.
Tirés de l'atmosphère. Les nuages, lorsqu'ils fuient légèrement, qu'ils se montrent subitement au sud ou à l'ouest,
qu'ils sont rouges ainsi que le ciel, notamment le matin, sont des indices de vent. — Une giboulée subite, après
un grand vent, est un indice certain que la tempête approche de sa fin, d'où ce dion populaire, « Petite pluie
abat grand vent. » On peut encore regarder comme des signes certains de la fin d'un grand vent, des ondées entremêlées
de bourrasques.
Tirés des animaux. — On peut considérer comme indices de vent les phénomènes suivans
de la nature animée : Lorsque les oiseaux aquatiques se rassemblent sur les rivages et s'y ébattent, surtout
le matin ; quand les oies sauvages volent très-haut et en bandes, et dirigent leur course vers l'est ;
quand les foulques sont inquiets et criards ; quand les corbeaux s'élancent dans l'air ou folâtrent sur les
rivages. — Le retour de l'alcyon à la mer, tandis que le vent dure encore, la sortie des taupes de leurs trous,
le chant ordinaire des moineaux, etc., indiquent la fin d'un grand-vent.
Signes de pluie et de beau temps.
Tirés de l'atmosphère. — Par un temps nuageux, quand le vent souffle, la pluie doit s'ensuivre ; les nuages sont encore indices de pluie quand ils s'amoncèlent et ressemblent à des rochers ou à des montagnes qui s'entassent les unes sur les autres; quand ils viennent du sud ou changent souvent de direion ; quand ils sont nombreux au nord-est le soir ; quand ils sont noirs et viennent de l'est, c'est de la pluie pour la nuit ; s'ils viennent de l'ouest, c'est pour le lendemain; quand ils ressemblent à des flocons de laine, c'est de la pluie après deux ou trois jours ; s'ils s'accumulent vers le milieu du jour au sud-ouest, cela dénote une grande bourrasque de vent et de pluie pour la nuit.
Lorsqu'il a beaucoup plu dans un endroit voisin de celui où l'on se trouve, dans l'été particulièrement, il se forme plusieurs couches de nuages; on doit donc attendre de la pluie, mais de peu de durée, parce que l'humidité qui en avait été la cause était peu considérable. On aura alors ce qu'on nomme pluies d'orages.
La pluie est de peu de durée quand le ciel, couvert de nuages le matin, et l'air étant tranquille, les rayons du soleil viennent à percer les nuages; car la chaleur, en dilatant alors l'air supérieur, le rend capable de contenir plus d'humidité, et le temps devient alors serein. Mais, si plusieurs couches de nuages existent dans l'air, et qu'il règne des vents humides, la pluie sera de longue durée. Il en sera de même, mais par ondées, si ces couches se meuvent avec des vitesses différentes, de façon à laisser des intervalles en passant l'une sur l'autre.
Quand, au coucher du soleil, les nuages paraissent dorés ou semblent s'évanouir ; que de petits nuages semblent descendre ou aller contre le vent ; qu'ils sont blancs ou que le ciel est ce qu'on appelle pommelé, le soleil étant élevé sur l'horizon, ce sont des signes de beau temps.
On a observé que le ciel pommelé qui dénote un beau temps pour le jour où il se montre, est en général suivi de pluie deux ou trois jours après. — Si la pluie commence 1 heure ou 2 avant le lever du soleil, il est à croire qu'il fera beau à midi; mais s'il pleut une heure ou deux après le lever du soleil, en général il continuera de pleuvoir pendant tout le jour, et alors la pluie cessera.
Quand la pluie arrive du sud avec un grand vent pendant 2 ou 3 heures, que le vent cesse et qu'il continue à pleuvoir, dans ce cas la pluie se prolongera pendant 12 heures ou même davantage, et cessera ensuite.
Tirés du soleil.— L'aspe des corps célestes peut indiquer le temps d'une manière assez positive : ainsi on doit attendre de la pluie quand le soleil est obscur et comme baigné d'eau ; quand il se lève rouge et avec des bandes noires entremêlées avec ses rayons, ou devient noirâtre ; quand il est placé au-dessous d'un nuage épais ; quand il se montre entouré d'un ciel rouge à l'est.
Les pluies subites ne sont jamais de longue durée ; mais quand le ciel se charge petit-à-petit, et que le soleil, la lune ou les étoiles s'obscurcissent peu-à-peu, il pleut généralement pendant six heures.
L'aspe du soleil indique le beau temps quand il se lève clair et que le ciel l'a été pendant la nuit ; que les nuages qui l'entourent à son lever se dirigent vers l'ouest, ou qu'il est environné d'un cercle, pourvu que ce cercle s'en écarte également de tous côtés : alors on peut attendre un temps constamment beau ; enfin si le soleil se couche au milieu de nuages rouges, c'est encore un indice de beau temps ; d'où ce dion populaire que « rouge soirée et grise matinée sont signes certains d'une belle journée. »
Tirés de la lune. — Lorsque son disque est pâle, cela annonce la pluie ; il en
est de même lorsque les extrémités de son croissant sont émoussées à sa première apparition ou deux ou trois jours
après le changement de lune : c'est signe de pluie pour le premier quartier, mais de beau temps pour les
trois autres. Le cercle autour de la lune, accompagné d'un vent du midi, annonce la pluie pour le lendemain. Lorsque
le vent est sud, et que la lune n'est visible que la quatrième nuit, cela annonce beaucoup de pluie pour le mois.
La pleine lune d'avril, la nouvelle et la pleine lune d'août amènent presque toujours de la pluie.
On regarde comme signes de beau temps quand les taches de la lune sont bien visibles ; qu'un cercle brillant
l'entoure lorsqu'elle est pleine. Ses cornes sont-elles pointues le quatrième jour, c'est du beau temps jusqu'à
la pleine lune ; son disque bien brillant trois jours après le changement de lune et avant qu'elle soit pleine,
dénote toujours le beau temps. Après chaque nouvelle ou pleine lune, il y a presque toujours de la pluie suivie
d'un beau temps.
Tirés des étoiles. — Les étoiles fournissent aussi des indices : lorsqu'elles paraissent grossies et pâles, que leur scintillement est imperceptible, on qu'elles sont environnées d'un cercle, c'est signe de pluie. Dans l'été, quand le vent souffle de l'est, et que les étoiles paraissent plus grandes que de coutume, alors attendez-vous à une pluie soudaine. —. Quand les étoiles se montrent en grand nombre, sont brillantes et étincelantes du plus vif éclat, c'est signe de beau temps dans l'été et de froid dans l'hiver.
Tirés des végétaux, etc. — Le Lizeron des champs, le Mouron des champs, le Souci pluvial et beaucoup d'autres plantes, ferment leurs fleurs aux approches de la pluie : ce qui a même fait appeler le mouron baromètre du pauvre homme.
Il est encore beaucoup d'autres indices de pluie ou plutôt de grande humidité, tels que le gonflement du bois, le dépôt d'humidité sur les pierres et le fer qui semblent suer ; on voit alors les cordes des instrumens de musique se briser, les toiles des tableaux et les papiers de tenture se relâcher, le sel devenir humide ; un cercle remarquable se montre autour des lumières, les étangs deviennent troubles et boueux, etc.
Tirés des animaux. — Les signes d'une pluie prochaine qu'on peut citer sont les suivans :
On regarde encore comme certain que les personnes qui sont sujettes aux rhumatismes ou autres affeions semblables, et celles qui ont reçu des blessures, souffrent davantage dans le membre affeé, lorsque le temps est pour changer, et l'on a remarqué que les douleurs étaient notamment plus vives avant ou pendant une dépression subite du baromètre.
Indices de la température.
Signes du froid et de la gelée. — Plusieurs indices peuvent servir à prévoir, le froid et les gelées ; tels sont l'apparition prématurée des oies sauvages et autres oiseaux de passage ; la réunion des petits oiseaux en bandes ; l'éclat du disque de la lune, et l'aspe pointu de ses cornes après le changement de lune ; si le vent souffle du nord ou de l'est après le changement de lune ; si le ciel est brillant d'étoiles ; si de petite nuages bas voltigent vers le nord ; si la neige tombe fine tandis que les nuages s'amoncelent comme des rochers. On a observé que les froids en automne sont toujours suivis de pluies.
Signes de dégel. — Ce sont : la chute de la neige en gros flocons tandis que le vent souffle du sud ; les craquemens qui se font entendre dans la glace ; si le soleil paraît baigné d'eau, et les cornes de la lune émoussées ; si le vent tourne au sud on est très-changeant. On voit que ce sont en général !es mêmes indices que pour l'humidité. On a observé que si, oobre et novembre sont froids et neigeux, janvier et février sont doux.
Signes de sécheresse. — Le beau temps pendant une semaine, si le vent pendant ce temps
ne cesse d'être du midi, est généralement suivi d'une grande sécheresse. Lorsque le mois de février est très-pluvieux,
il en est de même du printemps et de l'été ; mais s'il est tout-à-fait beau, attendez-vous qu'une sécheresse
s'ensuivra.
Signes de grêle et de neige. — La neige et la grêle nous sont aussi annoncées par des indices. Les nuages d'un
blanc jaunâtre et qui marchent lentement, quoique le vent soit fort, sont un signe certain de grêle. Si, avant
le lever du soleil, le ciel vers l'est est pâle, et si les rayons réfraés se montrent dans des nuages épais,
attendez alors de grands orages avec grêle. Les nuages blancs, dans l'été, sont signe de grêle, mais dans l'hiver,
de neige, surtout quand l'air est un peu adouci. Au printemps et dans l'hiver, quand les nuages sont d'un blanc
bleuâtre et s'étendent beaucoup, on doit attendri du grésil, qui n'est autre chose qu'un brouillard congelé.
Indices des météores ignés. — Quand le temps est étouffant et que le sol se fend,
c'est toujours un présage que l'orage est proche ; dans l'été, quand le vent a soufflé du sud pendant deux
ou trois jours, que le thermomètre est élevé, et que les nuages forment de grands amas blancs, comme des montagnes
qui s'entassent les unes sur les autres, accompagnés de nuages noirs en, dessous, attendez de la pluie ou du tonnerre ;
si deux nuages de cette espèce apparaissent de deux côtés, il est temps de chercher un abri, car l'orage approche.
On a observé que c'est le vent du sud qui amène le plus d'orages, et le veut d'est qui en amène le moins.
Nouveaux Poids & Mesures Métriques.
NOMS. | VALEUR. | NOMS. | VALEUR. |
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Mesures itinéraires | Mesures de capacité : Pour les matières sèches | ||
Myriamètre | 10,000 mètres | Kilolitre | 1 mètre cube ou 1,000 décimètres cubes. |
Kilomètre | 1,000 mètres | Heolitre | 100 décimètres cubes. |
Décamètre | 10 mètres. | Décalitre | 10 décimètres cubes. |
Mètre | Unité fondamentale des poids et mesures et dix millionième partie du quart du méridien terrestre | Litre | Décimètre cube. |
Mesures de longueur. | Mesures de solidité. | ||
Décimètre | 10e de mètre | stère | Mètre cube. |
Centimètre. | 100e de mètre | Décistère | 10e de mètre cube. |
Millimètre | 1,000e de mètre. | ||
Poids. | |||
Mesures agraires. | Millier | 1.000 kilog. (poids du tonneau de mer). | |
Heare | 10,000 mètres carrés. | Quintal | 100 kilogrammes. |
Are | 100 mètres carrés | Kilogramme | Poids d'un décimètre cube d'eau à la température de 4° au-dessus de la glace fondante. |
Centiare | 1 mètre carré | ||
Mesures de capacité : Pour les liquides | |||
Décalitre | 10 décimètres cubes | Heogramme | 10e du kilogramme |
Litre | Décimètre cube | Décagramme | 100e du kilogramme. |
Décilitre | 10e de décimètre. cube | Gramme | 1,000e du kilogr. |
Décigramme | 10,000e du kilogr. |
Mesures de Longueurs.
Réduion des toises, pieds, pouces, en mètres
et décimales du mètre. |
Réduion des mètres en toises,
pieds, pouces et lignes. |
|||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Toise | Mètres | Pieds | Mètres | Po. | Mètres | Metr. | Toi. | Pi. | Po. | Lignes |
1 … | 1,94904 | 1 … | 0,32484 | 1 … | 0,02707 | 1 … | 0. | 3. | 0. | 11,296 |
2 … | 3,89807 | 2 … | 0,64968 | 2 … | 0,05414 | 2 … | 1. | 0. | 1. | 10,592 |
3 … | 5,84711 | 3 … | 0,97452 | 3 … | 0,08121 | 3 … | 1. | 3. | 2. | 9,888 |
4 … | 7,79615 | 4 … | 1,29936 | 4 … | 0,10828 | 4 … | 2. | 0. | 3. | 9,184 |
5 … | 9,74518 | 5 … | 1,62420 | 5 … | 0,13535 | 5 … | 2. | 3. | 4. | 8,480 |
6 … | 11,69422 | 6 … | 1,94904 | 6 … | 0,16242 | 6 … | 3. | 0. | 5. | 7,776 |
7 … | 13,64326 | 7 … | 2,27388 | 7 … | 0,18949 | 7 … | 3. | 3. | 6. | 7,072 |
8 … | 15,59229 | 8 … | 2,59872 | 8 … | 0,21656 | 8 … | 4. | 0. | 7. | 6,368 |
9 … | 17,54133 | 9 … | 2,92355 | 9 … | 0,24363 | 9 … | 4. | 3. | 8. | 5,664 |
10 … | 19,49037 | 10 … | 3,24839 | 10 … | 0,27070 | 10 … | 5. | 0. | 9. | 4,960 |
20 … | 38,98073 | 20 … | 6,49679 | 20 … | 0,29777 | 20 … | 10. | 1. | 6. | 9,920 |
30 … | 58,47110 | 30 … | 9,74518 | 30 … | 0,32484 | 30 … | 15. | 2. | 4. | 2,880 |
40 … | 77,96146 | 40 … | 12,99358 | 40 … | 0,35191 | 40 … | 20. | 3. | 1. | 9,840 |
50 … | 97,35183 | 50 … | 16,24197 | 50 … | 0,37898 | 50 … | 25. | 3. | 11. | 0,800 |
60 … | 116,94220 | 60 … | 19,49037 | 60 … | 0,40605 | 60 … | 30. | 4. | 8. | 5,760 |
70 … | 136,43256 | 70 … | 22,73876 | 70 … | 0,43312 | 70 … | 35. | 5. | 5. | 10,720 |
80 … | 155,92293 | 80 … | 25,98745 | 80 … | 0,46019 | 80 … | 41. | 0. | 3. | 3,680 |
90 … | 175,41329 | 90 … | 29,23555 | 90 … | 0,48726 | 90 … | 46. | 1. | 0. | 7,640 |
100 … | 194,90366 | 100 … | 32,48394 | 100 … | 0,54433 | 100 … | 51. | 1. | 10. | 1,600 |
Réduion des mètres, décimètres, centimètres et millimètres, en pieds, pouces lignes et décimales de la ligne. |
||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Mèt | Pi. | Po. | Lignes. | Déci. | Pi. | Po. | Lignes. | Cen. | Po. | Lignes. | Mil. | Lignes |
1 … | 3. | 0. | 11,296 | 1 … | 0. | 3. | 8,3296 | 1 … | 0. | 4,4330 | 1 … | 0,4433 |
2 … | 6. | 1. | 10,593 | 2 … | 0. | 7. | 4,6592 | 2 … | 0. | 8,8659 | 2 … | 0,8866 |
3 … | 9. | 2. | 9,888 | 3 … | 0. | 11. | 0,9888 | 3 … | 1. | 1,2989 | 3 … | 1,3299 |
4 … | 12. | 3. | 9,184 | 4 … | 1. | 2. | 9,3184 | 4 … | 1. | 5,7318 | 4 … | 1,7732 |
5 … | 15. | 4. | 8,480 | 5 … | 1. | 6. | 5,6489 | 5 … | 1. | 10,1648 | 5 … | 2,2165 |
6 … | 18. | 5. | 7,776 | 6 … | 1. | 10. | 1,9776 | 6 … | 2. | 2,5978 | 6 … | 2,6598 |
7 … | 21. | 6. | 7,072 | 7 … | 2. | 1. | 10,3072 | 7 … | 2. | 7,0307 | 7 … | 3,1031 |
8 … | 24. | 7. | 6,368 | 8 … | 2. | 5. | 6,6368 | 8 … | 2. | 11,4637 | 8 … | 3,5464 |
9 … | 27. | 8. | 5.664 | 9 … | 2. | 9. | 2,9664 | 9 … | 3. | 3,8966 | 9 … | 3.9897 |
10 … | 30. | 9. | 4,960 | 10 … | 3. | 0. | 11,2960 | 10 … | 3. | 8,3296 | 10 … | 4,4330 |
Réduion des toises carrées et cubes en mètres carrés et cubes. |
Réduion des pieds carrés et cubes en mètres carrés et cubes. |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Toises
carrées |
Mètres
cubes |
Toises
cubes |
Mètres
cubes |
Pieds
carrés |
Mètres
carrés |
Pieds
cubes |
Mètres
cubes |
1 … | 3,7987 | 1 … | 7,4039 | 1 … | 0,1055 | 1 … | 0,03428 |
2 … | 7,5975 | 2 … | 14,8078 | 2 … | 0,2110 | 2 … | 0,06855 |
3 … | 11,3962 | 3 … | 22,2117 | 3 … | 0,3166 | 3 … | 0,10283 |
4 … | 15,1950 | 4 … | 29,6156 | 4 … | 0,4221 | 4 … | 0,13711 |
5 … | 18,9937 | 5 … | 37,0195 | 5 … | 0,5276 | 5 … | 0,17439 |
6 … | 22,7925 | 6 … | 44,4233 | 6 … | 0,6331 | 6 … | 0,20566 |
7 … | 26,5912 | 7 … | 51,8272 | 7 … | 0.7386 | 7 … | 0,23994 |
8 … | 30,3899 | 8 … | 59,2311 | 8 … | 0.8442 | 8 … | 0,27422 |
9 … | 34,1387 | 9 … | 66,6350 | 9 … | 0,9497 | 9 … | 0,30850 |
10 … | 37,9874 | 10 … | 74,0389 | 10 … | 1,0552 | 10 … | 0,34277 |
Réduion des mètres carrés et cubes en toises carrées et cubes. |
Réduion des mètres carres et cubes en pieds carrés et cubes. |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Mètres
carrés |
Toises
carrées |
Mètres
cubes |
Toises
cubes |
Mètres
carrés |
Pieds
carrés |
Mètres
cubes |
Pieds
cubes |
1 … | 0,2632 |
1 … | 0,1351 |
1 … | 9,48 | 1 … | 29,17 |
2 … | 0,5265 | 2 … | 0,2701 | 2 … | 18,95 | 2 … | 58,35 |
3 … | 0,7897 | 3 … | 0,4052 | 3 … | 28,43 | 3 … | 87,52 |
4 … | 1.0530 | 4 … | 0,5403 | 4 … | 37,91 | 4 … | 116,70 |
5 … | 1,3162 | 5 … | 0,6753 | 5 … | 47,38 | 5 … | 145,87 |
6 … | 1,5795 | 6 … | 0,8104 | 6 … | 56,86 | 6 … | 175,04 |
7 … | 1,8427 | 7 … | 0,9454 | 7 … | 66,34 | 7 … | 204,22 |
8 … | 2,1060 | 8 … | 1,0805 | 8 … | 75,81 | 8 … | 233,39 |
9 … | 2,3692 | 9 … | 1,2156 | 9 … | 85,29 | 9 … | 262,56 |
10 … | 2,6324 | 10 … | 1,3506 | 10 … | 94,77 | 10 … | 291,74 |
Mesures Agraires.
La perche des eaux et forêts avait 22 pieds de côté.
L'arpent des eaux et forêts était composé de 400 perches de 22 pieds.
La perche de Paris avait 18 pieds de côté.
L'arpent de Paris était composé de 400 perches de 18 pieds.
L'are ou perche métrique est un carré de 10 mètres de côté, qui comprend 100 mètres carrés.
L'heare ou l'arpent métrique se compose de 100 ares, ou de 10,000 mètres carrés.
Pieds carrés. | Toises carrées | Mètes carrés. | |
---|---|---|---|
Perche des eaux et forêts
|
484 | 13,44 | 51,07 |
Arpent des eaux et forêts
|
48400 | 1344,44 | 5107,20 |
Perche de Paris
|
324 | 9 | 34,19 |
Arpent de Paris
|
32400 | 900 | 3418,87 |
Are
|
947,7 | 26,32 | 100 |
Heare
|
94768,2 | 2632,45 | 10000 |
Arpens de 100 perch. carrées, la perche de 18 p. linéaires. |
Arpens de 100 perch. carrées, la perche de 22 p. linéaires |
Réduion des heares en arpens de 18 pieds la perche. |
Réduion des heares en arpens de 22 pieds la perche. |
||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Arpens | Heares | Arpens | Heares | Heares | Arpens | Heares | Arpens |
1 … | 0,3419 | 1 … | 0,5107 | 1 … | 2,9249 | 1 … | 1,9580 |
2 … | 0,6838 | 2 … | 1,0214 | 2 … | 5,8499 | 2 … | 3,9160 |
3 … | 1,0257 | 3 … | 1,5322 | 3 … | 8,7748 | 3 … | 5,8741 |
4 … | 1,3675 | 4 … | 2,0429 | 4 … | 11,6998 | 4 … | 7,8321 |
5 … | 1,7094 | 5 … | 2,5536 | 5 … | 14,6247 | 5 … | 9,7901 |
6 … | 2,0513 | 6 … | 3,0543 | 6 … | 17,5397 | 6 … | 11,7481 |
7 … | 2,3932 | 7 … | 3,5750 | 7 … | 20,4746 | 7 … | 13,7061 |
8 … | 2,7351 | 8 … | 4,0858 | 8 … | 23,3995 | 8 … | 15,6642 |
9 … | 3,0770 | 9 … | 4,5965 | 9 … | 26,3245 | 9 … | 17,6222 |
10 … | 3,4189 | 10 … | 5,1072 | 10 … | 29,2494 | 10 … | 19,5802 |
100 … | 34,4887 | 100 … | 51,0720 | 100 … | 292,4944 | 100 … | 195,8020 |
1000 … | 341,8869 | 1000 … | 510,7199 | 1000 … | 2924,9437 | 1000 … | 1958.0201 |
Poids et Mesures de Capacité.
Réduion des kilogrammes en livres et décimales de la livre. |
Réduion des grammes en grains et décimales du grain. |
Réduion des décigrammes en grains et décimales du grain. |
|||
---|---|---|---|---|---|
Kilogr. | 1ivres. | gramm. | grains | decigr. | grains |
1 … | 2,0429 | 1 … | 18,8 | 1 … | 1,9 |
2 … | 4,0858 | 2 … | 37,6 | 2 … | 3,8 |
3 … | 5,1286 | 3 … | 56,5 | 3 … | 5,6 |
4 … | 8,1715 | 4 … | 75,3 | 4 … | 7,5 |
5 … | 10,2144 | 5 … | 94,1 | 5 … | 9,4 |
6 … | 12,2573 | 6 … | 113,0 | 6 … | 11,3 |
7 … | 14,3001 | 7 … | 131,8 | 7 … | 13,2 |
8 … | 16,3430 | 8 … | 150,6 | 8 … | 15,1 |
9 … | 18,3859 | 9 … | 169,4 | 9 … | 16,9 |
10 … | 20,4288 | 10 … | 188,3 | 10 … | 18,8 |
Réduions des heolitres en setiers, et des setiers
en heolitres, le setier étant de 12 boisseaux anciens, et le boisseau de 13 litres. |
Conversion des anciens poids en nouveaux. | ||||
---|---|---|---|---|---|
Heolit. | Setiers. | Setiers. | Heolitres. | Grains. | Grammes. |
1 … | 0,641 | 1 … | 1,56 | 10 … | 0,53 |
2 … | 1,282 | 2 … | 3,12 | 20 … | 1,08 |
3 … | 1,923 | 3 … | 4,68 | 30 … | 1,59 |
4 … | 2,564 | 4 … | 6,24 | 40 … | 2,12 |
5 … | 3,205 | 5 … | 7,80 | 50 … | 2,66 |
6 … | 3,846 | 6 … | 9,36 | 60 … | 3,19 |
7 … | 4,487 | 7 … | 10,92 | 70 … | 3,72 |
8 … | 5,128 | 8 … | 12,48 |
Gros.
|
|
9 … | 5,769 | 9 … | 14,04 | 1 … | 3,82 |
10 … | 6,419 | 10 … | 15,60 | 2 … | 7,65 |
Le poids moyen de l'heolitre de froment est de 75 kil.
|
3 … | 11,17 |
Suite de la conversion des Anciens poids en nouveaux
Gros | Grammes | Onces | Grammes | Livres | Kilogrammes |
---|---|---|---|---|---|
4 … | 15,30 | 6 … | 183,56 | 1 … | 0,4895 |
5 … | 19,12 | 7 … | 214,16 | 2 … | 0,9790 |
6 … | 22,94 | 8 … | 244,75 | 3 … | 1,4635 |
7 … | 26,77 | 9 … | 275,35 | 4 … | 1,9580 |
8 … | 30,59 | 10 … | 305,94 | 5 … | 2,4475 |
Onces | 11 … | 336,53 | 6 … | 2,9370 | |
1 … | 30,59 | 12 … | 367,14 | 7 … | 3,4265 |
2 … | 61,19 | 13 … | 397,73 | 8 … | 3,9160 |
3 … | 91,78 | 14 … | 428,33 | 9 … | 4,4056 |
4 … | 122,38 | 15 … | 458,91 | 10 … | 4,8951 |
5 … | 152,97 | 16 … | 489,51 | 100 … | 48,9506 |
Conversion des nouveaux poids en anciens.
Gramm. | Liv. | Onc. | Gros. | Grain. | Kilogr. | Liv. | Onc. | Gros. | Grain. | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 … | 0. | 0. | 0. | 19 | 1 … | 2. | 0. | 5. | 35,15 | |
2 … | 0. | 0. | 0. | 38 | 2 … | 4. | 1. | 2. | 70 | |
3 … | 0. | 0. | 0. | 56 | 3 … | 6. | 2. | 0. | 33 | |
4 … | 0. | 0. | 1. | 30 | 4 … | 8. | 2. | 5. | 69 | |
5 … | 0. | 0. | 1. | 22 | 5 … | 10. | 3. | 3. | 32 | |
6 … | 0. | 0. | 1. | 41 | 6 … | 12. | 4. | 0. | 67 | |
7 … | 0. | 0. | 1. | 60 | 7 … | 14. | 4. | 6. | 30 | |
8 … | 0. | 0. | 2. | 70 | 8 … | 16. | 5. | 3. | 65 | |
9 … | 0. | 0. | 2. | 25 | 9 … | 18. | 6. | 1. | 28 | |
10 … | 0. | 0. | 2. | 44 | 10 … | 20. | 6. | 6. | 64 | |
20 … | 0. | 0. | 3. | 17 | 20 … | 40. | 13. | 5. | 55 | |
30 … | 0. | 0. | 7. | 61 | 30 … | 61. | 4. | 4. | 47 | |
40 … | 0. | 1. | 2. | 33 | 40 … | 81. | 11. | 3. | 38 | |
50 … | 0. | 1. | 5. | 50 | 50 … | 102. | 2. | 2. | 30 | |
60 … | 0. | 1. | 7. | 50 | 60 … | 122. | 9. | 1. | 21 | |
70 … | 0. | 2. | 2. | 22 | 70 … | 143. | 0. | 0. | 13 | |
80 … | 0. | 2. | 4. | 66 | 80 … | 163. | 6. | 7. | 40 | |
90 … | 0. | 2. | 7. | 38 | 90 … | 183. | 13. | 5. | 68 | |
100 … | 0. | 3. | 2. | 11 | 100 … | 204. | 4. | 4. | 59 | |
200 … | 0. | 6. | 4. | 21 |
Multipliez le prix du kilogramme par 0,4895, Multipliez le prix de la livre par 2,0429, |
|||||
300 … | 0. | 9. | 6. | 32 | ||||||
400 … | 0. | 13. | 0. | 43 | ||||||
500 … | 1. | 0. | 2. | 53 | ||||||
600 … | 1. | 3. | 4. | 64 | ||||||
700 … | 1. | 6. | 7. | 30 | ||||||
800 … | 1. | 10. | 1. | 13 | ||||||
900 … | 1. | 13. | 3. | 24 | ||||||
1000 … | 2. | 0. | 5. | 35 |
Les Monnaies
— L'unité monétaire, le franc, est assujettie au système général des mesures prises dans la nature : elle
se subdivise en décimes et en centimes.
— Les monnaies d'or de France contiennent, ainsi que celles d'argent, un dixième d'alliage et neuf dixièmes de
métal pur. En général, le titre est 0,900.
— La tolérance du titre, soit en dessus, soit en dessous, est 2 millièmes sur l'or, 3 millièmes sur l'argent.
Poids des pièces de monnaies en grammes.
Pièces de 40 francs | 12 gr. 90322 |
Pièce de 20 francs | 6 gr. 45161 |
Pièce de 5 francs | 25 gr. 000 |
Les pièces de 40 fr. ont 26 millimètres de diamètre, celles de 20 fr. ont 21 millimètres ; de sorte que 34
pièces de 20 fr. et 11 de 40 fr., mises l'une à côté de l'autre, donneront la longueur du mètre.
La proportion de l'or à l'argent est de 15,5 à 1. | ||
fr. |
c. |
|
Le kilogramme d'or pur se paie sans retenue | 3444, |
44,444 |
Et aux changes des monnaies, il est payé | 3434, |
44,444 |
Au titre de 0,900, il vaut sans retenue | 3100, |
00 |
Et avec la retenue faite aux changes | 3091, |
00 |
Le kilogramme d'argent pur se paie sans retenue | 222, |
22,222 |
Et aux changes il est payé | 218, |
88,889 |
Au titre de 0.900. il vaut sans retenue | 208, |
30 |
Et avec sa retenue faite aux changes | 197, |
00 |
Monnaies Anciennes.
Pièces d'or droites de poids |
Pièces d'argent droites de poids |
sous | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
30 |
10,1366 |
660 | ||||||
15 |
5,0683 |
660 | ||||||
livr. |
grammes. |
Titres |
livr. |
grammes. |
titres |
24 |
5,89766 |
] |
18 |
15,29706 |
901 |
6 |
29,4883 |
906 |
12 |
2,94883 |
] à 906 |
24 |
7,64853 |
901 |
3 |
14,74415 |
906 |
6 |
1,474415 |
] |
Des monnaies françaises employées comme poids
Nous devons à M. PHELIPT, membre correspondant à Bordeaux, un moyen ingénieux de constater le poids des objets achetés chez les marchands détaillistes. Ce moyen consiste dans l'emploi des monnaies françaises, considérées sous le rapport de leur pesanteur. Ce travail ne peut manquer d'être apprécié et d'avoir d'utiles applications.
Les monnaies françaises sont au nombre de onze, savoir
3 en cuivre | Pièce de 10 centimes (2 sols), pèse | 20 grammes. |
---|---|---|
Idem de 5 centimes (1 sol) | 10 | |
Id. de 1 centime | 2 | |
1 en billon (cf.1) | Id. de 10 centimes (2 sols). | 2 |
5 en argent. | Id. de 5 francs . | 25 grammes |
Id. de 2 francs | 10 | |
Id. de 1 franc. | 5 | |
Id. de 1/2 franc (50 cent, ou 10 sols) | 2,50 | |
Id. d'un 1 /4 de franc (25 cent. ou 5 sols) | 1,25 | |
2 en or | Id. de 40 francs | 42,9032 |
Id. de 20 francs | 6,4516 |
D'après le poids de ces monnaies, le rapport des métaux monnaies est :
Le cuivre au billon, comme 1 est à 10 ; à l'argent, comme 1 est à 40 ; à l'or, comme 1 est à 620.
Le billon à l'argent, comme 1 est à 4 ; à l'or, comme 1 est à 62.
L'argent à l'or, comme 1 est à 15 1/2.
Ainsi,
10,000 |
grammes | ( 1 myriag. ) |
valent |
50 |
f. en cuivre | 500 |
f. en billon | 2.000 |
f. en arg. | 31.000 |
f. en or |
1,000 |
( 1 kilog. ) |
" |
5 |
50 |
200 |
3.100 |
|||||
100 |
( 1 heog. ) |
" |
0 |
50 c. | 5 |
20 |
310 |
||||
10 |
( 1 décag. ) |
" |
0 |
05 | 0 |
50 c. | 2 |
31 |
|||
1 |
( 1 gramme) |
" |
0 |
005 | 0 |
05 | 0 |
20 c. | 3 |
||
0 |
1 | ( 1 decig. ) |
" |
0 |
0005 | 0 |
005 | 0 |
02 | 0 |
10 c. |
0 |
01 | ( 1 centig. ) |
" |
0 |
00005 | 0 |
0005 | 0 |
002 | 0 |
31 |
0 |
001 | ( 1 millig. ) |
" |
0 |
000005 | 0 |
00005 | 0 |
0002 | 0 |
031 |
Il n'est guère de ménages, surtout dans les campagnes, qui n'aient une paire de petites balances ; mais souvent ces balances sont démunies de poids, et surtout de poids métriques ; ou bien ces poids sont plus ou moins altérés par le temps et par l'usage. Le tableau qui suit démontre que les monnaies nouvelles peuvent servir de poids ; en descendant jusqu'au tiers du gros (24 grains), on peut même n'employer que les monnaies d'argent.
Tableau comparatif des monnaies d'argent nouvelles aux poids métriques.
2 000 | f. pèsent | 10,000 | gram. | ( 10 Kilog. ) | ou 20 | liv. nouvelles | ||||||
1000 | 5,000 | ( 5,0 id.) | 10 | id. |
||||||||
900 | 4,500 | ( 4,5 id.) | 9 | id. |
||||||||
800 | 4,000 | ( 4,0 id. ) | 8 | id. |
||||||||
700 | 3,500 | (3,5 id. ) | 7 | id. |
||||||||
600 | 3,000 | (3,0 id. ) | 6 | id. |
||||||||
500 | 2,500 | (2,5 id. ) | 5 | id. |
||||||||
400 | 2,000 | (2,0 id. ) | 4 | id. |
||||||||
300 | 1,500 | (1,5 id. ) | 3 | id. |
||||||||
200 | 1,000 | (1,0 id. ) | 2 | id. |
||||||||
100 | 500 | (0,5 heo.) | 1 | livre ou |
16 | onces nouvelles |
||||||
75 | 325 | 3/4 | de livre ou |
12 | id. |
|||||||
50 | 250 | 1/2 | id. |
8 | id. |
|||||||
25 | 125 | 1/4 | id. |
4 | id. |
|||||||
12 | 50 c. |
62 | ,50 |
1/8 | id. |
2 | id. |
|||||
6 | 25 |
31 | ,25 |
1/16 | id. |
1 | once ou | 8 | gros | ou |
576 grains | |
5 | 50 |
27 | ,50 |
7/8 | id. |
7 | id. |
(fort) |
507 | |||
4 | 75 |
23 | ,75 |
3/4 | id. |
6 | id. |
(id.) |
437 | |||
3 | 75 |
18 | ,75 |
5/8 | id. |
5 | id. |
(id.) |
368 | |||
3 | 15 | ,00 |
1/2 | id. |
4 | id. |
(faible) |
277 | ||||
2 | 25 |
11 | ,25 |
3/8 | id. |
3 | id. |
(id.) |
208 | |||
1 | 50 |
7 | ,50 |
1/4 | id. |
2 | id. |
(id.) |
132 | |||
0 | 75 |
3 | ,75 |
1/8 | id. |
1 | id. |
(id.) |
69 | |||
0 | 50 |
2 | ,50 |
2/3 | id. |
(id.) |
46 | |||||
0 | 25 |
1 | ,25 |
1/3 | id. |
(id.) |
23 |
On peut descendre encore plus bas ; par exemple, la différence du poids de (cf.2) sols en billon à 15 sols argent, est de 0 gr. 25 centig., qui répond a environ (cf.2) grains 1/2, etc.
Mais on peut se borner an tableau ci-dessus.
Il est inutile d'observer qu'on doit faire choix des monnaies les moins usées, surtout quand il s'agit de poids minimes.
Nota. Les pièces d'or de 40 f. ayant 26 millimètres, et celles de 20 f., 21 millimètres, il suit que 32 pièces de 40 f., plus 8 pièces de 20 f., mises à la file et en ligne droite, donnent la longueur du mètre (32 x 26 + 8 x 21 = 1000 ) ; que 16 pièces de 40 f. plus, 4 pièces de 20 f., donnent par conséquent le demi-mètre ou 500 millimètres ; que 8 pièces de 40 f., plus, 2 pièces de 20f., donnent le quart de mètre, ou 250 millimètres ; enfin, que 4 pièces de 40 f. et 1 pièce de 10 f. donnent le huitième du mètre, ou 125 millimètres.
Conversion des Monnaies Anciennes et Nouvelles.
Tarif des pièces d'or | Tarif des écus | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
de 24 livres. | de 48 livres. | de 3 livres. | de 6 livres. | ||||
Pièces. | fr. c. | Pièces. | fr. c. | Ecus. | fr. c. | Ecus. | fr. c. |
1 …… | 23 55 | 1 …… | 47 80 | 1 …… | 2 75 | 1 …… | 5 80 |
2 …… | 47 10 | 2 …… | 94 40 | 2 …… | 5 50 | 2 …… | 11 60 |
3 …… | 70 65 | 3 …… | 141 60 | 3 …… | 8 25 | 3 …… | 17 40 |
4 …… | 94 80 | 4 …… | 188 80 | 4 …… | 11 00 | 4 …… | 23 20 |
5 …… | 117 75 | 5 …… | 236 00 | 5 …… | 13 75 | 5 …… | 29 00 |
6 …… | 141 30 | 6 …… | 283 20 | 6 …… | 16 50 | 6 …… | 34 80 |
7 …… | 164 85 | 7 …… | 330 40 | 7 …… | 19 25 | 7 …… | 40 60 |
8 …… | 188 40 | 8 …… | 377 60 | 8 …… | 22 00 | 8 …… | 46 40 |
9 …… | 211 95 | 9 …… | 424 80 | 9 …… | 24 75 | 9 …… | 52 20 |
10 …… | 235 50 | 10 …… | 472 00 | 10 …… | 27 50 | 10 …… | 58 00 |
20 …… | 471 00 | 20 …… | 944 00 | 20 …… | 55 00 | 20 …… | 116 00 |
30 …… | 706 50 | 30 …… | 1,416 00 | 30 …… | 82 50 | 30 …… | 174 00 |
40 …… | 942 00 | 40 …… | 1,888 00 | 40 …… | 110 00 | 40 …… | 232 00 |
50 …… | 1,177 50 | 50 …… | 2,360 00 | 50 …… | 137 50 | 50 …… | 290 00 |
60 …… | 1,413 00 | 60 …… | 2,832 00 | 60 …… | 165 00 | 60 …… | 348 00 |
70 …… | 1,648 50 | 70 …… | 3,304 00 | 70 …… | 192 50 | 70 …… | 406 00 |
80 …… | 1,884 00 | 80 …… | 3,776 00 | 80 …… | 220 00 | 80 …… | 464 80 |
90 …… | 2,119 50 | 90 …… | 4,248 00 | 90 …… | 247 50 | 90 …… | 522 00 |
100 …… | 2,355 00 | 100 …… | 4,720 00 | 100 …… | 275 00 | 100 …… | 580 00 |
(1) Billon : alliage d'argent et de cuivre dans lequel la proportion de cuivre dépasse 50%. Selon la proportion, on parlait de bas ou mauvais billon ou billon noir, ou de bon billon ou billon blanc. Le terme désignait aussi autrefois le métal apporté à l'atelier pour y être monnayé. (Note DN)
(2) = valeur illisible. (Note DN)
Notions d'Hygiène.
Des habitations
Des vêtemens.
Des alimens et boissons.
Sociétés de tempérance.
Hygiène de l'enfance, sevrage.
Hygiène des ouvriers, des cultivateurs.
L'hygiène est la science qui enseigne les précautions à prendre dans les diverses situations de la vie, pour conserver sa santé. Ces précautions sont principalement relatives au logement, aux vêtemens, à la nourriture et aux professions.
Des habitations.
Il serait important que l'emplacement des maisons fût déterminé par des considérations de salubrité ; mais cela est impossible. Quelquefois le hasard, souvent des intérêts généraux ou individuels, ont donné lieu à la situation des villes, des villages et des habitations particulières. Il serait à désirer qu'elles fussent placées sur des lieux élevés ; l'air y serait plus vif et plus sec, il s'y renouvellerait plus facilement, et les émanations marécageuses se dissiperaient avec promptitude. Il souviendrait aussi que les rues et les maisons soient orientées de façon à offrir un libre accès à l'air et aux rayons solaires. Mais ce que nous devons notamment recommander, comme d'une plus facile exécution, c'est :
1e De multiplier les fenêtres dans toutes les habitations, de manière à y laisser pénétrer l'air lorsqu'il est sain et sec, et la lumière en tout temps. On ne comprend pas pourquoi la plupart des habitations rustiques n'ont d'autres ouvertures qu'une croisée presque imperceptible et une porte qui par conséquent doit toujours demeurer ouverte au grand détriment de la salubrité des lieux.
2e De donner aux maisons un niveau plus élevé que celui des rues, cours ou jardins environnans, et d'en former le sol de matériaux secs, recouverts de carreaux, de dalles, de pavés et mieux de planches.
3e De ne pas faire communiquer les étables avec les chambres où couchent les habitans, ni placer trop près des ouvertures les trous à fumiers dont les exhalaisons sont toujours malsaines.
Des vêtemens.
Le choix des vêtemens dépend beaucoup de l'habitude. Ceux de lin ou de chanvre sont doux sur la peau, et doivent être exclusivement employés pour recouvrir les parties enflammées et pour faire de la charpie ; mais ils s'imprègnent facilement de sueur, la retiennent, et font alors éprouver une sensation de froid qui devient nuisible lorsqu'on ne peut pas en changer avant ce refroidissement. Les étoffes de coton conviennent pour les saisons et les climats froids, par la faculté qu'elles ont de concentrer la chaleur et de déterminer une légère irritation à la peau. La laine possède ces qualités à un haut degré, et de plus favorise la transpiration qu'elle laisse échapper sous forme de vapeur et sans la condenser ; au reste, portée sur la peau, elle peut avoir des inconvéniens par l'excitation trop grande qu'elle lui cause ; elle convient en général aux personnes grasses, à celles dont les organes sont frappée d'atonie, qui mènent une vie sédentaire, aux convalescens et aux personnes faibles, chez lesquelles il faut donner du ton aux organes et empêcher la chaleur de se perdre. En tous cas, ces vêtemens sont d'autant plus avantageux que la saison ou le climat sont plus froids ou plus humides.
Il est très-dangereux de porter des vêtemens trop serrés, et de découvrir complétement certaines parties du corps soit au soleil, soit au vent, ce qui peut occasioner des coups de soleil ou des transpirations arrêtées. Lorsqu'on travaille au dehors, la tête doit être couverte d'une coiffure ample et légère ; les mouvemens du corps et les pieds doivent être libres dans les vêtemens et les chaussures.
La propreté du corps et des habitations est une des premières conditions du maintien de la santé. Il est inexcusable de la part des habitans de la campagne de ne pas se baigner, lorsque la saison le permet, dans une eau limpide et courante, et, quand il fait froid, de ne pas se laver tout le corps de temps en temps, le visage et les mains chaque jour.
Des alimens et boissons.
L'abus des liqueurs fermentées, des assaisonnemens, l'usage pernicieux quoique généralement répandu, de boire, après un potage chaud, un verre de vin, ou pendant qu'on fume, sont autant d'habitudes que doit fuir celui qui est jaloux de conserver ses dents. L'usage de la pipe noircit et use également les dents. L'habitude de chiquer, de même que celle de la pipe, a le grave inconvénient d'exciter la sécrétion des glandes salivaires, hors le temps de la mastication ; de les rendre moins sensibles à l'aion des alimens, d'amaigrir le malade par l'épuisement qu'entraîne après soi une perte de substance quelquefois considérable, et d'amener des irritations pulmonaires et gastriques dangereuses.
On ne peut proscrire ni recommander direement aucune sorte d'aliment, ni de boisson ; leur usage modéré les rend seuls bienfaisans, et si les aliment sont pris en quantité modérée, ils font éprouver un sentiment de bien-être général ; si au contraire, flattés par la variété et le goût des mets, nous poussons l'ingestion des alimens au-delà de nos besoins, l'estomac refoule les poumons et rend la respiration pénible ; les muscles sont dans un état d'affaissement général, et le cerveau éprouve une espèce d'engourdissement ; la digestion, pour s'opérer, exige de la part de l'estomac le déploiement d'une énergie considérable ; et, malgré tous ses efforts, il ne laisse pénétrer dans les intestins qu'un chyle mal élaboré, peu réparateur et irritant. Si nous nous livrons habituellement à cette intempérance, les selles deviennent abondantes et sans cohésion, l'individu maigrit, et finit par succomber à une affeion désorganisatrice des organes digestifs. Pris en trop petite quantité, l'homme éprouve de la faiblesse et de l'épuisement ; le trop ou le trop peu amène les mêmes désordres.
L'alimentation doit être constamment en rapport dire avec les pertes éprouvées par l'organisation ; ainsi celui qui mène une vie aive devra consommer davantage que l'homme dont les occupations sédentaires l'obligent à peu de mouvemens. Il faut donner à l'estomac des alimens lorsque le besoin te fait ressentir, et cesser de manger ; aussitôt que le sentiment de la faim est apaisé.
L'eau est le dissolvant et la boisson par excellence ; quelques liqueurs fermentées de bonne qualité, notamment le vin, le cidre, la bière, prises modérément, sont aussi des boissons très-bienfaisantes. Quant à l'eau-de-vie et aux liqueurs, elles sont eu général toniques, mais leur usage est pernicieux, surtout prises à jeun : on doit en proscrire l'usage. L'effet de toutes les boissons alcooliques est le même ; elles produisent l'ivresse, et anéantissent momentanément le plus bel attribut de l'homme, la raison. On ne doit attendre aucun sentiment généreux d'un ivrogne ; toutes ses facultés sont abruties ; il est sujet à des tremblemens, à des indispositions plus ou moins graves ; enfin une mort prématurée vient lui enlever le dernier souffle d'une vie usée par les excès.
L'eau et les boissons fermentées sont nuisibles hors des repas, surtout pendant les grandes chaleurs, et l'on ne saurait trop recommander aux ouvriers et aux moissonneurs d'user dans ce cas des boissons acidulées, désignées sont le nom de piquettes, ou mieux d'un mélange d'eau, d'ean-de-vie ou de mélasse ou sucre, dans la proportion d'une cuillerée d'eau-de-vie et une cuillerée de mélasse par litre d'eau.
Sociétés de tempérance.
Les États-Unis ont donné depuis quelques années l'exemple d'une réforme bien importante dans l'abus des liqueurs fortes, devenues l'une des plus impérieuses nécessités de la vie dans toute l'étendue de l'Union : les choses en étaient venues au point, qu'avant 1828,72 millions de gallons (2,592,000 heolitres ) de liqueurs spiritueuses suffisaient à peine par année à une population de 12 millions d'âmes.
La Société américaine de tempérance, qui s'est formée en 1826, après avoir prouvé que plus de 40,000 personnes, mouraient annuellement, dans les états de l'Union, par suite de l'abus de liqueurs fortes, et que cet abus détruisait en outre une somme énorme de valeurs capitales qui pourraient recevoir une destination plus avantageuse, a poursuivi avec aivité le but qu'elle s'était proposé, en dirigeant partout des agens pour éclairer la population sur ses funestes habitudes. Cette honorable institution obtient de jour en jour plus de succès ; et, au mois d'août 1830, il y avait déjà plus de 1,600 Sociétés fondées sur les mêmes principes dans les divers états, et qui comptaient au moins 160,000 membres.
Ces Sociétés ont été formées par des fermiers, des ouvriers, des femmes, des enfans en apprentissage, des hommes de couleur, des matelots, etc. Il en est résulté qu'un grand nombre de distillateurs et de débitans de liqueurs fortes ont été contraints de cesser leur commerce, que la consommation de ces liqueurs a diminué de plus de 60 p. %, ce qui produit par année une économie de 2,000,000 de dollars (10,840,000 f.), et qu'enfin plus de 700 personnes adonnées avec excès à la boisson ont en moins de trois années abandonné cette honteuse pratique, avec une amélioration notable dans leur état moral et physique. Des Sociétés de ce genre se tout également fondées en Irlande et en Écosse, et y ont obtenu le même succès.
Hygiène de l'enfance, sevrage.
Dans l'enfance, les fonions qui jouissent de plus d'aivité, et qui, par conséquent sont plus susceptibles d'être troublées, sont celles des organes digestifs et de la tête : aussi est-ce à cet âge qu'on rencontre une très-grande quantité de maladies inflammatoires de ces organes. L’accroissement du corps étant la principale fonion de l'enfant, il ne faut pas s'étonner qu'il en soit ainsi, et le travail de la dentition explique comment le cerveau devient si souvent le siège de fluxions et de maladies nombreuses souvent très-dangereuses, il convient donc de tenir un compte rigoureux de ces dispositions, et d'en contre-balancer les effets par le soin qu'on apportera dans le choix des alimens, et à soustraire le cerveau à toutes les causes générales d'excitation.
L'enfant doit être présenté au sein de la mère quelques heures après sa naissance ; on ne doit pas attendre, comme on le dit communément, que la fièvre de lait se déclare. Le premier lait est séreux et légèrement laxatif ; il fait rendre à l'enfant le meconium, et remplace avantageusement les purgatifs que l'on mettait autrefois en usage. L'enfant sera présenté au sein de la mère à plusieurs reprises dans le jour, mais on devra l'habituer de suite à ne point têter à toute heure de la nuit. Aussitôt que l'enfant aura cessé de têter, dans les premières semaines de la vie, on lui fera prendre un peu d'eau sucrée tiède, pour faciliter la digestion du lait.
L'époque du sevrage est indiquée par l'apparition des dents ; c'est ordinairement à la fin de la première année qu'on peut cesser l'allaitement ; cependant il ne peut y avoir aucune règle fixe à établir sur ce point. Lorsque la mère veut sevrer, dans son intérêt et dans celui de l'enfant, on ne doit pas interrompre l'allaitement d'une manière brusque. Chaque jour elle doit ajouter une nouvelle quantité d'aliment au lait qu'elle donne. Alors, les organes digestifs de l'enfant s'accoutument à une nourriture nouvelle et plus substantielle, et la sécrétion laiteuse étant moins sollicitée chez la mère, diminue progressivement. La mauvaise habitude dans laquelle on est de sevrer trop brusquement occasione à l'enfant des indigestions, des vomissemens, du dévoiement ; même l'inobservance des préceptes que nous indiquons, a souvent conduit au tombeau une foule d'enfans.
Lorsque la mère cherche à sevrer, on devra lui faire prendre plus d'exercice que pendant le temps de l'allaitement, diminuer la quantité des alimens, et les choisir parmi ceux qui sont peu substantiels ; ces moyens suffisent ordinairement. Si cependant la pléthore était considérable, il faudrait recourir à une évacuation sanguine.
Hygiène des ouvriers, des cultivateurs.
De toutes les conditions dans lesquelles l'homme se trouve placé, il n'en est point qui modifie plus puissamment
son organisation que la profession à laquelle son existence est attachée. Il est des habitudes qui ne reconnaissent
d'autre origine que la profession que nous exerçons ; et souvent de ces habitudes découlent une foule de
maladies ignorées de ceux qui exercent une autre profession.
Le travail est la loi commune à tous les hommes ; il ne peut donc qu'être utile à la santé de celui qui ne
souffre pas, parce qu'il développe son énergie ; mais il peut, devenir nuisible lorsqu'il est dirigé dans
une voie qui ne convient pas à la force ou au tempérament. Les règles de conduite doivent donc varier selon les
différentes occupations de l'homme : autres elles seront pour les cultivateurs et les ouvriers habitués à
un grand exercice, à des travaux durs qui les tiennent continuellement debout et sa grand air ; antres pour
les artisans qui sont continuellement renfermés dans des ateliers, qui travaillent assis et n'exercent que quelques-uns
de leurs membres ; autres encore pour les hommes de cabinet dont le travail d'esprit est la principale occupation,
et qui par conséquent donne très-peu d'aivité à leur corps.
Disons, d'une manière générale, qu'il est toujours avantageux, dans le repos ou les distraions qu'on prend, d'exercer les facultés qui sont la plus privées d'aivité dans nos occupations habituelles, de manière à rétablir autant que possible l'équilibre entre toutes nos facultés.
Médecine Domestique
Précautions à prendre au début des maladies
Soins à donner aux noyés
Soins à donner en cas d'asphyxie
Soins à donner aux femmes enceintes
Précautions et traitemens contre le choléra et les épidémies
Soins et traitement en cas d'empoisonnement
Tableau des poisons et contre-poisons
Empoisonnement par les champignons
Soins et précautions contre la rage et les morsures de serpens, etc.
Précautions à prendre au début des maladies.
Dès qu’on éprouve une légère indisposition, les atteintes d’une maladie, ou qu’on ressent des attaques de la fièvre, il faut garder le repos, se mettre à la diète, c'est-à-dire ne rien manger, boire une tisane rafraîchissante et délayante, telle que de la limonade ou de l'eau d'orge ou de gomme sucrée ou miellée, et joindre à ce traitement simple des lavemens d'eau tiède.
Ces moyens simples suffisent la plupart du temps pour guérir les indispositions légères, et souvent pour prévenir et faire avorter des maladies graves.
Soins à donner aux noyés.
On doit porter des secours aux noyés, tant que la rigidité cadavérique n'est pas survenue. A cet effet, on commence par soustraire l'individu au froid si la saison est rigoureuse, et, quelle que soit la saison, on doit transporter immédiatement le noyé dans le lieu où les secours peuvent lui être prodigués.
On le déshabille, on l'essuie, on le pose sur un plan légèrement incliné, la tète en bas, et on le place sur le côté, afin de faciliter la sortie des liquides ou des matières qui pourraient être contenues dans la bouche ou dans le gosier. On exerce immédiatement des pressions sur la poitrine et sur le ventre, on fait en même temps des friions sur la partie interne des membres avec de la laine, ou même avec la main. On excite la luette, les fosses nasales, la plante des pieds. On imprime même quelques secousses à la poitrine et on prolonge pendant quelque temps l'emploi de ces moyens. S'ils ce réussissent pas, on pratique l'insufflation et l'aspiration pulmonaire, c'est-à-dire que, posant la bouche sur celle du noyé et en chassant l'air dans sa poitrine, on cherche à rétablir chez lui le jeu de son poumon. On peut se servir aussi, dans ce but, d'une sonde en gomme élastique qu'on introduit dans l'estomac et à l'aide de laquelle on pousse l'air dans l'estomac de l'asphyxié ; mais, dans tous les cas, il faut ne pousser l'air qu'avec lenteur et précaution, de peur d'accidens graves.
On essaiera aussi l'usage des lavemens de fumée de tabac qui réussissent souvent. Ces moyens doivent être continués pendant 3, 4 ou 6 heures, à moins toutefois que la rigidité cadavérique ne soit survenue.
Si l'on est assez heureux pour rapeler le noyé à la vie et que des phénomènes d'excitation surviennent, tel que les convulsions, la fièvre, le délire, on lui pratique une saignée. Lorsque la chaleur revient graduellement, on le place dans un lit chaud, on lui fait prendre quelques potions antispasmodiques, telles que des infusions de tilleul, de feuilles d'oranger, mêlées de quelques gouttes d'éther ou de sirop diacode, ou de liqueur d'Hoffmann, souvent même quelques liqueurs spiritueuses, mais toujours avec beaucoup de modération et en ayant égard à l'état du cerveau.
Soins à donner en cas d'asphyxie.
L'asphyxie ou la suspension des phénomènes de la respiration, peut avoir lieu de plusieurs manières :
1° par le défaut d'air respirable occasioné par la séjour dans une atmosphère très-légère, l'introduion de corps étrangers dans les voies de la respiration, la présence de mucosités chez les nouveaux-nés, la compression de la trachée (le conduit du gosier), le gonflement de l'arrière-bouche, la respiration d'un air non renouvelé ou d'un air impropre à la respiration (gaz hydrogène, azote, etc.) On doit dans ce cas enlever tout ce qui l'oppose à l'introduion de l'air, retirer les mucosités de la bouche du nouveau-né à l'aide d'une barbe de plume, ou introduire une sonde dans l'arrière-bouche, et enfin appeler sans retard un chirurgien si la suffocation parait imminente.
On excite ensuite les organes respiratoires en approchant l'individu d'un foyer ardent ; on pratique des friions sèches, ammoniacales et alcooliques sur différentes parties du corps ; on use de sternutatoires, de lavemens de décoion de tabac ; on insuffle de l'air dans les poumons ; enfin on introduit différens excitans dans la bouche dès que le malade peut avaler.
2° L'asphyxie par strangulation est occasionée quand un lien fortement serré autour du cou on une compression exercée sur cette partie s'est opposée pendant un certain temps a la respiration. On doit dans ce cas faire cesser très-promptement les causes qui déterminaient la compression du cou, et pratiquer tout ce qui a été recommandé précédemment.
La présence d'un médecin sera la plupart du temps nécessaire.
3° Asphyxie par la respiration d'un gaz (espèce d'air) impropre à l'entretien de la vie. Les gaz qui se dégagent des cimetières, des prisons, des mines, des marais, des puits, des substances végétales et animales en putréfaion, de certaines fosses d'aisance, puisards, eaux ménagères croupies, etc., ainsi que du charbon ou de la braise en brûlant, et des cuves où fermente le vin, le cidre ou la bière, sont impropres à la respiration et produisent l'asphyxie. Dans ce cas, on éloigne promptement le malade du lieu infeé, on l'exposa au grand air et on lui fait avaler de l'eau vinaigrée.
On y ajoute l'usage des lavemens vinaigrés ou irritans, tels que ceux de tabac, de feuilles de séné, etc. On fait des aspersions d'eau froide sur la peau, des friions sèches et ammoniacales ; on irrite l'odorat par des odeurs fortes, on insuffle de l'air dans les poumons.
Soins à donner aux femmes enceintes.
Une femme enceinte, dès les premiers temps de sa grossesse, doit, pour éviter des accidens funestes, relâcher son corset et tous les vêtemens qui lui serrent le corps ; elle se tiendra dans un état constant de propreté par des bains tièdes qui ne soient pas cependant trop répétés, adoptera un régime doux et nourrissant, et se livrera avec modération toutefois à l'exercice, à quelques travaux mécaniques et intelleuels, à des distraions, en évitant avec soin tout ce qui pourrait émouvoir trop vivement sa sensibilité.
Arrivés à l'époque des couches, elle attendra avec confiance et intérêt le moment de la délivrance, en observant avec plus de rigueur encore les règles ci-dessus prescrites. Ce phénomène s'étant accompli par les soins d'un accoucheur aussi instruit que possible, l'accouchée gardera le lit 8 à 15 jours selon son état et sa constitution, observera une diète sévère, et prendra quelques tasses d'infusion légère de fleurs de tilleul jusqu'au 5e jour, époque à laquelle cesse la fièvre de lait ; elle refusera surtout le vin et les liqueurs spiritueuses dont on abreuve quelquefois les accouchées.
Si elle allaite son enfant, on pourra être moins sévère sur la nourriture, et dès la 3° ou 4° jour on pourra permettre une soupe végétale légère. On couvrira modérément l'accouchée, de manière seulement à ce qu'elle ne prenne pas froid, et ou se gardera bien d'appliquer des matières graisseuses ou autres topiques sur les seins dans l'intention de faire passer le lait. On peut soutenir légèrement le ventre de l'accouchée avec une serviette, mais c'est une habitude funeste que de la serrer fortement.
On éloignera d'elle tout ce qui pourrait exalter sa sensibilité, ainsi que les odeurs, et on renouvelera de temps en temps l'air de son appartement ; enfin ou la tiendra toujours avec propreté, et on éloignera d'elle les importuns et les personnes étrangères qui la fatigueraient de leurs caquets.
Précautions et traitemens contre le choléra et les épidémies.
Pour éviter autant que possible d'être atteint du choléra dans les pays où il a fait irruption, il faut se tenir le corps chaud, surtout le ventre et les pieds, éviter les fatigues, les refroidissemens subits, surtout les excès dans le boire et le manger, s'abstenir de liqueurs fortes, éviter de se livrer à des travaux un peu rudes par un soleil ardent, d'avaler des boissons froides, ou de s'exposer à un air froid, ou de se coucher sur un terrain humide quand on a chaud, veiller à la propreté de son logement, de ses meubles, de ses vêtemens, et renouveler fréquemment l'air des appartemens.
Très-souvent l'invasion du choléra est précédée de quelques jours de diarrhée ou dévoiement qu'il importe d'arrêter promptement. Dans ce cas, il faut, outre l'observation rigoureuse des mesures ci-dessus pour l'éviter :
Soins et traitement en cas d'empoisonnement.
En cas d'empoisonnement il y a deux indications à remplir :
1e procurer l'évacuation du poison par les vomissemens ou par les selles ;
2e introduire dans l'estomac une substance capable de neutraliser son effet. Déterminer l'évacuation
du poison étant la 1re indication à remplir, il faut, si des vomissemens existent déjà, les favoriser en faisant
boire au malade une grande quantité d'eau tiède ; et provoquer les vomissemens s'ils n'existent pas, par
le même moyen, en y joignant quelques grains d'émétique, et en titillant eu même temps la luette avec les barbes
d'une plume ou du papier. Plus la quantité de liquide introduite dans l'estomac est grande et plus le vomissement
est facile.
Après l'expulsion de la matière vénéneuse, on fait prendre au malade un contre-poison, si l'on n'avait pas cru
déjà devoir l'introduire dans le liquide propre à évacuer le poison, En effet, toutes les fois que les 2 indications
pensent être accomplies ensemble, il faut le préférer. Dans l'empoisonnement par les acides, les alcalis, le sublimé
corrosif, l'eau de javelle, etc., on combat l'inflammation de la bouche et de l'estomac par des saignées, en ménageant
toutefois les forces du malade : seulement pendant les 48 premières heures, on y joint une tisane mucilagineuse
de graine de lin, de fleurs de mauves, de lait coupé d'eau, on de banc d'œuf délayé dans l'eau froide ; et
lorsque les premiers accidens sont passés et que l'on peut espérer la guérison, il ne faut commencer à donner
des alimens qu'avec la plus grande réserve. En général le lait est l'alimens qu'on digère le mieux.
Dans les empoisonnemens par l'opium ou les substances âcres et irritantes, contre lesquelles il n'y a pas souvent de contrepoison, on fait vomir par l'émétique, l'ipécacuanba, ou le vitriol bleu, et souvent on procure des évacuations alvines avec le calomel de jalep, l'huile de ricin, et quelquefois on pratique une saignée. Ces indications remplies, l'expérience démontre que la décoion de café à haute dose, et l'eau vinaigrée ou acidulée avec du suc de citron, de la crème de tartre, sont des boissons qui dissipent promptement les symptômes.
Dans tous les cas, en même temps qu'on s'empresse de donner les premiers secours au malade, on fait appeler un homme de l'art qui peut seul diriger le traitement qui convient au malade.
Tableau des poisons et contre-poisons.
POISONS. | CONTRE-POISONS. |
---|---|
ACIDES : nitrique, eau forte, eau seconde ; acide sulfurique ou huile de vitriol ; acide muriatique ou hydrochloriqne ; ou tout autre acide. |
Magnésie calcinée ou non calcinée, eau de savon, eau albumineuse, lait. |
ALCALIS : potasse ; soude ; ammoniaque ; chaux et carbonates de ces bases. |
Eau vinaigrée ou acidulée par les acides non vénéneux. |
ALCALIS VÉGÉTAUX et leurs sels. | Décoion de noix de galle étendue d'eau, décoion de quinquina. |
OXIDE D'ARSENIC, | Eaux minérales sulfureuses, eau de chaux. |
SELS d'étain solubles | Lait, décoion de noix de galle bicarbonate de soude. |
SELS d'antimoine ; émétique. | Décoion de quinquina ou de noix de galle ; eaux minérales sulfureuses naturelles. |
SELS de plomb : extrait de saturne. | Sulfates de potasse, soude ou magnésie, eau de Sedlitz, eaux de puits ou de source chargées de sulfate ou carbonate de chaux, eau albumineuse, lait, gluten. |
SELS de cuivre ; vert-de-gris, etc. | Eau albumineuse, gluten délayé dans du savon noir, lait, décoion de noix de galle. |
SELS de mercure ; sublimé corrosif. | Id., décoion de quinquina. |
SELS d'argent ; pierre infernale. | Sel commun en dissolution concentrée. |
CHLORE liquide ; eau de javelle ; dissolution de chlorure de chaux. |
Eau albumineuse ( 6 ou 8 blancs d'œufs dans une pinte d'eau). |
Empoisonnement par les champignons.
Évacuer les champignons en administrant au malade une dissolution assez concentrée d'émétique, par cuillerées seulement, et jusqu'aux vomissemens qu'on favorisera avec de l'eau tiède ; faire prendre au malade des lavemens laxatifs ou purgatifs, saigner si c'est nécessaire, et administrer de l'eau vinaigrée et du jus de citron. L'éther, à la dose d'un gros à une once, ou le sirop d'éther à forte dose, a encore plus d'efficacité que l'eau vinaigrée pour neutraliser le poison.
Soins et précautions contre la rage et les morsures de serpens, etc.
La rage on hydrophobie communiquée est une maladie terrible produite par la morsure d'un animal enragé. La contagion se propage par l'intermédiaire de la salive de l'animal portée dans une partie blesse ou excoriée de la peau.
Une fois reçu, le poison reste 30 ou 40 jours, quelquefois moins, et se manifeste enfin par les symptômes suivans : sentiment d'ardeur à la gorge, soif très - vive et horreur des liquides, salive écumeuse, regard farouche, fureur, agitation continuelle, respiration gênée, envies de mordre et convulsions. Ces symptômes effrayans et qui se développent avec plus ou moins d'intensité, durent trois à quatre jours, au bout desquels le malade succombe dans un accès convulsif.
Toute personne qui a été mordue par un chien enragé, ou même par un animal soupçonné tel, doit aussitôt après pratiquer de fortes ligatures au-dessus et au-dessous de l'endroit mordu, presser assez vivement la blessure entre tes doigts, et en exprimer autant de sang que possible.
Cela fait, on cautérisera la blessure avec un fer rougi au feu, en ayant soin d'atteindre profondément toutes les parties qui auront reçu la moindre impression du virus de la rage. Cette cautérisation doit être faite au plus tard dans les 36 heures. Si on n'avait pas de fer rouge sous la main, on peut employer pour cette cautérisation le beurre d'antimoine liquide, la potasse caustique ou l'acide nitrique. Il est convenable d'entretenir l'irritation de la plaie en la recouvrant d'un vésicatoire qu'on fait suppurer long-temps (4 à 6 mois).
A ce traitement, il est prudent d'ajouter des friions mercurielles (30 grammes ou 8 gros d'onguent mercuriel double en friion pour trois jours) et les antispasmodiques, tels que le camphre, l'éther, l'opium, le musc, etc.
Lorsqu'on peut en user très-promptement, l'ammoniaque liquide et autres alcalis, l'eau de Cologne et même l'eau salée, suffisent souvent pour neutraliser l'effet des venins, surtout ceux des serpens venimeux. Ils suffisent en tout cas contre la piqûre des insees tels que guêpes, abeilles, etc.
Tous les autres remèdes qu'on préconise sont sans effet.
Notions d'Agriculture.
L'agriculture, en France, est arrivée à un haut degré d'avancement dans quelques grandes fermes et chez quelques riches propriétaires ; elle est aussi très-avancée en théorie, c'est-à-dire dans les livres qui l'enseignent ; mais, on doit l'avouer, dans la pratique générale, elle est très-arriérée : presque partout la vieille routine fait encore perdre la moitié ou le tiers du sol, et, en éloignant de la culture les racines et les fourrages artificiels, empêche la multiplication des bestiaux, par suite celle des engrais, et rend impossible toute amélioration du sol et toute bonne culture.
L'agriculture ne fera de rapides progrès que quand ses principes seront étudiés, connus et appliqués par les trois classes de cultivateurs qui exploitent la terre :
1e les grands fermiers, dont l'exploitation dépasse 100 arpens (50 heares) ;
2e les fermiers, propriétaires ou métayers, qui cultivent une étendue de 20 à 100 arpens (10 à 50 he. ; )
3e les petits cultivateurs ou ménagers, qui ont jusqu'à 10 arpens (5 he.) à cultiver.
Les deux premières classes ont besoin de connaissances trop étendues et trop variées pour leur donner place dans un almanach ; elles pourront d'ailleurs profiter de ce que nous dirons pour la troisième, dont nous nous occuperons plus spécialement, comme la plus nombreuse, la plus laborieuse et par conséquent la plus utile, enfin sous tous les rapports digne du plus grand intérêt.
La classe des petits cultivateurs se compose, dans le nord, l'est et l'ouest de la France, des familles qui cultivent
de petites portions de terre, et exercent tout à la fois une profession ; dans le centre et le midi, de celles
qui cultivent la vigne et exercent aussi quelques métiers. Dans toutes les contrées où les propriétaires louent
leurs terres en détail aux petits ménagers, ils en tirent une rente d'un tiers au moins plus forte que celle que
peuvent payer les fermiers qui exploitent de grosses fermes. La raison en est simple : les pauvres ne comptent
pas l'emploi de leur temps ; ils versent sur leurs terres, sans s'en apercevoir, un capital en main-d'œuvre
beaucoup plus considérable que ne saurait le faire le plus riche fermier et la terre, qui produit en raison des
avances qu'elle a reçues, leur rend, en produits bruts que ces familles consomment, une juste indemnité de leurs
travaux.
La première chose à améliorer, c'est la construion et la disposition des chaumières : les propriétaires
qui entendent bien leurs intérêts et savent jouir du bonheur de ceux qui les entourent, devraient aider sous ce
rapport les habitans des campagnes, et l'on ne peut douter du mouvement d'amélioration rapide qu'on imprimerait
à l'agriculture en France, si chaque propriétaire aisé s'appliquait à créer une chaumière sur le plan que nous
allons indiquer.
Une chaumière de 12 pieds de large sur 20 pieds de longueur, avec une étable pour deux vaches, adossée à un pignon,
et un toit à porc adossé à l'autre, suffit pour une famille de quatre à cinq personnes. Un petit hangar ouvert
tient lieu de grange, et d'abri pour les ustensiles. Une petite partie du hangar peut être fermée si l'habitation
n'est pas enclose de murs ou de haies, et le tout doit coûter quelquefois moins de 1,000 fr., mais jamais plus
de 1,500 fr., en n'employant que les matériaux du pays.
A - chambre avec deux lits, chauffée par une cheminée ;
B - seconde chambre, pouvant être chauffée par un poêle ;
C - hangar couvert ;
D - vacherie ;
E - porcherie.
Mobilier. — Deux vaches que l'on dresse au travail, un porc, un petit charriot fort léger, une charrue légère à versoir, un petit binot, une herse, un hache-paille, tel est le mobilier d'exploitation qu'un propriétaire peut livrer pour une valeur de 600 fr. environ.
Culture. — L'étendue de l'exploitation sera de 5 arpens environ, d'une valeur locative de 125 à 150 fr., et avec
la rente du capital du mobilier et de l'habitation, de 225 à 250 fr. Aux façons à la bêche et à la main, que la
famille exécutera, on ajoutera le labour à la petite charrue opéré par les vaches qui ne seront attelées qu'une
heure le matin et le soir. Le fumier des deux vaches et du porc, les ordures de la maison qu'on recueillera soigneusement,
la litière composée de mauvaises herbes, de gazons enlevés le long des chemins et de terres légères, fourniront
assez d'engrais pour fumer convenablement ce terrain auquel on pourra demander tout ce que l'on voudra.
Produits. — Si l'on adopte l'assolement suivant, on aura, année moyenne, des produits de la valeur approximative
ci-après :
1 arpens
|
Blé d'hiver.
|
10 heol. | 120 f. |
- id.-
|
— de mars.
|
8 heol. | 96 f. |
- id.-
|
Pommes de terre ou divers légumes
|
100 heol. | 200 f. |
- id.-
|
Trèfle
|
400 bottes | 60 f. |
- id.-
|
Luzerne
|
700 bottes | 140 f. |
Total.
|
616 f. |
En réservant le trèfle, la paille, une partie de la luzerne et des pommes de terre pour la nourriture des vaches et du cochon, il reste un produit moyen d'environ 500 fr., dont la moitié forme à peu près la rente du propriétaire. Cinquante journées du chef de la famille, étant suffisantes au soin de sa petits culture, pour labours, semailles et récoltes, pour peu qu'il soit laborieux, il pourra donner les cinq sixièmes de son temps au travail d'une profession quelconque : or, 250 journées, à raison de 1 fr. 50 c., donnent 375 fr., avec lesquels il a de quoi payer la rente et le chauffage. Il trouve donc sa consommation, son entretien et celui de sa famille et au-delà, en lait, beurre, pain et légumes, dans le produit de sa location ; son sort est aussi heureux qu'il peut l'être, et sitôt qu'un seul de ses enfans sera capable de prendre part à ses travaux et de gagner 1 fr. par jour, il arrivera à l'aisance.
Engrais et fumiers, leur préparation.
On sais que toutes les substances végétales et animales susceptibles de te décomposer, forment des engrais : combien donc n'a-t-on pas de reproches à faire lorsqu'on en voit laisser perdre un si grand nombre et de si aifs, tels que les feuilles des arbres, les mauvaises herbes, les plantes des marais, les marcs de fruits, les tourbes, la suie, les cendres, les corps des animaux morts, les os broyés ou concassés, le sang, les urines et déjeions de l'homme et des animaux, les ordures, balayures et boues des cours et des rues, la vase et le limon des étangs et fossés, la chaux, le plâtre, les marnes, etc., etc.
L'art de préparer les engrais est une des opérations agricoles les plus importantes, et cependant des plus négligées dans beaucoup de lieux. L'usage le plus généralement répandu consiste à entasser dans un coin de la cour les fumiers et les litières, au fur et à mesure de leur sortie des étables. On en forme ainsi une masse, dont les différentes parties sont très-inégalement soumises à la fermentation et à la décomposition ; exposée aux pluies et aux vents, l'eau et l'air en entraînent les parties les plus solubles et les plus volatiles ; cette méthode est donc très-défeueuse.
Il conviendrait que la fosse à fumiers construite en maçonnerie ou au moins en terre glaise bien battue, fût abritée par un hangar ou un appenti, que l'on eût soin d'humeer la masse quand la fermentation ne s'y établirait pas suffisamment, et de la retourner ou bien d'y mélanger des plâtras, des gasons, des bruyères, des balayures, de la terre même, si cette fermentation devenait trop forte. On laisse le fumier dans la fosse selon le degré de décomposition que l'on veut avoir ; mais le moment où la paille brunit indique en général qu'il est temps de transporter le fumier dans les champs, où il doit être enterré immédiatement, ou bien d'opérer les mélanges que nous venons d'indiquer.
Il est bon de connaître la méthode des Flamands pour préparer un engrais liquide putride. Dans une fosse plus ou moins grande, construite en briques et en forme de citerne, ils déposent les urines des hommes et des animaux, etc. Ils y ajoutent les vidanges des lieux d'aisances et du marc d'huile, et forment du tout un mélange liquide dont la putridité est excessive. On le répand sur les terres avec des tonneaux ou baquets, et il leur communique un degré de fertilité extraordinaire. A voir l'insouciance que l'on met à recueillir les engrais liquides, et notamment les sucs qui coulent des fumiers et les urines, il semble qu'on ignore leur puissance comme engrais. En les laissant perdre, on se frustre peut-être de la moitié des principes fécondans dont on aurait pu disposer.
La masse principale des engrais est fournie par les litières mêlées aux excrémens des bestiaux. Lorsque leur rareté oblige de les ménager ou de s'en servir pour la nourriture des animaux, on peut y suppléer en couvrant le sol des écuries et bergeries de terre bien meuble et à moitié séchée, laquelle servira d'excipient pour les déjeions animales, se chargera en outre des substances exhalées par leur transpiration et formera un fort bon engrais. Cette méthode offre encore l'avantage d'amender le sol en même temps qu'on le fumera ; à cet effet, il suffit de déposer dans les étables une terre qui ait des qualités opposées à celle où l'en doit transporter l'engrais.
Instrumens d'agriculture.
L'adoption de quelques instrumerns perfeionnés très-simples et peu coûteux est une des conditions du progrès de l'agriculture. Les principaux sont :
L'araire on charrue à versoir sans roues ni avant-train, avec laquelle on peut labourer dans toutes sortes de terrain.
La houe à cheval, extirpateurs, scarificateurs ou cultivateurs, à l'aide desquels on peut arracher les mauvaises herbes, biner, sarcler, butter, avec la plus grande facilité et promptitude.
Le binot ou sarcloir à main.
La herse et le rouleau qui servent à émietter, niveler, ameublir, tasser la terre, couvrir la semence, etc.
Le hache-paille et coupe-racine, qui terrent à hacher la paille et les racines pour la nourriture des bestiaux, et en font ainsi tirer un bien plus grand parti qu'en les donnant sans préparation.
Le tarare, sans lequel il est impossible d'avoir du grain net et bien propre, et qui en nettoie très-vite une grande quantité.
La baratte tournante pour la préparation du beurre.
Ce petit nombre d'instrumens n'offrent aucune difficulté, ni dans leur maniement, ni dans leur construion et entretien. Les ouvriers qui construisent les ustensiles ordinaires pourraient sans difficulté fabriquer ceux-ci, et ils pourraient bientôt les donner à des prix très-modérés ; ainsi la charrue pourrait être livrée à un tiers au moins au-dessous du prix de la charrue à rouet ou avant-train.
Assolemens, avantages de la culture alterne.
L’art d’assoler les terres est celui de faire alterner les cultures sur le même sol, pour en titrer constamment le plus grand profit aux moindres frais possibles. La théorie et la pratique de cet art constituent véritablement la base de la science agricole.
Jetons d’abord un coup-d’œil sur l’ancienne méthode de culture avec jachère, puis sur le système alterne et comparons leurs avantages et leurs inconvéniens.
Ancienne méthode de culture.
Consacrer une portion du sol, sous le nom de prairies naturelles, à la nourriture des bestiaux ; diviser en trois soles, quelquefois en deux, l'autre portion ou les terres en culture, en y cultivant exclusivement des céréales, c'est-à-dire la froment, le seigle, avoine et l'orge, et fondant toujours cette culture sur la préparation donnée par la jachère, telle était l'ancienne méthode de culture généralement adoptée.
Les inconvéniens inhérens à cette rotation de culture sont nombreux ; en assolant le tiers des terres en blé, l'autre tiers en avoine et laissant le troisième en jachère, comme cela n'est encore que trop en usage dans les contrées de la France où le sol est bon, ou bien en faisant alterner une année de jachère après une année de culture, comme on le voit dans beaucoup de pays du centre, du midi et de l'ouest, il est clair que le tiers du sol dans le premier cas, la moitié dans le deuxième, demeurent entièrement improduifs, après avoir été inconsidérément épuisés pendant une ou deux années.
Cependant ce système n'est point économique, car on n'obtient un sol bien préparé qu'à force de façons données durant toute l'année, et en dépensant en pure perte, pour produire de mauvaises herbes et les répandre dans l'air, les substances nutritives contenues dans le terrain. Aussi la jachère ne dispense-t-elle pas des engrais, et le tout n'est souvent couronné que par une chétive récolte qui donne à peine trois ou quatre pour un. L'uniformité des cultures dans ce système est d'autant plus vicieuse qu'elle ne fait produire que fort peu de nourriture pour le bétail et une nourriture sèche et peu succulente, ce qui oblige à réduire considérablement le nombre des bêtes : partant, point d'engrais, et par conséquent point de récoltes. Mais, sous un autre rapport, cette uniformité de produion offre encore les plus graves inconvéniens : C'est qu'elle n'assure pas la subsistance de la population, ni la juste récompense due au cultivateur pour ses travaux.
Des jachères.
Tels sont les effets désastreux les plus marquans de l'ancienne méthode de culture ; voyons maintenant quels argurmens on fait valoir pour la défense de l'improduive et ruineuse jachère. Le premier, comme le plus absurde, est sans doute celui de sa nécessité du repos : « Cette terre, elle ne peut pas toujours travailler, il faut bien qu'elle se repose. » Exemple bien remarquable de l'influence des mots sur les choses ! Car, sans cette confusion, qui aurait eu la pensée de comparer la terre à un animal ? Qui aurait pu fermer ses yeux à l'évidence ?
En effet, ce voyait-on pas les jardins sans cesse produifs, sans jamais ni s'altérer ni se fatiguer ? Les champs en jachères, eux-mêmes, ne produisent-ils pas en abondance des plantes adventices et mauvaises herbes, preuve irrécusable qu'ils ne restent pas dans l'inaion et le sommeil ? Mais il y a plus ; les terrains abandonnés de temps immémorial aux soins de la nature, les bois, les prés, les antiques forêts, ne sont-ils pas, à juste titre, considérés comme des sols éminemment et pour long-temps fertilisés, et, cependant ont-ils cessé un seul instant de produire ?
« Mais si ce n'est pas en se reposant que le terre en jachère se féconde, c'est, disent les plus savans des routiniers, en absorbent les principes nutritifs contenus dans l'air. » Écoutons la réponse de Davy, qui, en fait d'aions chimiques, mérite sans doute plus de confiance que tous les partisans des jachères réunis :
« On peut douter qu'un fonds contienne autant d'humus, quand la jachère expire, qu'avant de lui donner le premier coup de charrue. Ce sont tes parties vertes des plantes qui absorbent surtout l'acide carbonique, seul principe fertilisant contenu dans l'atmosphère ; ce sont donc les récoltes enfouies en vert qui peuvent le déposer dans la terre, et dans la pratique des jachères les plantes adventices, quoique très-faiblement remplissent cet objet. Mais, dans bien des cas, et notamment dans les sols légers et secs, on ne peut douter que le remaniement du sol durant les chaleurs et les pluies d'orages, en favorisant considérablement la dissolution des engrais, ne facilite l'évaporation et l'entraînement des principes volatils et des sucs nutritifs qui auraient servi à la végétation si le champ eut été couvert de récoltes. »
« Mais d'ailleurs, sans jachères comment nourrir nos bestiaux ? » C'est-à-dire qu'un champ stérile, propre à servir de promenade plutôt que de pâturage, donnera plus d'alimens qu'une prairie artificielle que l'on pourra faucher ou faire manger sur place. Que l'on compare, au reste, la quantité de bestiaux que les deux systèmes permettent d'entretenir avec une égale surface de terrain ?
« Quoi qu'il en soit, nous serons sur chargés de travaux en certaines saisons et en d'autres nos attelages resteront sans ouvrage ; nous manquerons de bras pour les sarclages et les binages que votre nouveau système exige. »
D'abord, les champs occupés par les prairies artificielles n'ajouteront pas à vos labeurs ; ils sont produifs, au moins durant une année, sans le plus petit entretien : si vous savez bien choisir et distribuer vos cultures, les intempéries des saisons seules pourront accumuler on suspendre vos travaux; vous gagnerez d'ailleurs plusieurs façon auxquelles le système des jachères vous obligeait pour la préparation du blé ou de l'avoine. Quant au manque de bras, il est évident que cela pourrait avoir lieu si vous vouliez procéder à l'entretien de vos cultures sarclées comme dans un jardin, c'est-à-dire à la mains ; mais la plantation en rayons est-elle si difficile ? N'avez vous pas la houe-à-cheval, l'araire à butter, qui vous permettent de sarcler, biner et remuer le sol de la manière la plus prompte et la plus économique sur une vaste étendue de terrain ? Et ces instrumens ne sont ni coûteux ni difficiles à conduire ; ces travaux s'exécutent dans le temps où vous donnez vos façons de jachère, et remplissent bien mieux son unique objet, d'ameublir et nettoyer le sol.
« Vous reconnaissez donc un avantage aux jachères ? Comment en effet sans elles nétoyer nos terres infeées de mauvaises herbes de toutes espèces ? » C'est là la seule compensation qu'elles offrent pour la perte d'une année entière et la dépense de nombreux travaux. Si vous pouvez atteindre ce résultat, mieux et durant la fin de la campagne qui suit la récolte, ou en obtenant un produit souvent plus profitable que le blé, quel argument pourrez-vous encore faire valoir en faveur de la jachère ? Or, si aussitôt après l'enlèvement des gerbes, vous labourez et hersez le champ, et répétez ces opérations plusieurs fois jusqu'à l'hiver, les plantes adventices auront le temps de germer, et, détruites par ces façons, votre terrain en sera purgé aussi bien que par l'improduive jachère. Si vous manquez d'engrais, jetez sur ce labour une semence quelconque à bon marché, mais notamment du Sarrasin, Lupin, Navette, Avoine, Seigle, etc., que vous enterrerez en vert, en répétant s'il est possible cette opération, et votre sol sera mieux préparé et fécondé que par toute une année de travaux et de repos. Mais sans vous donner cette peine, quel avantage n'y a-t-il pas à remplacer l'année de jachère par la culture des plantes sarclées, telles que Pommes de terre, Betteraves, Carottes, Fèves, etc., etc. ? Peut-on douter que les nombreux sarclages et binages, exigés pour ces cultures, ne préparent et ne nétoyent le sol mieux que les façons de la jachère, et n'est-on pas dédommagé de ses frais avec profit par la récolte de ces plantes ? Il n'est donc aucun argument qui puisse soutenir la conservation du système des jachères, et, si, dans tous les cas et toutes les circonstances, leur suppression est avantageuse et impérieusement commandée par la raison, reconnaissez qu'il n'y a que des circonstances particulières, telles que le défaut de capitaux, de bestiaux, d'engrais, qui puissent permettre de les tolérer durant quelque temps, et que, dans ce cas, il est encore préférable de laisser inculte une portion du terrain si l'on n'a pas les forces produives nécessaires pour le faire valoir en entier, plutôt que de dévouer le tout à la stérilité par portions successives.
« Les savans en théorie, disent enfin les défenseurs des jachères, ont beau dire, nos deux années de céréales avec jachères nous donnent plus de profit que leurs cultures sarclées, parce que nos blés sont meilleurs. » A cette objeion de chiffre, comment répondre mieux que par la comparaison de la richesse des cultivateurs de l'Angleterre, de la Belgique, de la Flandre, de la Bavière, etc., avec la pauvreté de ceux chez lesquels le système des jachères est encore en honneur ?
Au surplus, la suppression des jachères s'étend de jour en jour, et elles sont remplacées par les prairies artificielles et par quelques cultures sarclées. Mais de nombreux obstacles arrêtent l'essor de ces améliorations ; le premier et le plus puissant, c'est le défaut d'instruion des cultivateurs qui les empêche de profiter autrement que par l'exemple de ce qui est pratiqué autour d'eux.
Culture alterne.
« Dans cette méthode, dit M. de Dombasle, ce n'est plus sur trois ou quatre espèces de plantes que s'exerce la culture ; les récoltes qui eu forment en quelque sorte la matière peuvent se varier à l'infini, mais on peut les diviser en trois classes ; les grains, les plantes à fourrages ou prairies artificielles, et les récoltes sarclées, dont la culture remplace dans beaucoup de cas le travail de la jachère. Parmi ces récoltes sarclées, un grand nombre, comme les Pois, le Maïs, les Carottes, les Choux, etc., et surtout la Pomme de terre, peuvent s'appliquer, selon que le besoin l'exige, soit à la nourriture de l'homme, soit à celle des animaux. Les terres cultivées sont appelées ici à fournir à la subsistance du bétail, en sorte que les prairies naturelles deviennent inutiles ou beaucoup moins nécessaires, et l'étendue de terre qu'elles occupaient rentre dans la masse des terres arables qui fournissent à tous les besoins de la population humaine et à la consommation des bestiaux, par des combinaisons d'assolement qui varient à l'infini, et que chaque cultivateur peut modifier chaque, année au gré des circonstances. »
« La culture alterne, telle qu'elle est généralement pratiquée, produit autant de grains que la culture triennale ; mais elle pourrait en produire beaucoup davantage si les besoins l'exigeaient, et elle peut aussi en produire beaucoup moins, si les cultivateurs le jugent convenable à leurs intérêts. A côté de ces grains, elle produit, outre des végétaux de commerce dont chaque cultivateur peut varier la proportion selon ses convenances, beaucoup de récoltes qui ne peuvent trouver de places convenables dans l'assolement triennal, et qu'on peut à volonté appliquer à la subsistance de l'homme et cependant elle peut alimenter encore un plus grand nombre d'animaux ».
Ce simple aperçu suffit pour démontrer que la culture alterne offre autant d'avantages que l'ancienne méthode réunit d'inconvéniens.
CALENDRIER DU CULTIVATEUR - TRAVAIL HORTICOLES.
Janvier
POTAGERS.
Travaux : continuer les défoncemens entrepris en novembre et décembre ; si les gelées surviennent,
couvrir le terrain à défoncer d'un lit de fumier ou de feuilles de quelques pouces d'épaisseur ; amener sur
les carrés le fumier ou les engrais destinés à y être enterrés par le labour ; écarter la litière qui couvre
les plantes délicates, quand le temps est doux ; ouvrir des fossés pour planter des asperges en mars et avril;
semer des pois hâtifs, des fèves de marais, sur les côtières, sur les ados au midi, ou dans les endroits bien
abrités ; semer de l'ognon en terre légère, et recouvrir de litière s'il survient des gelées.
Si le temps ne permet pas de travailler dehors, on fait des paillassons, on remet les outils en état, on raccommode
les vieux coffres, on remastique, et on peint les panneaux des châssis et serres, on visite ses graines et on
les épluche, etc.
Produits : la serre a légumes doit être visitée souvent, afin d'ôter tout ce qui pourrirait, et de
consommer ce qui est le plus avancé. Elle fournit choux-fleurs, brocolis, cardons, céleri, barbe de capucin, chicorée
frisée, carottes, navets, betteraves, salsifis, pommes de terre, etc. La pleine terre donne ciboules, choux de
Milan frisés, choux à grosses fêtes et choux cabus. Les couches fournissent laitue, cerfeuil, cresson, pourpier,
radis, oseille, persil, estragon, asperges forcées.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : planter dans les trous qui, autant que possible, ont dû être faits dès l'automne, toutes
sortes d'arbres (excepté les résineux) dans les terrains secs. Dans ceux humides et froids, il vaut mieux attendre
en mars et avril ; mettre en jauge les arbres et plants arrachés que la gelée empêche de mettre en place
ou d'expédier. Les défoncemens se font ici plus profondément que dans les carrés à légumes. Quand il ne gèle pas,
on commence à tailler la vigne. les pommiers et les poiriers faibles ; racler la mousse des vieux arbres
dans les temps de pluie, les débarrasser de leur bois mort et du guy ; préparer les boutures; stratifier
les amandes qui doivent être semées au printemps.
Produits : le fruitier doit fournir en abondance les poires de Saint-Germain, Chaumontel, Colmar,
Vigourleuse, Bon-Chrétien, etc. ; les pommes de Rainettes, Fenouillet jaune, etc. ; on a encore du chasselas ;
on peut forcer sur couche des fraises des quatre saisons.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : On continue les défoncemens, les transports et les grands mouvemens de terre. On relève
les allées, on fait provision de terre normale ou franche, de terre de bruyère, de sable, etc. ; on retourne
les gazons usés ; on continue d'arracher les arbres réformés ; on donne des soins aux serres, bâches
et orangeries.
Produits : on peut encore avoir en fleurs, en pleine terre, le calycanthe du Japon, laurier-thym,
héliotrope d'hiver, ellébore noire ou rose de Noël, narcisse de Constantinople, etc., etc.
Février
POTAGERS
Travaux : continuer ce qui n'a pu être achevé les mois précédans; labourer toutes les fois que le
temps le permet, afin de s'avancer ; semer des pois hâtifs, fèves, lentilles, de l'ognon qu'on couvrira de
litière en cas de gelée. Après le 15, sur côtière, des épinards, cerfeuil chicorée sauvage, pimprenelle, oseille,
panais, carotte, poireau pour repiquer, petites laitues. Planter ail, échalotes; refaire les bordures d'oseille,
thym, estragon ; donner de l'air par le temps doux aux artichauts et céleris ; continuer les travaux
intérieurs.
Produits : Beaucoup de légumes et racines de la serre ; en pleine terre, les mâches et raiponces,
les choux cabus, de Milan., de Bruxelles, à grosses côtes, les épinards, l'oseille, le persil, s'il fait doux.
Sur couche : les radis, laitue à couper, les asperges vertes. On peut forcer sur place le crambé et les asperges
blanches.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : on continue la taille des poiriers et pommiers, et les Travaux du mois précédent ;
la taille de la vigne doit être achevée; on rassemble en petites bottes les rameaux pour boutures, et on les enterre
dans le sable frais à l'abri des gelées et du soleil ; on fait de même pour les greffes qu'on doit ficher
au pied de l'arbre en opérant la taille; rabattre la fête des framboisiers; semer les pépins de poiriers et pommiers,
et les graines qui n'ont pas l'enveloppe osseuse, comme les marronniers, châtaigners, frênes, érables, etc.
Produits : le fruitier continue d'offrir du raisin, des poires et pommes. On peut sous châssis avoir
beaucoup de fraises quatre saisons.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : le labour des bosquets massifs et arbres isolés, à la houe fourchue pour ne pas couper
les racines; labourer aussi le sol destiné à semer du gazon : replanter toutes sortes do bordures si l'on
ne craint plus les gelées, comme buis, lavande, sauge, hysope, etc. ; planter en motte les plantes vivaces
et bisannuelles ; achever de remplir en terre de bruyère les fosses.
— Couches : l'établissement des couches pour jardin d'agrément devient indispensable, 1° pour avoir du terreau ;
2° pour avancer ou refaire certains arbrisseaux ; 3° pour semer des graines de fleurs qui viendraient trop
tard en pleine terre : 4° pour les plantes exotiques, dont la culture exige une haute température.
— Serres, bâches, orangeries : renouveler l'air toutes les fois que le temps le permet ; entretenir les
plantes dans la plus grande propreté; arroser avec intelligence.
Produits : la pleine terre donne, outre les fleurs de janvier, l'helléborine, la petite pervenche,
les marguerites vivaces, les violettes, le perce-neige, le daphné, l'hépatique, le romarin.
Mars
POTAGERS
Travaux : il faut, dans ce mois, que tous les labours soient terminés, les fumiers enterrés et les
bordures replantées ; semer : pois, fèves de marais, laitues, chicorées, carottes, betteraves, poireau, persil,
etc., en général tous les légumes de pleine terre, excepté les haricots pour lesquels il faut craindre encore
la gelée ; découvrir, débutter et labourer les artichauts ; fumer et labourer les asperges ; mettre en
terre les racines et bulbes de l'année précédente destinés à porter des graines, tels que céleri,
cardon, ognon, carotte, navet, betteraves, etc. ; entretenir la chaleur des couches à melon, concombres, choux-fleurs
de première saison ; en replanter sur de nouvelles couches pour la seconde saison.
Produits : la serre à légumes ne peut plus guère fournir que des carottes, navets, salsifis, betteraves,
pommes de terre; la pleine terre donne oseille, épinards, chicorée sauvage, poirée, cerfeuil, persil ; laitue
de la passion commence à pommer; on mange en asperges les jeunes pousses des choux et navets ; les couches
et châssis peuvent être bien garnis.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : achevez la taille de tous les arbres fruitiers en espaliers, à l'exception de ceux trop
vigoureux dont il faut laisser épuiser un peu de sève, et des pêchers que cela pousserait à fleurir trop tôt;
on taille plus tard les contrespaliers, quenouilles et pleinvent ; labourer le pied des arbres et y mettre
un bon paillis ; marcotter et butter les mères de marcottes ; commencer à planter les boutures ;
semer en place et en terrine la plupart des graines d'arbres et arbustes.
Produits : on n'a plus que quelques poires: catillac, bonchrétien, bergamotte, royale, échassery ;
quelques pommes : reinette Canada, grise, franche, calville blanc, courtpendu, etc. ; toujours sous
châssis la fraise quatresaisons.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : achever tous les labours et plantations d'arbres, d'arbrisseaux et des plantes vivaces,
excepté les arbres résineux ; ratisser et sabler les allées ; semer en bordures, en touffes ou en massifs plusieurs
fleurs annuelles, comme giroflée de Mahon, pieds d'alouette, réséda, coquelicot pour succéder au semis d'automne.
— Couches : on sème balsamines, quarantaines, seneçon d'Indes, belle de nuit, capucine, ainsi que plusieurs
autres plantes pour en hâter la floraison ; y placer les tubercules de dahlia ; mettre sur couches tièdes
les plantes malades pour les refaire et les rempoter.
— Serre : modérer le feu ; donner de l'air; préserver les jeunes pousses de l'ardeur du soleil qui commence
à prendre de la force ; faire des boutures sous cloche ; continuer une rigoureuse propreté; marcotter.
Produits : les fleurs, surtout celles d'arbres et arbustes, deviennent trop nombreuses pour les
citer : on distingue les amandiers, épines, sorbiers, viornes ; les tulipes, narcisses, oreilles d'ours,
etc.
Avril
POTAGERS.
Travaux : continuer les travaux du mois précédent ; garder les semis et éclaircir ceux
qui sont trop drus ; faire les arrosemens le matin et dans la journée, et non le soir, crainte des gelées ;
œilletonner les pieds d'artichauts pour former de nouveaux plants ; étêter les premiers pois et fèves
pour les avancer ; semer et planter toutes sortes de légumes ; les premiers haricots en pleine terre,
concombres, cornichons dans des potelets de terrain sur côtière, et des potirons de plusieurs espèces, céleri
et cardons. Enfin comme la végétation est très-aive dans ce mois, le jardinier devra semer assez souvent et
par intervalles calculés, afin de ne pas en manquer, des plantes qui passent vite, telles que raves, radis, épinards,
cerfeuil, etc. ; on ne fait plus de couches pour raves, salades, pois, etc., mais pour haricots, melons, concombres,
choux-fleurs, aubergines, tomates, etc.
Produits : la pleine terre fournit les asperges, laitue de la passion, oseille, persil, cerfeuil,
fournitures diverses, oignons blancs, choux, jets de choux, pousses de navets, crambé, pois et fèves hâtifs.
VERGERS ET PÉPINIÈRES.
Travaux : achever la taille des arbres fruitiers vigoureux et des pêchers; lorsque les bourgeons
ont acquis 8 à 10 lignes, supprimer tous ceux inutiles, nuisibles ou mal placés ; si des gelées tardives menacent,
couvrir les espaliers en fleurs de toiles ou paillassons, surtout lorsque le soleil va les frapper ; dans
les pépinières, achever les labours, couchages, boutures, semis; mettre les tuteurs ; répandre partout ara
bon paillis pour s'opposer à la sécheresse et aux mauvaises herbes ; greffer en fente à mesure que les bourgeons
se montrent ; écheniller.
Produits : comme le mois précédent, mais plus rares encore.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : tous les travaux doivent être terminés, les allées ratissées, les arbres et arbrisseaux
nettoyés, les gazons fauchés, enfin toutes les plantes vivaces être en place et en pleine végétation ; il
ne voit plus figurer en châssis et sur couches que des plantes équatoriales ou malades qu'il faudra observer de
ne mouiller qu'avec ménagement, et qui, sans cette chaleur, ne leveraient pas ; sortir d'orangerie une partie
des plantes les moins délicates : donner de l'air à celles qui restent en place dans la serre ; cesser
le feu ; bouturer sous cloche et greffer.
Produits : une multitude de fleurs d'arbres et de plantes, notamment : tulipes, narcisses, anémones,
lilas, cerisiers, faux-ébéniers, etc.
Mai
POTAGERS
Travaux : ce mois exige toute l'aivité et la prévoyance du jardinier, et les travaux multipliés
qu'il exécute doivent être combinés de manière à ne laisser aucun terrain inculte. Semer et planter tous les légumes
usités dans le pays qu'on habite ; faire surtout la grande plantation de haricots pour manger en sec, ce
qui n'empêche pas d'en semer tous les 20 à 25 jours pour manger en vert, ainsi que les pois et fèves ; semer
aussi, peu et souvent, des laitues, romaines, épinards, etc.
— Couches : faire des meules de champignons en plein air ; couches tièdes pour melons d'arrière-saison ;
replanter sur vieilles couches céleri et choux-fleurs pour les faire avancer plus vite, et alterner ainsi avec
ceux que donne la pleine terre.
Produits (pleine terre) : les légumes deviennent abondans ; on a des asperges en profusion,
pois, fèves, laitues, chicorées, raves, radis, céleri, cardes de poirée, choux d'York, choux-fleurs, artichauts,
etc.
— Sur couches : Chicorée frisée, choux-fleurs, haricots, concombres, etc.
VERGERS ET PÉPINIÈRES.
Travaux : tout se borne à des travaux de pure surveillance : visiter les espaliers pour aviser
aux moyens de favoriser la fruification ; supprimer les pousses nuisibles ; détruire les limaçons ;
rattacher les arbres qui seraient détachés ; donner le premier binage ; commencer les greffes en flûtes
et en écusson.
Produits : Le cerisier précoce commence à donner, ainsi que les fraises quatre saisons et de Virginie :
encore quelques poires et pommes du fruitier.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : tout se passe à peu près en travaux accessoires : extraion des mauvaises herbes
dans le gazon ; fauchaison de ceux-ci ; binage des plates-bandes dans les allées et massifs; mettre
les dahlias en place.
— Couches : on ne doit plus y rencontrer que des plantes malades soit en pot, soit plantées à nu.
— Serres, bâches, orangerie : on met les orangers dehors ainsi que toutes les plantes qui peuvent passer
les quatre mois suivans en plein air : il faut avoir soin de ne pas s'écarter des habitudes des plantes ainsi
transportées : cette distinion conduit à placer les bruyères et une partie des plantes de la Nouvelle-Hollande
au Levant et sous la proteion de grands arbres qui brisent les rayons solaires ; les plantes grasses pourront
être exposées au midi sans inconvénient ; les plantes délicates demandent en général une lumière diffuse.
Produits : roses du Bengale, noisette de mai ; les autres fleurs se succèdent avec profusion
en attendant l'épanouissement de la plupart des roses, ornement des jardins le mois suivant.
Juin
POTAGERS
Travaux : les travaux de semis et les plantations ne sont que la continuation de ceux du mois précédent : il suffit de faire en sorte qu'on ne manque d'aucun des légumes de la saison, et que ceux qui doivent
donner successivement soient toujours dans un état de végétation satisfaisant.
Produits : tous les légumes sont abondans dans ce mois ; les asperges deviennent plus rares,
mais les pois les remplacent trop avantageusement pour en éprouver la privation ; on doit avoir des concombres
et tomates élevés sur couches.
VERGERS ET PÉPINIÈRES.
Travaux : visiter les espaliers et maintenir l'équilibre de la végétation par le pincement et la
suppression des rejetons inutiles et gourmands ; entretenir la propreté par des sarclages et des binages
continuer la greffe, notamment celle des rosiers à œil poussant ; découvrir les fruits, et palisser les branches
d'abricot précoce.
Produits : toutes les espèces de fraises sont en plein rapport, ainsi que les framboisiers, plusieurs
cerisiers et groseilliers. Vers la fin du mois, on voit mûrir les poires de petit muscat et la prune myrobolan
; on peut-encore avoir au fruitier la poire de bon-chrétien. et les pommes reinettes franche et grise, et
de final.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : ils sont les mêmes que le mois précédent; il faut avoir soin de mettre des tuteurs à toutes
les plantes qui. en ont besoin, et de légers cerceaux aux grosses touffes.
Produits : les roses de toute espèce exhalent leur parfum ; les dahlias commencent à s'épanouir
; les autres fleurs sont aussi variées qu'abondantes.
Juillet
POTAGERS.
Travaux : continuer les semis et plantation de tous les légumes, tels que haricots, pois, fèves,
concombres, concombres, aubergines, choux-fleurs d'automne, brocolis, choux-navets, carottes, navets, etc. On
sème pour l'année suivante choux pommés, choux d'York; enfin, le jardinier aura soin de récolter les graines à
mesure qu'elles mûriront. Le moment des grands arrosages est arrivé si la saison n'est pas pluvieuse.
Produits : tous les légumes, excepté les asperges ; la tétragone peut avantageusement remplacer
les épinards.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : surveiller les espaliers et pincer les branches qui s'emportent ; tirer en avant celles
qui sont trop faibles ; découvrir modérément les fruits qui approchent de leur maturité en coupant quelques
feuilles, arroser le pied des arbres dans les grandes chaleurs et asperger les fruits : cette pratique les
attendrit et leur donne de la couleur. Les travaux de la pépinière consistant en ratissages, ébourgeonnemens pour
fermer les quenouilles, et greffes en écusson à œil poussant.
Produits : melons de seconde saison ; figues; abricots ; cerises et bigarreaux ;
framboises ; groseilles ; cassis ; pêches hâtives ; prunes de Tours, royale, hâtive, de monsieur,
diaprée rouge; poires muscat Robert, rousselet, cuisse-madame, Madeleine, épargne ; pomme calville d'été.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : ratissages, arrosemens, tontes, élagages ; rétablir les tuteurs, commencer à marcotter
les œillets ; soigner les pépinières de fleurs d'automne pour orner les plates-bandes ; lever les ognons
et griffes, à mesure du dessèchement des tiges, pour les replanter en automne ou même de suite, après avoir séparé
les cayeux ; remanier les couches de fond en comble pour leur donner une chaleur forte et durable.
Produits : les dahlias, les roses tremières, ainsi qu'une infinité de plantes vivaces et arbrisseaux,
embellissent les parterres et les massifs.
Août
POTAGERS.
Travaux : aucun coin de terre ne doit être vide : outre les semis et plantations de ce qui doit
être consommé dans l'année, on s'occupera des produits de l'année suivante qui peuvent passer l'hiver ; on
sèmera donc : ognon blanc, poireau, salsifis, laitue de passion, choux-fleurs durs, choux d'York, épinards,
cerfeuil, navets, mâches, carottes. Lier la chicorée et l'escarole, empailler les cardons et cardes de poirée ;
faire de nouveaux plans de fraisiers ; replanter les bordures d'oseille, lavande, bruyère, thym, estragon ;
commencer à faire des meules de champignons en plein air.
Produits : on doit avoir en abondance de tout ce que peut produire la terre ; les artichauts
du printemps, s'ils ont été arrosés et bien cultivés, seront en plein rapport.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : commencer à palisser les arbres fruitiers, découvrir avec prudence les fruits qui approchent
de la maturité, pour augmenter leur saveur et leur couleur : Ébourgeonner les arbres en pépinière, greffer
en écusson à œil dormant toutes sortes d'arbres fruitiers, arbres et arbustes d'ornement.
Produits : Aucun mois n'est aussi riche en fruits : citons la fraise quatre-saison ; plusieurs
cerises et bigarreaux, l'abricot pêche, les figues, les amandes et noix vertes ; les pêches, prunes ;
beaucoup de poires d'été ; les bélissieux, l'épargne, l'orange ; les pommes d'Astracan, passe-pomme,
rambours ; les melons de toute sorte en abondance.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : Lever en motte et mettre en place toutes les fleurs annuelles d'autonome qui auraient été
négligées : telles que balsamines, reines-marguerites, œillets d'Inde, etc. On s'occupe d'arrosement, ratissage,
binage, coupe de gazons, tonte de bordures. Sevrer les marcottes d'œillets et les planter en pot ou en pleine
terre, semer les quarantaines pour repiquer, les adonis, pieds d'alouette, thlaspi, pavots, coquelicots et bleuets
en place. Dans les serres et les orangeries on s'occupa de rempoter les plantes qui en ont besoin.
Produits : Une multitude de fleurs ornent ls jardins : Plusieurs rosiers, les dahlias, asters,
clématites, phlox, mufles de veau, soleil vivace, etc. Parmi les arbustes, le troëne du Japon, les bignones de
Virginie et de la Chine, le julibrizin ; beaucoup de végétaux de serre.
Septembre
POTAGERS.
Travaux : Continuer à semer tout ce qui peut être consommé ou recueillir avant les gelées: Raves,
radis, salades, fournitures, et même haricots, pois et fèves, si on peut les couvrir de châssis la veille des
premières gelées. — Semer pour l'automne et l'hiver des navets, mâches, cerfeuil, épinards pour l'année suivante :
choux d'York, pain de sucre, cabus, choux-fleurs, etc., pour repiquer sur les premières couches que l'on fera
en décembre. Continuer les meules de champignons; amonceler le fumier pour l'époque où si faudra faire des couches.
Butter le céleri, empailler les cardons.
Produits : Les légumes ne sont pas moins abondans que le mois précédent et plus faciles à obtenir,
la chaleur étant plus modérée.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : Continuer les greffes des sujets dont la sève était trop forte 1e mois précédent; donner
le dernier sarclage dans les pépinières, mettre les plus belles grappes de raisins, et particulièrement les chasselas,
en sacs pour les préserver des insees et des oiseaux.
Produits : Excellens fruits de toute espèces : Fraises des quatre saisons ; cerises du nord; melons
sur couches sourdes ; deuxièmes figues, si l'on a pincé les bouts des rameaux ; les meilleures pêches ; le
chasselas et le muscat ; les prunes reine-claude, damas, diaprée, Sainte-Catherine, couetsche : les poires beurré
gris, d'Angleterre, doyenné, bon chrétien d'été, gros rousselet, etc. ; les pommes reinettes jaunes, hâtive et
belle d'août.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : Même disposition que dans le mois précédent. Surveiller la maturité des graines, afin de
récolter chacune au moment convenable ; commencer le mouvement des terres, afin qu'elles aient le temps de s'affaisser,
avant qu'on les plante de nouveau. On plante les jacinthes, jonquilles et tulipes : on sème des quarantaines pour
repiquer en caisse. Vers le 15 on rentre les plantes de serre-chaude et on se hâte d'achever le rempotage de celles
de terre tempérée et d'orangerie. A la fin du mois on replace les panneaux des serres, bâches et châssis.
Produits : Les plus jolies fleurs sont l'hamarylis belladone et le colchique d'automne. On a en
abondance les asters, soleils, grandes sarrêtes, verges d'or, coreopis, silphium ; les dahlias, balsamines,
reines-marguerites, œillets et roses d'Inde brillent surtout dans les parterres. On a aussi des pavots et coquelicots
si on a en semé au printemps, et des bordures de thlaspi, giroflée de Mahon, si l'on en a semé en juin et juillet.
Octobre
POTAGERS.
Travaux : On sème encore mâches, épinards et cerfeuil pour donner en mars ; laitues pour replanter
sous couches en novembre et décembre ; pois michaux en bonne exposition ; on repique choux d'York, choux
pommés semés en août, ognons blancs, laitues, choux-fleurs ; on coupe tiges d'asperges, on fume et laboure
la terre, on coupe montans d'artichauts dont on nettoie tes pieds, et que l'on prépare au buttage par un labour.
On continue de faire blanchir céleri, cardons, escarole et chicorée ; on amoncèle le fumier neuf; on détruit
les vieilles couches pour enterrer comme engrais ou s'en servir comme paillis ; on sème sur vieille couche
choux-fleurs, romaine verte, laitues, pour être repiquées sur ados de terreau et recouvertes de couches où elles
se fortifieront pour être replantées sur couches neuves en décembre et janvier.
Produits : tous les légumes du mois précédent, excepté fèves et pois, quelques melons ; le
commencement des choux de Bruxelles.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : faire la cueillette des fruits par un temps sec, un à un, sans les froisser pour ceux qu'on
désira conserver ; avant de les transporter dans le fruitier, les étaler pendant 5 ou 6 jours dans une pièce
sèche ; marquer dans la pépinière les arbres à lever lors des plantations.
Produits : encore quelques melons cantaloups, et les melons d'hiver qui se conservent au fruitier
jusqu'en janvier ; toujours les fraises quatre-saisons ; les pêches tardives ; les secondes figues ;
les prunes bifère et suisse ; une multitude de poires ; les meilleurs raisins ; les pommes reinette
de Canada gros pigeon, fenouillet jaune.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : on donne la dernière façon aux allées ; on ramasse les feuilles qui tombent ;
on coupe les tiges des plantes vivaces qui ont cessé de fleurir ; on nettoie, on fume et on laboure les plates-bandes
dégarnies pour y planter des œillets de poète, mufle de veau, scabieuse, campanule, valériane, etc., pour fleurir
au printemps ; on met en pot la giroflée royale pour la rentrer aux gelées ; favoriser la végétation
des plantes équatoriales dans les serres en refaisant à neuf les couches de tannée et mettant en dessous un lit
de feuilles ou de fumier neuf ; rentrer les orangers, lauriers-roses, grenadiers, etc., en plaçant à la lumière,
sur le devant, les plantes herbacées et toujours vertes ; donner aux pots et aux caisses un labour ;
en prolongeant la végétation des camélias, ils peuvent encore se greffer en fente et sa bouturer sous cloche avec
succès.
Produits : une foule de fleurs embellissent encore les parterres, notamment les roses Bengale, noisette,
muscades, la sauge éclatante, les nombreux dahlias, etc., plusieurs asters et phlox, etc.
Novembre
POTAGERS.
Travaux : ceux de pleine terre sont peu considérables, et consistent à donner suite à ceux non achevés
en oobre ; si les gelées menacent, il faut se hâter d'arracher les carottes, betteraves, navets, radis
noirs, chicorées et scaroles, cardons, céleris, et de les ranger dans la serre à légumes ; faire aussi une
provision des salsifis, scorsonères, choux-navets, poireaux, topinambours ; on enjauge peu après les choux
pommés et de Milan ; on met de la litière ou des feuilles sur des artichauts, céleris ; on fait des
couches tièdes ; on commence à forcer les asperges et on se livre à toutes les pratiques de la culture sur
couches et sous châssis.
Produits : on a encore une bonne partie des légumes du mois précédent, et en abondance toutes sortes
de racines, ognons, choux-fleurs, choux de Bruxelles, scaroles, chicorée, céleris, cardons, etc., rentrer en serre
ou abrités ; enfin les asperges forcées.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : commencer à tailler les arbres à fruits à pépins qui sont vieux ou faibles, afin que la
sève ne monte pas inutilement dans les bourgeons à supprimer ; arracher les arbres usés et changer la terre
de suite pour remplacer ; envelopper les branches de figuiers avec de la paille ou de la fougère dans les
contrées froides ; couvrir les arbres et arbrisseaux, semis et plantes sensibles au froid.
Produits : Les arbres sont entièrement dégarnis ; mais le fruitier doit fournir, outre le chasselas,
les poires de crassane, sylvange, Martin sec, bon chrétien, d'Espagne, etc. ; les pommes de calville, reinettes
de Canada, etc.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : continuer les travaux d'oobre, et ramasser les feuilles ; arracher toutes les plantes
annuelles, dont les fleurs sont passées ; replanter toutes les fleurs vivaces. Ce mois est favorable pour
la plantation de la majeure partie des arbres d'agrément, excepté les arbres résineux qu'il vaut mieux planter
au printemps, ainsi que les arbres et arbrisseaux dits de terre de bruyère, à cause de la délicatesse de leurs
racines qui auraient à souffrir pendant l'hiver.
Produits : on n'a plus guère en fleurs que les roses Bengale et les chrysanthèmes d'Inde (Anthemis),
qui supportent 4 à 5 degrés de congélation.
Décembre
POTAGERS.
Travaux : si le potager est en terre forte, labourer grossièrement quand la gelée ne s'y oppose pas,
afin de rendre la terre plus friable; porter au lieu où ils doivent être enterrés ; les engrais et fumiers ;
démolir les anciennes couches, et mettre de côté le fumier non consommé pour en faire des paillis ; s'occuper
comme en janvier des travaux intérieurs et de réparation. S'occuper des cultures précoces sur couches ou sous
châssis ; les garantir des froids de la nuit par de bons paillassons ou de la litière.
Produits : la pleine terre n'offre que les choux de Milan, de Bruxelles, à grosses côtes, les mâches,
raiponces, épinards, persil, cerfeuil ; mais la serre à légumes est toujours abondamment pourvue.
VERGERS ET PÉPINIERES.
Travaux : quand il ne gèle pas trop fort, tailler les poiriers et pommiers, excepté ceux qui pèchent
par trop de vigueur ; labourer le pied des arbres, et leur mettre de l'engrais ; les travaux de la pépinière
ne consistent que dans la levée des arbres et leur transplantation lorsqu'il ne gèle pas, et dans le défoncement
et la fumure des carrés qui sont libres.
Produits ; le fruitier doit encore offrir du chasselas ; les poires qui mûrissent sont encore
les crassanes, Saint-Germain, puis la royale et l'Angleterre d'hiver, le Colmar, la Louise-bonne, etc. ;
les pommes calville blanche, châtaignier, api, fenouillet, court-pendu, plusieurs reinettes, etc. ; rien
de plus facile que de forcer les fraises quatre saisons, en couvrant de châssis quelques pieds.
JARDINS D'AGRÉMENT.
Travaux : s'occuper des changemens de distribution, et des mouvemens de terrain, des plantations,
des défoncemens pour renouveler les gazons, et du rechargement des allées défoncées ou dégradés ; enfin des
élagages, abattis, etc ; entretenir les serres entre 10 et 20 degrés, renouveler l'air, arroser fréquemment,
mais peu copieusement, les plantes qui poussent, rarement celles qui paraissent dans l'inaion ; maintenir
la température des orangeries au-dessus de zéro.
Produits : si le temps est doux, on peut voir quelques violettes odorantes dans les lieux abrités,
ainsi que la rose de Noël ; sous châssis, on peut avoir la jacinthe blanche, les tulipes odorantes et duc
de Thel.
Économie domestique.
Maisons en béton.Moyen d'éloigner les fourmis des appartemens.
Moyen de rendre les chaussures imperméables.
Composition pour raccommoder le cristal, le verre, la porcelaine et la fayence.
Raccommoder la porcelaine fendue.
Moyen de reconnaître si le vernis des poteries n'est pas nuisible.
Avis culinaires.
Conservation des pommes.
Conservation des végétaux alimentaires.
Enlèvement du mauvais goût aux légumes.
Procédé pour la conservation des viandes.
Manière de conserver le lard.
Conservation des œufs.
Bierre économique.
Moyens d'utiliser les soirées d'hiver et les jours de chômage par divers ouvrages.
— Un architee d'Alby, M. Lebrun, a conçu l'idée de bâtir entièrement en béton toutes les parties d'un édifice à plusieurs étages. Il a fait usage des ingrédiens suivans : une partie de chaux, une de sable pur et fin, et deux de gravier ou cailloux de quelques centimètres. Ces matériaux bien mélangés ont été massives dans un caisson, à peu près de la même manière qu'on construit les maisons en pisé ; 6 heures en été et 12 au printemps ont suffi pour donner de la consistance au béton : on a moulé de cette manière toutes les parties de l'édifice, telles que murs, corniches, balcons, et même des voûtes qui ont 5 mètres de corde. Cette maçonnerie encore plus économique que celle en brique, puisqu'elle ne revient qu'à 8 f. 20 c. le mètre cube dans le département du Tarn, résiste parfaitement, même sans peinture, à toutes les intempéries des saisons, et les voûtes elles-mêmes sont très-solides.
Moyen d'éloigner les fourmis des appartemens.
— La petite fourmi s'introduit dans les armoires à réserve de ménage, où elle produit souvent, dans les provisions, un très-grand dommage; le moyen sûr de l'éloigner, c'est de couvrir les rayons sur lesquels on veut l'empêcher d'arriver, de feuilles de tabac ; l'odeur de cette plante éloigne ces insees; ils ne peuvent en supporter l'influence qui leur est toujours funeste. La plupart des plantes à odeur forte jouissent de la même propriété.
Moyen de rendre les chaussures imperméables.
— On fait bouillir une pinte d'huile de lin, une demi-livre de suif de mouton, six onces de cire blanche, et quatre onces de résine. Cette composition s'applique chaude (de manière cependant à ne pas brûler la cuir) sur les bottes ou souliers neufs on l'étend partout avec une brosse, et elle n'ôte rien à la souplesse du cuir en séchant. Les pécheurs restent très-long-temps dans l'eau avec des chaussures ainsi préparées, sans qu'elles prennent l'humidité.
Composition pour raccommoder le cristal, le verre, la porcelaine et la fayence.
— Prenez une demi-livre de caillé de lait écrémé, lavez-le jusqu'à ce que l'eau qui sert au lavage reste limpide;
exprimes toute l'eau; puis mélangez ce caillé avec six blancs d'oeufs ; exprimez d'un autre côté le jus d'une
quinzaine de gousses d'ail, et ajoutez-le aux deux premières substances; triturez le tout fortement dans un mortier,
puis ajoutez chaux vive en poudre tamisée graduellement, assez pour faire une pâte sèche, que vous agitez jusqu'au
moment où elle forme un mélange exa.
Lorsqu'on veut se servir de ce mastic, on en prend une partie qu'on broyé sur une glace avec la mollette et un
peu d'eau ; lorsqu'il est bien broyé, on le pose sur les fragment qu'on veut réunir, ou dans les fentes que
l'on veut boucher; on ajuste avec soin et on fixe avec force les objets à réunir, et on laisse sécher à l'ombre.
Ce mastic résiste au feu et à l'eau bouillante, si on a la précaution de le bien laisser sécher.
Raccommoder la porcelaine fendue.
— Lorsque l'on a des porcelaines fendues assez pour qu'elles laissent échapper le liquide qu'on y met, il suffit de frotter fortement la fente avec une amande amère sèche. Ce raccommodage est parfait, et le vase ainsi réparé contiendra tous les liquides aussi bien que s'il n'était pas gercé ou fendu.
Moyen de reconnaître si le vernis des poteries n'est pas nuisible.
— L'emploi des vases de terre vernissés est souvent nuisible par l'effet des substances métalliques qui entrent dans la composition du vernis ; les vases blancs sont donc préférables aux autres. Avant d'en faire usage, on doit faire bouillir dedans un peu de vinaigre qui ne doit point altérer le vernis ou l'émail lorsque celui-ci est bon, ni former aucun précipité, quand on en verse une cuillerée dans un verre d'eau de savon.
—Le poisson ne doit jamais être cuit dans du fer, ou dans des vases de fonte ou de fer-blanc, ni coupé avec un
instrument d'acier.
Une viande marinée doit être placée dans de la faïence ou du grès, jamais dans de la terre vernissée.
Tout aliment vinaigré ou mariné dans le vinaigre doit être accommodé dans de la faïence, ou l'argent, et non pas
dans un vase de cuivre rouge, étamé ou en fer-blanc, ce qui arrive le plus ordinairement.
Les oiseaux doivent, pour être conservés, avoir les yeux, la peau du bec et de la gorge arrachés. On doit avoir
grand soin de reboucher avec du papier gris toutes les ouvertures naturelles ou celles qui auraient été faites
pour vider l'animal. On doit employer les mêmes précautions pour toute espèce de gibier.
Les poissons de prix que l'on veut conserver doivent être placés dans une poissonnière, sur un lit de persil,
et arrosés de vin fort ; on ajoute un quart de vinaigre si le vin n'est pas capiteux. Ce procédé est préférable
à la salaison, qui n'a lieu que très-inégalement.
— Une bonne manière de conserver les pommes, pratiquée par quelques fermiers d'Amérique, consiste à les mettre
dans des tonneaux avec du sable. A cet effet on emploie du sable qu'on a eu soin de faire sécher pendant l'été
; on en répand au fond du tonneau une couche sur laquelle on place un lit de pommes qu'on recouvre d'une
couche de sable, et ainsi successivement jusqu'à ce que le tonneau soit rempli.
Cette méthode a l'avantage de préserver les pommes du conta immédiat de l'air, qui est la cause la plus aive
de leur destruion ; elle les prive aussi d'une humidité surabondante qui ne leur est pas moins nuisible.
Le sable répandu également entre les pommes absorbe une partie de leur humidité, de sorte qu'elles ne conservant
que ce qui est nécessaire pour les maintenir en bon état. On a aussi l'avantage de leur conserver l'arôme ou le
bouquet qui leur est propre, et qui se perd lorsque les fruits restent exposés à l'air. En disposant ainsi les
pommes dans des tonneaux, dans des caisses ou même dans le coin d'une chambre, elles seront bien moins exposées
à la gelée, à la variation de température et à l'humidité du lieu où on les aura placées.
On pourra par ce moyen prolonger la durée de ce fruit jusqu'aux mois de mai et de juin.
Conservation des végétaux alimentaires.
— En général les légumes, pour être conservés, doivent être séparés de ceux qui ne sont pas de même espèce par
ce qu'ils se communiquent réciproquement leur saveur particulière. Ces végétaux ne doivent pas non plus être placés
dans l'eau ni même lavés ou rafraîchis par des aspersions d'eau, jusqu'au moment où ils doivent être consommés,
parce que leur saveur en serait altérée. Avant de les cuire, s'ils sont devenus flasques et coriaces, on leur
rend leur délicatesse en coupant le bout inférieur de la tige et en exposant à fleur-d'eau la seion fraîchement
coupée, ou en plongeant la plante entière dans l'eau si l'amputation n'est pas possible.
Les racines charnues et juteuses doivent être gardées dans un lieu frais, obscur et humide. On les met en tas peu
volumineux pour empêcher d'un côté qu'elles ne se rident, et de l'autre qu'elles ne s'échauffent.
Dans bien des cas, la principale affaire est de prévenir l'évaporation. Les pommes de terre, les navets, les carottes
et autres racines ne doivent pas être nettoyés de la terre qui y adhère, parce qu'on blesserait les petites fibres
qui la retiennent et qu'on hâterait l'évaporation. Par la même raison l'herbe doit être coupée très-près de la
racine; mais il faut prendre garde d'atteindre celle-ci.
Il faut prendre toutes les précautions pour empêcher la gelée qui détruit la vie des végétaux, ou pour ralentir
leur complète maturation. Les groseilles, les cerises, les prunes de Damas, etc., cueillies bien sèches et en
bon état, peuvent être mises en bouteilles, hermétiquement fermées et couchées dans le sable. Les grappes de raisins
fins peuvent être conservées dans des sacs ou cornets, en garnissant de cire la queue de la grappe pour empêcher
l'humidité de s'échapper, ou bien on les étend dans du son ou du sable bien sec.
Les airelles se conservent dans l'eau, et ce moyen réussi quelquefois pour les pommes.
Enlèvement du mauvais goût aux légumes.
— On prend 69 parties d'eau et une partie de chlorure de chaux, ou bien 1 litre d'eau et 2 gros de chlorure, on délaye le chlorure dans l'eau, on laisse déposer, on sépare le liquide éclairci, et on s'en sert pour laver les légumes ; si l'odeur désagréable persistait, on laisserait les légumes en conta avec l'eau de chlorure pendant deux heures. On termine ensuite par un lavage à l'eau ordinaire. Les légumes, ainsi lavés, peuvent être servis sur nos tables : il ont repris leur saveur naturelle, ils jouissent de toutes les qualités qu'on exige dans ces alimens.
Procédé pour la conservation des viandes.
— A un garde-manger en bois ou en toile, placé à l'ombre et exposé autant que possible au nord, on adapte une roue à vent de 3, 4 ou 5 pieds de bras, dont l'axe pénètre dans l'intérieur et repose sur un mentonnet, A cet essieu sont adaptés plusieurs volans qui, mis en mouvement par la moindre agitation de la roue extérieure, renouvellent et établissent un courant d'air extrêmement vif, qui suffît pour empêcher la putréfaion. Les alimens sont placés sur des tablettes, ou mieux, suspendus dans le voisinage des volans. Par ce moyen fort simple, on peut conserver bien au-delà du terme ordinaire des viandes, du gibier, et même du poisson ; ou peut en faire usage dans les laiteries considérables et autres lieux où l'air a besoin d'être souvent renouvelé.
— La manière suivante de conserver le lard est d'autant plus utile qu'elle est simple et peu coûteuse. Après que le lard a été dix-sept jours dans le sel, on prend une caisse qui en puisse contenir trois ou quatre pièces, puis on met du foin au fond, et on entoure chaque pièce avec un lit de foin; on ferme la boîte, lorsqu'elle est bien remplie et foulée avec du foin dans toutes les parties, on la dépose dans un lieu sec, en évitant de l'exposer aux attaques des animaux nuisibles. Le lard que l'on conserve de cette manière ne rancit jamais et conserve un excellent goût.
—Pour transporter les œufs frais d'une contrée à une autre, il faut les plonger dans une dissolution de gomme arabique et les couvrir de charbon pulvérisé. La gomme arabique, comme vernis, fait un meilleur effet qu'aucune autre gomme résine ; car on peut aisément la faire disparaître en la lavant dans l'eau tiède ou fraîche, et en outre elle est à bon marché. Les œufs traités de cette manière se conservent pendant plusieurs années ; car un lit de charbon maintient autour des œufs une température égale ; il les empêche d'éprouver des alternatives de chaleur et de froid. Cette méthode est infiniment préférable à celle de graisser les œufs; car, lorsque la graisse devient rance, elle hâte la putréfaion de la matière animale de l'œuf.
— Prenez 7 à 8 litres d'orge ou d'avoine, et placez-les dans un four après qu'on en a retiré le pain, ou bien mettez-les dans une poêle à frire, et chauffez-les en remuant sens cesse jusqu'à ce que l'humidité que contient le grain soit évaporée, mais pas assez pour le brûler.
Concassez les grains avec soin, et versez dessus 16 à 17 litres d'eau à 80° du thermomètre centigrade ; laissez reposer 3 heures et décantez ; faites chauffer 14 autres litres d'eau jusqu'à 90 cent. ; versez sur le grain, agitez, laissez reposer 2 heures et décantez ; enfin versez sur le grain 14 litres d'eau froide ; agitez de même; décantez après une heure et demie de macération, et réunissez tous les liquides; délayez ensuite 6 kilos de mélasse dans 30 litres d'eau tiède ; mêlez cette dissolution à la première, et jetez dedans 250 grammes de houblon de bonne qualité, en ayant soin de brasser la liqueur tant que le houblon viendra surnager.
Au bout d'une heure et demie ou 2 heures, lorsque la liqueur n'est guère plus chaude que le lait qu'on vient de tirer, prenez 2 fois plein un verre à boire de levure; délayez-la avec une partie du liquide, puis versez la dissolution dans la liqueur ; brassez fortement ; laissez fermenter dans un lieu dont la température soit modérée pendant 18 heures, en recouvrant le tout d'une couverture si le temps est froid et humide ; versez enfin dans un quartaut de façon qu'il soit entièrement rempli ; laissez-le ouvert pendant 3 jours ; mettez alors la bonde, et au bout de 15 jours vous aurez une bierre d'un goût exquis.
On doit avoir soin que l'eau qui sert à faire macérer le grain ne soit pas trop chaude, et dans aucun cas n'atteigne le degré de l'ébullition.
Moyens d'utiliser les soirées d'hiver et les jours de chômage par divers ouvrages.
Les améliorations qu'on peut introduire dans l'agriculture doivent avoir principalement pour but le meilleur emploi paisible du temps, du sol et de ses produits. La plupart des instruions rurales, qui ont été publiées ont servi à indiquer quel serait le meilleur emploi du sol, très-peu ont traité de celui du temps et de celui des produits, en sorte que ces deux moyens de prospérité ne sont encore bien pratiqués chez nous que dans quelques localités. On trouve un beaucoup plus grand nombre d'exemples de ce genre à l'étranger, notamment en Angleterre, dans plusieurs parties de l'Allemagne, en Suisse et dans le royaume des Pays-Bas. Ce sont diverses espèces d'industrie manufaurière, établies dans les habitations rurales, qui peuvent mettre nos agriculteurs à même de tirer un parti avantageux d'un temps trop souvent perdu par eux aux époques où la saison ne permet pas des travaux assidus dans les champs.
Par là ils pourraient :
1° acquérir le bénéfice de la première main-d'œuvre sur beaucoup de produits ruraux qu'ils livrent bruts au commerce ;
2° tirer un parti avantageux d'un grand nombre d'objets qu'ils laissent détériorer, ou qui sont tout-à-fait perdus, faute de connaître les procédés qui mettraient à même de les rendre propres à la consommation.
La plupart des travaux manuels qu'on pourrait introduire dans nos campagnes ne sont pas d'une exécution plus difficile que ceux qui, déjà, y sont exercés : Ainsi, les bières de ménage et les liqueurs fermentées, tirées des fruits et des racines sont aussi faciles à fabriquer que les cidres, les vins et les poirés ; la préparation des fromages de longue conservation ; la dessiccation et la préparation des graines, des fruits, des viandes et autres parties des animaux ; le tissage des plantes filamenteuses, notamment du lin et du chanvre ; le lavage des laines ; l'emploi des bois pour faire une multitude d'instrumens et d'objets utiles, tels que sabots, manches d'outils, cadenas et serrures en bois, pelles à four et autres, cuillères, sébilles, et tout ce qui constitue l'art du boisselier ; la fabrication des chaises de paille ; le travail des écorces. des pailles, des osiers pour faire des paniers, des tresses, des paillassons, etc. ; la manutention du fil de fer en objets divers, en treillages ; celle des fils et ficelles en filets à pécher et autres, etc. ; celle des pièges pour les animaux nuisibles, de divers objets de pêche et de chasse ; celle de divers jouets d'enfant dont la valeur est peu considérable, mais forme cependant un emploi secondaire très-utile du temps des pâtres et des bergers d'Allemagne : l'usage de ces divers métiers, dont la main-d'œuvre est très-simple, et dont les produits s'écoulent sûrement, et en tout temps, offriraient donc sans difficulté de plus grands bénéfices que l'emploi du tricot et du rouet, commun aux habitans des campagnes.
L'observation éclairée n'a encore porté aucun secours de cette espèce aux cultivateurs ; en sorte que, d'une part, tout ce qu'ils pratiquent déjà en ce genre peut être considérablement perfeionné, soit par l'emploi de machines mieux appropriées à leurs travaux, soit par la publication de procédés plus économiques qui leur sont inconnus ; de l'autre part, on peut facilement décupler leurs moyens d'industrie manufaurière, en leur indiquant des travaux d'une facile exécution, pratiqués avec avantage dans divers lieux, et dont ils n'ont aucune idée.
En cherchant à rassembler des renseignements plus complets et suffisamment détaillés sur les procédés d'industrie
manufaurière déjà exercés dans les habitations rurales, la Société POUR L'ÉMANCIPATION INTELLEUELLE a pour
but principal de donner à ceux qui voudraient les adopter la certitude qu'ils sont déjà pratiqués avec bénéfice
et facilité ; en conséquence, à l'exemple de la Société d'encouragement, elle ouvre un Concours pour qu'il
lui soit adressé d'ici au mois de septembre 1835, des descriptions convenablement développées, pour que, suivant
leur importance, les procédés qu'elles auront pour objets puissent être pratiqués, soit par de simples manouvriers,
soit par des propriétaires ruraux ou par des fermiers ; elle exige encore que les dépenses et les bénéfices
du travail soient établis ; elle désire que les concurrens proposent les améliorations qu'il leur paraîtrait
possible d'introduire dans les procédés qu'ils auront à faire connaître, et aussi qu'ils indiquent les travaux
fruueux d'industrie manufaurière qui, n'ayant point encore été exercés dans les campagnes, seraient néanmoins
de nature à y être pratiqués.
Instruction sur les prix de vertu Monthyon.
Un
vénérable magistrat, M. de Monthyon, frappé de l'oubli où la société laisse ensevelies
les actions les plus vertueuses et les plus honorables quand ce sont des individus d'une humble condition ou d'un
rang inférieur qui donnent à leurs concitoyens des exemples admirables de dévouement, de philanthropie et de désintéressement,
a laissé, par son testament, à l'Académie française, un capital considérable, dont l'intérêt doit servir à décerner
chaque année des prix et des médailles aux individus qui se seront distingués par les actes les plus modestes
et en même temps les plus nobles et les plus généreux de vertus et de charité.
Ainsi, par la belle fondation de M. de Monthyon, la vertu et les actes de charité
ne sont plus récompensés seulement par la conscience du bien qu'on a opéré, mais c'est au nom de la Société en
général qu'une récompense publique, honorable et utile leur est décernée.
Pour répandre les bons exemples, faire apprécier les actions vertueuses et encourager à les imiter, nous nous empressons
de faire connaître les noms des personnes auxquelles l'Académie a décerné dans sa séance publique du 9 août 1832
des prix de vertu et des médailles.
Prix décernés
Actions vertueuses récompensées en 1832.
1° un prix de 5000 fr. à Eustache, dit Belin, nègre
né à Saint-Domingue, en 1773, demeurant à Paris, qui, lors de la révolte des noirs à Saint-Domingue, a deux fois
sauvé la vie à ses maîtres, a dérobé à la mort une multitude de colons, et n'a cessa pendant toute sa vie de porter
des secours, des bienfaits et des consolations de toute nature aux malheureux, aux indigens et à tous ceux qui
sont dans l'infortune et le besoin.
2° Un prix de 3000 fr. à Pierre-Thomas-Laurent Paillette, limonadier à La Villette,
arrrond. de Saint-Denis (Seine). Nageur habile, des qu'il est instruit des dangers d'un de ses semblables, il
se hâte de voler à son secours. Tantôt ce sont des enfans imprudens, tantôt des femmes au désespoir, des hommes
malheureux et sans ressource qu'il retire de l'eau où les allait engloutir, soit le hasard, soit leur volonté.
Ces traits, qui lui sont familiers, remontent jusqu'à son enfance. Dans l'espace de quelques années, Paillette
a sauvé plus de soixante personnes au péril de sa vie. Le jour, la nuit, l'été, l'hiver, il est prêt : Il
s'est fait, pour ainsi dire, l'esclave de sa vertu : il appartient à quiconque est en danger. On vient le
réveiller sans cesse pour les asphyxiés ou pour les blessés, dont sa maison est devenue l'hospice. Il recueille
sous son toit les malheureux qu'il a dérobés au trépas, les veille, les garde, les nourrit, leur distribue les
parcelles de sa mince fortune, rappelle à de bons sentiments ceux que l'excès de la détresse a entraînés au suicide
et ne les renvoie qu'après s'être assuré qu'il ne doit craindre aucune récidive.
3° Un prix de 5000 fr. à Julie Bagot, demeurant à Saint- Brieuc (Côtes-du-Nord),
qui, ne possédant que 700 fr. de revenu, a fondé un établissement pour les orphelines de la classe pauvre. Dans
cet asile, que sa tendre sollicitude a imaginé d'ouvrir à l'enfance malheureuse et isolée, on apprend aux élèves
à lire, à écrire, à tricoter, à coudre, à filer la laine, sans négliger leurs devoirs ni la religion. L'établissement,
composé dans l'origine de 4 orphelines seulement, compte aujourd'hui dans son sein 40 jeunes filles, appartenant
aux familles les plus indigentes. Quand leur éducation est finie, leur institutrice ne s'en tient pas là, elle
leur procure encore des conditions avantageuses chez des personnes de bien. Déjà plus de cent orphelines lui doivent
leur existence.
Médailles décernées
Une médaille de 2000 francs à Marie-Jeanne Dubois, veuve Vignon, demeurant à Paris, rue du Foin, n° 4, au Marais, qui, avec un courage incroyable, a sacrifié toutes ses ressources à secourir son amie, madame Dutois, et s'est intrépidement attelé à une petite charrette pour la transporter de Bordeaux à Paris, où elle a pu, au moyen de son travail, subvenir à l'existence de toutes deux.
Douze médailles de 500 fr. chacune :
1° À Philibert Gallion, demeurant à Feillens, canton de Bagé-le-Châtel (Ain), qui
a recueilli chez elle des orphelins à qui leurs parens n'avaient laissé d'autre héritage que leur misère. Elle
les a élevés et mis en état de se suffire à eux-mêmes par leur travail.
2° À Jeanne Savi, femme Julien, demeurant au hameau de la Vialle-Destours, commune
de Monitrol d'Allier, canton de Saugues (Haute-Loire), qui, au péril de ses jours, a sauvé des flammes M. Antoine
Comte, vieillard paralytique, l'a conduit chez elle, l'y a soigné pendant huit jours pour le remettre de l'effroi
qu'il avait éprouvé.
3° À Marie Robert, demeurant à Cénon-Labastide (Gironde), qui, pendant 42 années,
a environné de ses soins ses maîtres, tombés dans le malheur, et n'a jamais voulu recevoir de gages ni les quitter.
Aujourd'hui, elle n'a plus que son travail, et c'est par son travail qu'elle soutient et fait vivre sa maîtresse,
qui était p!us âgée que le mari, qu'elle a perdu.
4° Aux demoiselles Louise Scholastique Rebière et Barbe Calaine,
dite Laprairie, demeurant à Nancy (Meurthe), vivant ensemble, et n'ayant pour
subsister que leur travail ; elles ont cependant pris à leur charge, il y a treize ans, uns pauvre femme
âgée, accablée d'infirmités graves, et réduite à un état habituel de marasme. En 1821, elles ont recueilli de
même une jeune orpheline qu'elles ont fait aussi subsister de leur travail pendant dix années.
5° À Charlotte Pierre, demeurant à Guingamp (Côtes-du-Nord). Restée orpheline dans
un âge encore tendre, elle s'est placée comme domestique chez mademoiselle Boisseau, à laquelle elle n'a cessé
de consacrer sa vie entière pendant 50 années. Le travail auquel elle se livre encore aujourd'hui, malgré son
grand âge, ne produit que 2 fr. par semaine, et elle est encore charitable envers les pauvres.
6° À Christophe Sancez, dit Gros-Gros, demeurant
à Lisle-sur-le-Doubs, arrond. de Baume (Doubs). Il est maçon de son métier ; il a quatre enfans encore en
bas-âge; il est pauvre, n'ayant que son métier pour vivre ; son courage et son humanité font qu'il est toujours
disposé à se précipiter dans les eaux, au péril de sa vie, pour sauver ses semblables du danger; il est pour eux
comme une seconde Providence; on compte tellement sur son intrépidité qu'on court l'avertir et le chercher aussitôt
que l'occasion se présente de faire quelques actes semblables de charité et de force d'âme. On cite douze personnes
qui auraient péri infailliblement sans lui.
7° À Marie-Emilie Marjolin, veuve Masson, demeurant
à Paris, rue Saint-Honoré, n° 263. Cette pauvre cardeuse de matelas a pris à sa charge et a continué de faire
subsister depuis 1816, une veuve, âgée de 79 ans, et sa fille, âgée de plus de 30 ans, infirme et paralytique.
8° À Marie -Madeleine FOURNIER, demeurant à Paris, rue Beautreillis. n° 7. Pendant 56 ans, cette estimable domestique
a prodigué ses soins, ses forces, ses économies pour servir et secourir sa maîtresse et son fils unique que des
circonstances malheureuses et une santé débile ont plongés dans la détresse.
9° À Marie Marcillac, demeurant à Meyrueis, arrond. de Florac (Lozère). Pauvre,
elle s'est toujours occupée de faire le bien ; jeune encore, elle avait ouvert chez elle une petite école
gratuite ; elle montrait à lire et à écrire aux enfans indigens, et leur donnait souvent des alimens qu'elle
prenait sur son propre nécessaire. On cite d'elle une multitude de traits d'une bonté vraiment angélique.
10° À Marie-Julienne Driancourt, veuve Fortier,
demeurant à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). Cette veuve est revendeuse de légumes, et n'a jamais eu d'autre
ressource pour vivre que son travail. Cependant, en 1812, elle a pris à sa charge deux orphelins en bas âge, sans
asile et sans pain ; aile les a nourris, en a eu soin et les a élevés en bonne mère pendant l'espace de huit
années, jusqu'en 1820.
11° À Marie-Anne Allardin, femme Wiblet, demeurant
à Grange-au-Mont, commune de Mont-Dieu, arrond. de Sedan (Ardennes). Née d'une famille probe et honnête, elle
a, dans le pays, la réputation d'être comme la Providence des pauvres, des vieillards, des infirmes; aucun ne
se présente à sa demeure, sans être soulagé, secouru par elle; cette excellente femme donne à chacun les soins
que sa position exige ; rien ne la rebute : elle panse leurs plaies, lave leurs linges, couvre leur
nudité, et partage avec eux quelquefois le dernier morceau de pain qui lui reste à la maison.
12° À Pierre Launay-Pichardière, de la commune de Tirepied, arrond. d'Avranches
(Manche), qui, au péril de sa vie, est descendu quatre fois de suite dans un puits infect où trois ouvriers se
trouvaient asphixiés pour arracher ces malheureux à la mort.
Dans sa séance publique du 9 août 1833, l'Académie française décernera les prix et médailles provenant des libéralités de M. Monthyon, et destinés à récompenser les Actes de vertu et les Ouvrages les plus utile aux mœurs, qui auront paru dans les deux années précédente. C'est un devoir de la part des personnes qui auraient connaissance d'actes qui mériteraient ces récompenses, d'en informer l'autorité, d'inviter les Maires à faire les Rapports, à délivrer les Attestations et Certificats nécessaires, et à les transmettre ensuite duement légalisés au Secrétaire perpétuel de l'Académie française, par l'intermédiaire des Préfets.
Médailles d'encouragement pour exciter parmi les ouvriers des ateliers d'industrie l'esprit d'ordre, l'amour du travail et le zèle pour les devoirs de leur profession.
D'après un arrêté pris par la Société d'encouragement, le 22 septembre 1820, il a été décidé que cette
Société consacrerait tous les 4 ans une somme de 5,000 fr., partagée en cent parties de 50 fr. chacune, pour être
distribuée avec une médaille de bronze aux contre - maîtres des grands établissemens d'industrie dans toute la
France, que la Société jugera dignes de cette distinction.
La première distribution de ces médailles a eu lieu en 1831. Une seconde distribution aura lieu en 1833, et les
autres se succéderont ensuite de 4 en 4 ans. Chaque médaille, à laquelle est jointe une somme de 50 fr., porte
gravés le nom du contre-maître et celui de l'atelier où il est employé. Les contremaîtres qui croiraient avoir
droit à ces médailles devront se munir de certificats convenablement légalisés attestant leur moralité et les
services qu'ils ont rendus depuis 5 ans au moins à l'établissement auquel ils sont attachés en qualité d'ouvriers.
Les certificats devront être appuyés, non seulement par le chef de la maison, par la maire et les autorités locales,
mais encore par les ingénieurs civils ou militaires et les membres de la Société d'encouragement qui
résident sur les lieux on qui les fréquentent.
Les certificats devront réunir la plus grande authenticité, et seront envoyés à la société d’encouragement,
rue du Bac, n° 42, avant le 1er février de l’année de la distribution des médailles.
Le contre-maître ne peut être ni le parent ni l’allié, ni l’associé des propriétaires de l’établissement. Il devra
savoir lire et écrire ; il faudra qu’il se soit distingué par son assiduité à ses travaux, son intelligence
et les services qu’il a rendu à l’atelier. A mérite égal, la préférence sera accordée à celui qui saura dessiner
et qu’il aura fait faire des progrès à l’art qu’il exerce ; enfin, les certificats, en attestant que ces
conditions sont remplies, donneront sur le candidat tous les détails propres à faire apprécier ses qualités.
Statistiques de la France
La France s'étend entre les 42° 50' et 51° 20' de latitude septentrionale, et le 7° de longitude occidentale et
5° de longitude orientale du méridien de Paris. Sa longueur du nord au sud, de Dunkerque à Perpignan
est de 220 lieues ; sa largeur, de l 'est à l'ouest, ou de Strasbourg à Brest, est également de 205
lieues.
La superficie totale du royaume est de 542,000 kilomètres carrés, ou 26,693 lieues carrées au 25 degré,
ou 34,660 lieues carrées de 2,000 toises, ou, enfin, de 52,718, 527 hectares.
La population est de 32,561,463 habitans suivant les tableaux de la population du 14 mai 1832.
Population rurale et urbaine de la France
habitans | ||||
Population rurale . . . . . .
|
35,924 | communes |
de 1,500 âmes et au dessus
|
24,575,327 |
Population agglomérée
|
637 |
"
|
de 1,500 à 3,000
|
1,608,001 |
————— | ————— |
|||
Total : | 36,581 |
petites communes ayant
|
26,183,328 |
|
273 | communes |
de 3,000 à 5,000
|
1,016,788 |
|
316 |
"
|
de 5,000 à 20,000
|
2,627,506 |
|
29 |
"
|
de 20,000 à 50,000
|
876,995 |
|
3 |
"
|
de 50,000 à 90,000
(Nantes, Lille, Toulouse) |
211,350 |
|
5 |
"
|
de 90,000 et au-dessus
(Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen) |
1,645,496 |
|
Communes : . . . . . | 37,207 | Habitans : . . . . . | 32,561,463 |
Colonies françaises.
La France possède :
1° En Asie :
— Dans l'Indoustan, sur la côte de Coromandel, la ville de Pondichery et celle de Karikal ; dans le Bengale la ville de Chandernagor ; sur la côte de Malabar celle de Mahè ; dans l'Orissa, celle de Yanon ou Ganjam. La population de ces divers établissemens s'élève à environ 179,000 individus libres, et la totalité des terres cultivés à 25,000 hectares.
2° En Afrique :
— Le royaume d'Alger. Les Français n'occupent guère encore que la ville d'Alger et ses environs, celle d'Oran et
quelques points de la côte. Alger, indépendament d'une armée d'occupation de 18,000 hommes, a aujourd'hui une
population de 22,000 habitans parmi lesquels on compte environ 10,000 Maures, 2,000 nègres, 4 à 5,000 Juifs et
3 à 6,000 Européens.
— L'île Sainte-Marie de Madagascar, qui peut avoir 26 lieues de circonférence, mais où les établissemens et la
population sont peu considérables.
— Le Sénégal, colonie qui embrasse plus de 200 lieues de côtes et qui forme deux arrondisssemens principaux, celui
de Saint-Louis et celui de Gorée. Le chef-lieu du premier, qui l'est aussi de la colonie, est Saint-Louis, ville
située à l'embouchure du fleure Sénégal, et qui compte plus de 40,000 hahitans.
— L'île de Bourbon, dont la superficie est de 64,578 hectares, et la population de 80,464 individus.
3° En Amérique :
— Les îles Saint-Pierre et Miquelon près l'île de Terre-Neuve ; leur superficie est de 20,000 hect. et
leur population de 600 pêcheurs.
— La Martinique a pour superficie 75,385 hectares ; sa population est environ de 98,000 individus dont
10,000 blancs et autant de gens de couleur libres ; les autres, sont esclaves ; chef-lieu, Fort-Royal.
— La Guadeloupe, dont la superficie est de 45,000 hectares, a pour population 109,705 habitans ; chef-lieu
la Basse-terre.
— Les petites îles de Marie-Galante, de Désirade, les Saintes, de Saint-Martin.
— La Guyane offre un développement de 200 lieues de côtes, dont le chef-lieu est Cayenne, ville située dans l'île
de ce nom, qui compte environ 18,000 habitans.
BUDGET DE LA FRANCE
Des recettes et dépenses de la France pour l'année 1832,
fixé par la loi des finances du 21 avril 1832.
DEPENSES.
Intérêts de la dette publique en 5, 4 1/2, 4 et 3 p. 0/0 |
215,768,849
|
fr.
|
Fonds d'amortissement |
43,093,261
|
|
Intérêt des capitaux de cautionnement |
8,753,940
|
|
Dette flottante |
15,000,000
|
|
Dette viagère |
6,200,000
|
|
Pensions |
56,038,500
|
|
Liste civile |
13,000,000
|
|
Chambres des Pairs |
608,000
|
|
Chambre des députés |
560,000
|
|
Légion d'honneur |
3,060,417
|
|
Ministère de la justice |
18,374,700
|
|
———— des affaires étrangères |
6,959,700
|
|
———— de l'instruction publique et des cultes |
36,327,883
|
|
———— de l'intérieur |
3,889,600
|
|
———— du commerce et des travaux publics |
122.894,689
|
|
———— de la guerre |
309,030,400
|
|
———— de la marine |
65,172,900
|
|
———— des finances |
24,156,900
|
|
Frais de régie, de perception, et d'exploitation des impôts et revenus |
114,759,433
|
|
Remboursement et restitutions, non-valeurs, primes |
43,989,445
|
|
Total des dépenses de l'exercice 1832 |
1,106,618,870
|
fr.
|
RECETTES
|
||
Principal et centimes additionnels des contributions foncière, personnelle, mobilières, portes et fenêtre et patentes |
353,136,909
|
fr.
|
Enregistrement, timbres et domaines |
198,225,000
|
|
Contribution additionnelle sur le bois des communes |
1,077,000
|
|
Coupes de bois |
18,000,000
|
|
Douanes |
160,910.000
|
|
Contributions indirectes |
171,000,000
|
|
Postes |
24,290,000
|
|
Loterie |
8,000,000
|
|
Recettes diverses |
19,847,482
|
|
Produits divers rattachés, à partir de 1832 au budget des voies et moyens |
3,338,400
|
|
Moyens extraordinaires, ventes de bois, etc. |
70,498,267
|
|
Produits de retenues proportionnelles sur les traitemens |
3,000,000
|
|
Total des recettes présumées de 1832 |
1,116,323,058
|
fr.
|